La bataille de Quennevières, le 16 juin 1915

11 janvier 2022

La relation du combat dans le JMO du régiment.

La mise en place des troupes

Journée 15

À 05 heures, la 8^ème brigade est rassemblée à la ferme Sainte Croix

A 17 heures, le 148^ème ri reçoit l’ordre de mettre 2 bataillons à la disposition de la 121^ème brigade, de les faire partir immédiatement avec deux jours de vivres de réserve et de les aiguiller sur les boyaux intermédiaires de l’Escafaut où des guides doivent venir les prendre sur ces directions. Le 3^ème bn restant à la ferme Sainte- Croix

A 21 h 30, le lieutenant colonel est pris en automobile et conduit à l’Etat-major de la 8^ème brigade où, verbalement, il reçoit l’ordre d’envoyer son 3^ème bataillon à la maison du garde sans sac et avec trois jours de vivres pour coopérer à une action dont l’ordre n’est pas encore établi. Il est ensuite conduit à l’Etat-major de la Division où à 22h 40, il reçoit les ordres qui doivent être complétés après indications données à l’Etat-major de la 121^ème brigade. Ces ordres sont remis à 2h10.

Le champ de bataille, à gauche, la ferme de Quennevières, en rouge la direction de l'assaut du 148ème ri, à l'horizon les lignes ennemies. Une progression en plein champ avec les mitrailleuses allemandes qui crépitent furieusement. La première photo est prise au pied du calvaire photo de dessous.

L'assaut

Journée du 16

A 12h 10, des officiers et des guides sont dirigés sur les points où se trouvent les bataillons qui doivent être conduits car personne ne connait le secteur à occuper. D’après les ordres le régiment partant du front YH2P1doit attaquer le front H2 H1 E E1, B1, Alpha 1 et Gama 1

Le bataillon Bertrand part du front YH2, le bataillon Massenet du front H2 W2 P1, le bataillon Marquis viendra occuper l’ancienne première ligne française. le régiment devait être placé avant 3 heures, l’attaque devant avoir lieu à 6h 10 mais l’officier dirigeant le bataillon Bertrand ayant été tué les guides conduisant les autres unités connaissant très imparfaitement le secteur et des détachements de tirailleurs et d’éléments divers ayant coupé les colonnes dans les boyaux, il en résulte que le bataillon Massenet ne peut être placé qu’à 6 h 15 et la valeur de deux compagnies du bataillon Bertrand vers 7 h. les deux autres compagnies de ce bataillon ont leurs capitaines tués et blessés et ne parviennent pas à rejoindre. De plus, afin de hâter le mouvement, un officier de l’Etat-major de la division aiguille le bataillon Marquis sur la direction qu’il doit suivre avant d’en avoir reçu l’ordre. Il arrive alors que le bataillon qui ne devait passer qu’après les deux autres arrive le premier et obstrue les boyaux. Pour remédier à cette situation, deux compagnies du 45^ème ri (Bataillon Rochère) sont mises à la disposition du bataillon Bertrand. Elles sont en place à 12h 30. Les fractions égarées du bataillon Bertrand ont été regroupées et placées au poste Vannière.

Carte JMO la 8ème brigade, les mouvements de la troupe seront placés sur cette carte prochainement. Un extrait de la carte.

A 14 h., le lieutenant-colonel reçoit l’avis qu’une préparation d’artillerie va être faite et que l’attaque aura lieu à 15 h.

Au cours de la matinée les chefs de bataillons avaient rendu compte qu’en avant de leur front se trouvaient des défenses accessoires laissées intactes après la préparation d’artillerie et que la tranchée NH était garnie de mitrailleuses. Le fait est signalé immédiatement à l’artillerie et le compte rendu envoyé au colonel commandant la 121^ème brigade. Au moment de l’attaque, les troupes sont disposées de la façon suivante

Le bataillon Bertrand à la valeur de deux compagnies sur le front XY H1W.

Le 45^ème ri a deux compagnies destinées à faire la deuxième vague, l’une dans le boyau OE et l’ancienne tranchée de la première ligne, l’autre dans le boyau VY. Cette compagnie ayant comme mission d’assurer plus spécialement la liaison avec la 73^ème brigade

Le bataillon Massennet à trois compagnies sur le front W1 P1 et tranchée Sud et sa 4^ème compagnie dans les boyaux aboutissant à W1 et W2

La compagnie mitrailleuses est répartie avec les compagnies de deuxième ligne

Le bataillon Marquis au Nord du "cul de sac" est échelonné dans l’ancienne tranchée française avec mission de surveiller étant placée en échelon en arrière et à droite, le flanc du bataillon Massenet.

A l’heure fixée, les 5 compagnies d’attaque franchissent le parapet, elles s’avancent d’une cinquantaine de mètres et sont arrêtées par le feu des mitrailleuses et de mousqueterie qui part de tout le front à attaquer .Les 5^ème et 6^ème cies en avant de W1 et W2 ont tous leurs officiers (sept) tués ou blessés. Néanmoins certaines sections atteignent le ré »seau de fils de fer, un certain nombre d’hommes se jettent dans la tranchée allemande vers Beta. le chef de bataillon est blessé, la 8^ème cie à droite (capitaine Treca) atteint son objectif et s’installe sur Alpha et Gama perdant également deux officiers dans le mouvement en avant.

Vue du champ de batailles des lignes allemandes. Escaffaut, lieu de départ du 148ème est à l'horizon à gauche . Une progression difficile en terrain dégagé. la ferme de Quennevières est à droite à proximité du massif boisé.

En W, la compagnie de droite du bataillon Bertrand s’empare de W2 H2 et en fin de journée occupe le triangle formé par WH2 et la tête de boyau venant de l’ancienne ligne allemande.

à 15h30, le bataillon Marquis reçoit l’ordre d’aller remplacer le bataillon Massenet dans la tranchée et d’envoyer une compagnie organiser la tranchées Alpha et Gama et d’appuyer le mouvement de la compagnie Treca sur Alpha.

Deux compagnies du 45^ème ri sont poussées du poste Vannière à l’emplacement que vient de quitter le bataillon Marquis où elles prennent place à 18 heures. Ces compagnies envoient une équipe de grenadiers vers Alpha pour coopérer à l’attaque d’Alpha et une autre équipe à W pour coopérer à l’attaque de H.

La compagnie du Génie envoie des escouades pour la remise en état de la tranchée.

A 20 heures 30 environ le lieutenant colonel est avisé que les bataillons du 148^ème ri seront repliés quand la position sera suffisamment consolidée. Les troupes de garnison resteront seules sur place. Les 1^er et 2^ème bataillons iront occuper leur bivouac de sainte croix, le 3^ème bataillon en réserve bivouaquera au boyau transversal. la 8^ème brigade restant à la disposition de la la 121^ème brigade

Les pertes (15 officiers, 669 sous-officiers et soldats) sont dues à une insuffisance de préparation d’artillerie car au moment de l’assaut toute la ligne ennemie a été garnie de défenseurs et de mitrailleuses sont entrées en action.

Le sergent-major Richy de la 2^ème compagnie a vu dans la tranchée allemande vers H que les Allemands étaient sur deux rangs, le 1^er rang armé de fusil et tirant l, le 2^ème rang armé de grenades les lançant par-dessus le 1^er rang.

Au moment de la relève, la ligne occupée par le 148^ème ri était Y H1 H2 W W1 W2 gama et gama’ avec barrage en avant de Gama.

L'état de la ferme de Quennevières donne une idée de la violence des combats d'artillerie, toutefois le 148ème ri ne sera jamais dans ce secteur.

Le bilan de ces combats, 10 000 hommes pour un gain de terrain allant de 100 m à 600 m.

Au 148ème ri, un premier bilan (qui hélas va s'alourdir dans les jours suivants) est de:76 tués, 434 blessés et 177 disparus.

Des blessés mourront des suites de leurs blessures et les corps de disparus seront retrouvés sur la champ de bataille.

à gauche le secteur français, en grisé, le gain en terrain, à droite les lignes allemandes . En dessous de la carte (à droite) , Moulin-sous-Touvent, dans les lignes allemandes, l'église du lieu.