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Pour le 148ème régiment d'infanterie
8 août 2020

La retraite du 1er bataillon

La nuit du 22 au 23 août, suite au départ des IIème et IIIème bataillons, le 1er bataillon, resté seul en bordure de la Meuse, doit défendre le secteur compris entre le pont d’Yvoir (détruit) et le pont de Rouillon-Annevoie (détruit).

Le secteur de MeuseLe château de Moulin

le château de Moulin

 

 

 

 

Depuis son P.C. installé au château de Moulin (hameau d’Anhée), le commandant Vannière dispose ses compagnies le long du fleuve.  La 4ème compagnie, capitaine Gantlet, depuis les abords du pont d’Yvoir jusque Hun (exclu), la 3ème compagnie, capitaine Villard, dans les tranchées au-dessus du village de Hun, la 1ère compagnie, capitaine Delahaye, entre Hun (exclu) et l’entrée du village de Rouillon, sur les versants du bois de Salzinnes, la 2ème compagnie, capitaine Dagalier, et une section de mitrailleuses (lieutenant de Lisle) aux abords Nord et Sud du pont de Rouillon dit aussi pont de Godinne.

1 la section du lieutenant de Capellis combat de Rivière - 2 Rouillon la 2ème cie, -  3 Bioul lieu de ralliement - 4 retraite de la section de Cappellis (avec le IIIème bn rencontré à Bioul) - 5 Les bois de Salzinnes, la 1ère cie, - 6 Le village de Hun les tranchées occupées par la 3ème cie - 7 et 8 le repli des sections de la 4ème cie - 9 et 10 les sections de la 4ème cie traversent Warnant - 11 repli des trois compagnies réunies par le commandant Vannière -  12 les 2ème et 4ème sections prises sous le feu ennemi - 13 Anhée la 4ème cie - 14 Falaën

Le pont de Lustin et l’écluse de Rivière, vu leur proximité avec les forts de Dave et de Saint-Héribert,  et susceptibles de profiter de leur protection, sont curieusement sortis du système défensif du I/148. Et pourtant…

Depuis la veille, les troupes saxonnes se répandent sur la rive droite de la Meuse, cherchant des endroits favorables pour le lancement de leurs pontons. Leur choix se porte sur la zone entre  le pont d’Yvoir et Hun.

Annevoie Rouillon Quelques éléments de la section mitrailleuses

du 1er bataillon en août 1914. 

 

 

 

 

 

 

 

Dès 5 heures, l’attaque est lancée. Bien abritée dans ses tranchées la 3ème compagnie riposte et s’oppose toute la matinée «  à la mise à l’eau d’embarcations ».

Hun, BarréLe soldat de 1ère classe Barré Jean-Baptiste assure la liason entre deux compagnies. Bien que pris sous le feu ennemi, il continue sa mission.

 

 

 

Hun, puechemaille 3 em cieDe même que le soldat Puechmaille Jean qui a permis le décrochage de 2 sections

 

 

 

En revanche, la 4ème compagnie, plus exposée en bordure du fleuve, subit l’essentiel de l’attaque et malgré l’importance des moyens mis en œuvre par  l’ennemi, empêche, du moins pendant la matinée, à toute tentative de franchissement du fleuve causant même d’importantes pertes à l’ennemi. Les 1ère et 2ème compagnies ne constatent aucune velléité ennemie, toutefois vers 12 heures, le capitaine Delahaye détache une section sous la conduite du lieutenant de Capellis à Rivière où une tentative de franchissement semble prendre forme.

L’affaire de Rivière voir    http://148emeri.canalblog.com/archives/2018/12/26/36969737.html

12 heures, le commandant Vannière reçoit l’ordre d’abandonner le front de Meuse et de se replier sur le village voisin de Bioul. Puis passant par Denée prendre la direction vers Ermeton-sur-Biert où l’attendrait le général Mangin. Immédiatement le chef de bataillon dépêche ses agents de liaison afin de répercuter l’ordre à tous ses commandants de compagnies. De son côté, il se rend au village de Bioul afin de regrouper ses unités au fur et à mesure de leur arrivée. « Touchées à peu près simultanément", les 1ère, 2ème et 3ème compagnies décrochent et prennent la direction du point de ralliement. La 4ème cie, que les agents de liaison n’ont pu atteindre dans les temps, est trop accrochée et  ne peut se dégager  à temps.

L'affaire d'Anhée-Yvoir:     http://148emeri.canalblog.com/archives/2018/12/28/36974127.html

Falaën le bivouacEn bas de la carte, la présence des 3 compagnies à Falaën

 14 heures, Les trois compagnies sont réunies et sans attendre la 4ème et la section de Capellis, le commandant se met en route à la recherche du général Mangin… qui n’est plus à Ermeton-sur-Biert ! Le général Mangin est introuvable. le commandant Vannière doit aviser! « Isolé et sans ordre », il navigue à vue et par Maredret et Sosoye, arrive au village de Falaën où il bivouaque brièvement. Une courte nuit car à 2 heures du matin, il lèvre le camp et reprend sa marche vers la France. Il passe par Flavion puis Morville où lui parvient l’information que le 148ème est à Agimont. Quelques kilomètres ! Vers 14 heures, le commandant Vannière rejoint le colonel Cadoux satisfait de compter sur  ce renfort important.

 

Et les retardataires ?

La section du lieutenant de Capellis à Rivière

 Ce n’est que vers 18 heures que le lieutenant de Capellis parvient à se dégager et retraiter vers Rouillon-Annevoie où il pense retrouver sa compagnie !  Apprenant son départ, il n’a d’autre choix que de tenter de la rattraper au plus vite. Mais elle a plus de 5 heures d’avance et ses hommes sont épuisés après ces heures de lutte. Arrivé tardivement à Bioul, le groupe y passe la nuit et le lendemain retrouve une partie du IIIème bataillon commandé par le commandant Bertrand,  (revenant de Namur). Le lieutenant de Capellis se joint à lui pour sortir du bourg puis il s’en détache au plus vite afin de chercher à rejoindre sa compagnie qu’il pense plus à l’Est que l’itinéraire suivi par le commandant Bertrand. Arrivée à Rosée, le 24 au soir, la petite troupe y prend quelque repos et elle part le 25 dès 3 heures du matin. Ce n’est qu’à Vierves que le lieutenant de Capellis et sa section rejoignent le régiment.

La 4ème compagnie à Anhée

Vers 14 heures, prévenu le premier de l’ordre de repli, le lieutenant Arnaud désengage sa section, la 1ère , et la 3ème de l’adjudant-chef Lavaux. Il fait passer l’ordre aux deux dernières (2è et 4ème) mais la communication est mauvaise L’ordre tarde à arriver aux deux dernières  sections qui continuent à tenir leurs positions.  De son côté le lieutenant Arnaud ne tarde pas à prendre la route vers Bioul et n’ayant pas trop de retard, parvient à joindre le bataillon à Morville.

Quant aux deux dernières sections…

Il ne reste donc plus que les 2ème et 4ème sections. Il est plus de 17 heures, plus de 4 heures après le retrait des autres compagnies, quand les deux dernières sections se replient. La 4ème section du lieutenant Lucas se retire la première mais avant de rompre, l’officier  prévient la 2 ème section du sous-lieutenant Forestier de son mouvement. En l’absence du sous-lieutenant Forestier, parti rechercher « ses flanqueurs et quelques égarés », l’adjudant Cols rassemble les hommes et prend immédiatement la direction vers le point de ralliement. Il est rejoint par son officier à la sortie de Warnant. L’ennemi qui a remarqué la manœuvre des défenseurs, pilonne d’un feu nourri (artillerie et mitrailleuses)  l’itinéraire emprunté par les fuyards.

warnant villageLe village de Warnant et la ferme de Henoumont

  « Pendant le repli, les 2ème et 4ème sections eurent à souffrir du tir des mitrailleuses ennemies qui s’étaient postées sur les versants et hauteurs de la rive gauche et des obus éclataient sans cesse ». La traversée du village de Warnant est laborieuses. Les civils témoignent : «Parmi les Français qui défendaient le pont d’Yvoir, trois furent tués et enterrés près de la villa des Toutous, trois furent retrouvés morts en enterrés près de la ferme de Henoumont, deux autres sérieusement blessés furent soignés par Mr et Mme Woos de la ferme de Henoumont. Une dizaine de blessés furent confiés aux religieuses de Warnant ». Les corps de H. Bernard et A. Mahy sont inhumés dans le cimetière du village.

toutou et henoumont

 

 

toutou et henoumont 2Les habitants du village témoignent

ambulance à Warnant

 

Photos ci-dessous

La "maison rouge" qui abritait l'ambulance tenue par les religieuses à Warnant et la villa des Toutous où furent inhumés provisoirement trois des défenseurs du pont. Les blessés français soignés par les religieuses

 

religieuses

 

125432522

 

Deux des soldats du 148ème tués à Warnant

bernardBernard Henri Inhumé à Warnant etMahy André mort suite à ses blessures à Warnant

mahy

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce n’est que vers 22 heures que les deux groupes gagnent Bioul. Il faut cependant vite quitter ce bourg car l’ennemi approche. Le lieutenant Forestier et l’adjudant Cols (2ème section),  pris dans l’énorme cohue, essayent plusieurs fois de sortir du village mais refoulés par deux fois par des tirs des avant-gardes allemandes, ce n’est qu’à la troisième tentative que les petite troupe parvient à s’extraire le 24 vers 3 heures du matin. Il retrouvera  le régiment entre Agimont et Vierves.

forestier 1

forestier 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le témoignage d'un civil

Quant au sous-lieutenant Lucas (4ème section), accompagné de ses hommes, bien qu’ englué dans la multitude à Bioul,  il parvient à se sortir de ce piège mais il ne parviendra pas à rattraper son retard  et ce n’est qu’à Oignies, un petit village belge au Nord Est de Rocroi qu il réintégrera en dernier  le régiment. Les 1er et IIème bataillons sont enfin réunis avant de passer la frontière à Gué d’Hossus.

 vues actuelles des lieux

 Rive ennemie                                                     rive défendue par le 1er bataillon

Anhée

 

 

 

 

 

 

à droite de la photo, la sortie Sud de Hun vers le pont d'Yvoir, secteur de la 4ème cie

rive défendue par le 1er bataillon                                                    Rive ennemie

Hun

 

 

 

 

 

 

à gauche de la photo, le secteur tenu par la 3ème cie à Hun vue en direction de Rouillon Annevoie

 Rive ennemie                                                     rive défendue par le 1er bataillon

rouillon, vue du pont

 

 

 

 

 

 

Rouillon- Annevoie, le secteur au premier plan de la 2ème cie,  plus en arrière, près des rochers , le secteur tenu par la 1ère cie

 Sources

JMO du 148ème ri

Notes du colonel Cadoux et extraits de son livre

Archives ecclésiastiques, les paroisses de Bioul, d'Anhée, Hun, Rouillon, Warnant (et les photos) et Rivière

J. Schmitz et N. Nieuland, Documents pour servir à l'histoire de l'invasion allemande dans les provinces de Namur et de Luxembourg

cinquième partie, 1923, les rapports sur les villages de Bioul, Warnant, Anhée et Yvoir

Cartes du général Bransart

Photos personnelles

 

 

 

 

 

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