Les nombreuses pertes de Quennevières

17 juin 2022

Bilan provisoire

Bilan provisoire JMO du 148ème au lendemain des combats.

Si le bilan provisoire fait état de 77 tues, 431 blessés et 177 disparus, soit 685 hommes hors de combat, on comptera au final 700 hommes hors de combat dont 200 tués, parmi lesquels on relève 15 officiers. Le nombre de tués a presque triplé !

En effet nombre de blessés décéderont des suites de leurs blessures dans les jours qui suivent et quant aux disparus, la plupart seront relevés sur le champ de bataille lors du « nettoyage » du champ de bataille, néanmoins certains, ensevelis ou bien pulvérisés par les nombreux obus, ne seront jamais retrouvés et devront faire l’objet d’un jugement d’un tribunal afin de fixer la date de leur décès.

« A un moment, je fais la pose sur un objet élastique. Je regarde de plus près et aperçois des poils. C’est un cadavre usé, noirci, méconnaissable, tant on a marché dessus. » raconte Joseph Degaugue

700 hommes hors de combat, reprendre toutes les victimes sortirait du cadre d’un simple blog aussi nous n’épinglerons que quelques cas qui témoigneront au nom de tous les autres. (Nous ferons évoluer cette page au fur et à mesure des documents retrouvés)..

Des tués sur le champ de bataille

« La mort du caporal Henri Leloir » voir source

« Les montres marquent trois heures, d’un bout à l’autre de la tranchée, c’est un frémissement, un bruit de paille froissée : puis des baïonnette tintent et luisent, des culasses cliquètent ;l’échelon de tête va bondir. Henri est trop petit, il s’adresse à un homme de son escouade placé près de lui: Tiens dit-il pousse-moi ». "Le premier, il est ainsi hors de la tranchée. le fusil à la main sur le glacis nu et mitraillé, il fait quelques enjambées en courant, il marche résolument et derrière lui toute l’infanterie, au pas de charge, fonce sur l’ennemi … A peine a-t-il fait cinq mètres en dehors du parapet, il succombe, une balle l’a frappé. Dans un instant fugitif, son voisin se rappelle l’avoir vu ramener ses mains sur la nuque et retomber en avant sans un mot. Une balle lui a traversé la tête ».

Des disparus, retrouvés par les Allemands

Pierre Yves Legrand 'au 127ème ri lors du service militaire

Fils de Joseph et de feue Marie Louise Féron, né le 30 septembre 1887 (Finistère) à Corey et y résidant, cultivateur de profession. Il incorpore le 137 ri le 8 octobre 1908 comme soldat de 2^ème classe. Envoyé dans la disponibilité avec le certificat de bonne conduite. Rappelé à l’activité le 3 août 1914. Après une courte instruction (remise à niveau) au 118^ème ri , il passe au 148^ème ri le 20 octobre 1914. il fait partie du premier renfort qui rejoint le régiment à Berry-au-Bac. Nommé soldat de 1^ère classe le 7 mars 1915. Le 6 juin il est à Quennevières, considéré dans un premier temps comme disparu, son corps a été relevé sur le champ de bataille et inhumé à la nécropole de Tracy-le-Mont.

Rapport rendu par les Allemands à la Croix Rouge

Un secours de 150 fr a été versé le 19 avril 1917 à son père. Il faudra un jugement émis par le tribunal de Châteaulin, le 9 février 1921, pour fixer définitivement la date de son décès.

Sur ce document fourni par les Allemands, Pierre Le Grand est renseigné inhumé sur le versant ouest au sud du chemin Pensieur Quennevières. Son corps sera transféré dans la nécropole de Tracy-le-Mont (voir album)

Il n’est pas le seul du 148^ème ri

Doaré Jean louis, Molgat Edouard et Roudot Yves l'accompagnent.

Pour Doaré Jean Louis, l’information sera transmise à la famille le 15 août de même Molgat Edouard.

Des blessés morts des suites de leurs blessures

La sépulture de Staphan Louis

Stephan Louis, né le 10 mai 1887 à Benodet (Finistere). Inscrit maritime le 12 mai 1915 au quartier de Quimper . Levé le 14 mai 1917 comme matelot de 3^ème classe, il est renvoyé dans ses foyers le 15 octobre 1908 comme soutien de famille. Rappelé en août 1914, il suit une période de remise à niveau (instruction pour les classes anciennes) et rejoint le 151^ème ri le 27 octobre 1914. Un régiment qui vient de perdre 1400 hommes hors de combat du 22 août au 8 septembre. Il y part en renfort. Il participe à la campagne en Belgique notamment à Nieuport et à Dixmude… de lieux hautement symboliques. Le régiment revenu en France est en Argonne. La Harazée, le bois de la Grurie. Encore du danger, le bois de la Grurie est appelé le bois de la tuerie par les Poilus. …Le 24 mars 1915, il est muté au 148^ème ri. Il se retrouve engagé au combat de Quennevières qui lui sera fatal. Blessé à la tête par un éclat d’obus, il est transféré dans un hôpital de Compiègne mais décède le lendemain de son admission. Un secours de 150 fr est versé le 27 juillet 1915 à ses ayant-droits. Ils seront encore quatre du 148^ème ri à décéder suite à leurs blessures dans un hôpital de Compiègne: Ballier Julien, Larnicol Mars et Michaud Armand

Dandrimont Alfred

Blessé à la cuisse droite, il serait mort suite à un empoisonnement du sang dans un lazaret allemand. Né le 24 juin 1894 La Neuville (Signy-le-Petit) et est instituteur de profession. Incorporé le 5 septembre 1914, il est nommé caporal le 26 octobre et aspirant le 24 décembre 1914. Il décède le 23 juillet1915 dans l'hôpital de Chauny (lazaret allemand) et inhumé audit lieu. Il est considéré mort en captivité.

Sa fiche Mort pour la France

Les disparus. Combien sont-ils à ne pas avoir été retrouvés ?

Quelques noms

Georges Lequy, né le 31 juillet 1893 à Vireux-Molhain, élève ingénieur, a incorporé le 148^ème le 278 novembre 1913 comme soldat de 2^ème classe. Caporal le 15 avril 1914 et sergent le 16 octobre 1914. Disparu le 16 juin. Un secours de 200 fr est versé à son père. Un jugement déclaratif de décès rendu par le tribunal de Rocroi fixera la date de son décès le 16 juin 1915. Il était sergent à la 6^ème compagnie. Sans nouvelle de sa part, la famille diligentera une enquête auprès la croix rouge internationale. Sans succès. La famille sera prévenue le 15 janvier 1916.

Sur la liste des pertes (disparu) et sur les archives du CICR

Georges Lequy était souvent aux avant-postes...et déjà lors de sa présence en Belgique, il avait disparu brièvement après le combat d’Onhaye, là où sa compagnie avait été durement secouée perdant presque tout son cadre officiers..

Dans cet extrait de liste, on remarque, outre Dandrimont A. et Lequy G. également Fauville Pierre....

Memorial Genweb.

Pierre Fauville, né le 6 juin 1891 à Mohon (08), est ajusteur de profession. Il incorpore le régiment le 8 octobre 1912 comme soldat de 2^ème classe. Il est nommé caporal le 15 avril 1913 et sergent le 1^er octobre suivant.. Avec l’autorisation du conseil d’administration du régiment, il convole le 14 mars 1914 avec Melle Berthe Chevalier dont il a déjà eu un enfant en 1911. Entré en guerre alors que son instruction n’est pas terminée, il fera la campagne en Belgique puis la retraite vers la Marne. Il est blessé une première fois le 7 septembre 1914 et évacué sur Fère Champenoise. Revenu dans sa compagnie, il reprend part aux combats. Celui de Quennevière lui sera fatal. Il est déclaré disparu au combat de et un jugement du tribunal de Chareleville fixera sa date de décès au 16 juin. Un secours de 200 fr est versé à sa veuve le 28 avril 1916.

Memorial Genweb

Alfred Suin, né le 13 décembre1894 à Monceau les Loups, cultivateur qui avait incorporé le 12^ème régiment de chasseurs à cheval le 1^er septembre 1914 comme chasseur de 2^ème classe. Il est ensuite affecté au 50^ème ri puis au 151^ème ri, (régiment dans lequel il est évacué le 23 janvier 1915 pour « pieds gelès. A son retour de convalescence, il passe au 148^ème le 26 mars 1915 comme soldat de 2^ème classe. Quennevière sera son premier combat avec le régiment. Il est considéré comme disparu et un jugement déclaratif du tribunal de Laon fixera sa date de décès au 16 juin 1915..

Deneubourg Désiré

Au 148^ème ri dans la même compagnie que son frère Oscar, qui lui, sera fait prisonnier à Givet le 31 août 1914 Désiré continue la campagne

Désiré, né le 4 juin 1889 à Maubeuge est tourneur sur fer. Il incorpore le 148^ème comme soldat de 2^ème classe le 4 octobre 1910. Rappelé à l’activité le 3 août 1914 il est nommé soldat de 1^ère classe le 7 mars 1915. est déclaré disparu lors du combat

Présent dans cetextrait de liste de disparus, On ne retrouvera pas le corps de Désiré. Il repose peut-être dans l’ossuaire de la nécropole de Tracy-le-Mont. Un jugement déclaratif fixera la date de son décès.