De nouveau devant le bois du Luxembourg et Choléra
Retour au bois du Luxembourg, Berry au Bac et à cholera
Une semaine de repos bien méritée - et bienfaitrice pour les organismes de ces hommes qui viennent de vivre "Quennevières"- se termine. Le 26 juin, le régiment embarque, en gare de Pierrefonds, dans trois trains en direction de Muizon (NO de Reims). A Coteret, un renfort de 16 sous-officiers, 33 caporaux et 477 hommes de troupe vient combler les nombreux vides parmi les compagnies durement éprouvées à Quennevières (700 hommes hors de combat dont 200 tués ou disparus).
Le débarquement à Muizon puis les premiers cantonnements
Après quelques glissements, le régiment retrouve Hermonville, Bois du Luxembourg, Cauroy….. un secteur qu’il a occupé les mois précédents. Un secteur devenu étonnamment calme en comparaison de ce que le 148ème ri y a vécu en février-mars 1915.
Du 29 juin au 20 août, les hommes profitent donc de ce « repos » relatif car, en face, l’ennemi est toujours présent, inactif certes mais présent. « Rien à signaler » lit-on souvent dans le JMO toutefois l’inquiétude est bien présente, le front peut se réveiller du jour au lendemain! Afin d’entretenir la condition physique des hommes, des marches et des petites manœuvres sont initiées par l’état-major régimentaire, conjointement, des revues par un général et la remise de médailles à des soldats méritants maintiennent le moral de la troupe.
Hélas, certains ne sont pas présents pour recevoir leur médaille qui leur sera remise à l'hôpital
Les soldat Albert Saint Pol Achille Duez et Léopold Boquet sont cités à l'ordre de l'armée et décorés de la médaille militaire
Des exemples qui "boustent " le moral de la troupe.
Et toujours « Rien de spécial à signaler » sauf que le 1er août, un bombardement ennemi endommage quelques abris en cours de nuit, ne causant, heureusement aucune perte. Les dégâts sont rapidement réparés par une corvée.
Toutes ces citations sont éditées dans le journal officiel lois et décrets
ex: "Uzu Lucien"
Quelques petits événements, heureusement sans conséquence, viennent troubler l’apparente quiétude.
Les positions occupées par le 148ème ri devant Luxembourg jusqu'au 20 août.
Flèche supérieure tranchée H' flèche inférieure, tranchée L, les petites flèches le sens de marche vers les charrettes des deux patrouilles
Le 2 août
Rapport du capitaine Coutaz-Repland
« le 2 août, 1915, anniversaire de la déclaration de la guerre, une patrouille composée d’un caporal et de quatre hommes avait pour mission d’observer pendant une heure au bout d’un champ de betteraves se trouvant à une cinquantaine de mètres de deux charrettes situées à environ 150 m des tranchées allemandes et 600 m des nôtres. La patrouille rentra à 23 h 45 n’ayant rien vu d’anormal. le lendemain matin, un drapeau allemand flottait au-dessus d’une des charrettes. Le caporal et ses hommes de patrouille ainsi qu’un certain nombre d’autres soldats de la tranchée L demandèrent à leuir chef le sous-lieutenant Pernet, l’honneur d’aller enlever le drapeau. Vers 20 heures, les soldats Declercq Afred et Le Borgne Louis quittèrent leur tranchée puis, utilisant le champ de betteraves se portèrent dans la direction de l’objectif pour en surveiller les abords. Après une heure d’attente, ils entendirent du bruit et tousser vers la deuxième charrette. Ils écoutèrent puis rentrèrent pour rendre compte. A 23 heures, une patrouille composée du sergent Perret, d’un caporal et 10 hommes, dont Leclerca et Le Borgne, marchèrent dans la direction des charrettes avec mission de faire un prisonnier et de revenir avec un prisonnier. Arrivée au bout du champ, la patrouille stoppa se déploya pour envelopper la deuxième charrette. Il n’y avait plus personne. Sous la protection de la patrouille Declercq er Le Borgne se portèrent alors à la charrette où flottait le drapeau ; Sans toucher au véhicule Declercq monta sur le dos de Le Borgne défit les cordes qui maintenaient la hampe et constata qu’un fil de fer y était fixé et se dirigeait vers la terre. Il détendit le fil en faisant glisser le fanion en prescrivant à son camarade de suivre avec précaution cette attache anormale pour s’assurer qu’il n’y avait rien au bout. Ce dernier découvrit alors une grenade « 7sekunden » qu’il déterra. Ils placèrent alors à la place du drapeau allemand un morceau de toile grise qui avait servi à envelopper un colis postal et sur lequel il y avait l’inscription « Vive la France » et ses alliés combattants pour le droit la civilisation et la liberté. La guerre dut-elle durer dix ans nous combattrons jusqu’à l’écrasement de tous les Teutons ». Suite....
Extrait du rapport du capitaine Coutaz-Repland, JMO
A la rentrée de la patrouille, le sergent traduisit l’inscription du fanion: « Il y a un an que la guerre est déclarée et à l’Est comme à L’Ouest nous avons vaincu Par la sève de la terre d’Allemagne, nous avons la force et nous voulons continuer à vaincre. Tous nos ennemis vont succomber. Vive l’Allemagne ».
Le capitaine demanda une récompense pour les hommes composant la patrouille qui furent cités à l’ordre du régiment.
Le 9 août 1915
Un autre incident émailla le quotidien dans les tranchées.
Vers 4h30 le soldat observateur Collin de la 12ème cie a vu un écriteau placé à environ 300 m en avant de la tranchée H’ et 900 m au Sud du point où la patrouille de la 9ème cie a enlevé le 3 aout le drapeau aux couleurs allemandes. Collin est allé le chercher sous un feu violent de l’ennemi et l’a rapporté. L’écriteau se compose d’une perche sur laquelle est cloué une planche avec l’inscription suivante: « Rendez-vous, vous êtes trompés, Varsovie tombée Hurrah ».
La relève
Le 20 août, le régiment est relevé et, le bataillon du commandant Bertrand ouvrant la marche, bouge en direction de Choléra-Bouffignereux. Tous les cantonnements du bois du Grand Bellay ne sont pas « en état de recevoir » le bataillon du commandant Marquis dont une partie logera dans les rues du village de Bouffignereux.
Choléra, encore un secteur où le 148ème ri a donné précédemment.
Ce sont des travaux qui attendent les biffins di 148ème ri. De jour comme de nuit, les équipes s’affairent sur des travaux autour de l’Aisne et son canal. L’ampleur des travaux entrepris inquiète un ennemi qui tente de ralentir la progression des travaux. Tirs de mitrailleuses, feux d’infanterie et pilonnage par l’artillerie compliquent dangereusement la tâche des terrassiers.
Il serait vain de citer tous les travaux entrepris par le régiment. Deux exemples de journées. Extraits du JMO
Parfois, ce sont des tirs de fusants qui obligent les sapeurs à arrêter les travaux qui prolongent des boyaux de communication, creusent de nouvelles parallèles, agrandissent les places d’armes et posent des réseaux de fils de fer….
Au fil des jours, les difficultés s’accumulent, les pertes aussi.
C’est au prix de pertes de plus en plus importantes que le travail avance, et ce malgré le danger. Le 19 septembre, le capitaine Coutaz Repland et le sous-lieutenant Moulier ainsi que 10 hommes sont autres blessés, le lendemain, encore 7 autres blessés…
Des blessures qui sont parfois lourdes de conséquences.
Pendant son travail le soldat Gaston Baveux est blessé il sera amputé de la cuisse droite.
Les ouvrages entrepris supposent des préparatifs pour une future attaque française car des gradins de franchissement de 8 à 10 m de long sont érigés tous les 50 m, des ponts sont jetés pour permettre le passage de troupes venant de l’arrière ainsi que des lignes téléphoniques posées, des postes de secours aménagés le long des lignes...
La tranchée de l'autobus près de Berry-au-Bac
Un mois de septembre laborieux « le travail fourni par les trois bataillons est considérable. Le colonel en exprime sa satisfaction… » lit-on dans le JMO.
Une partie des boyaux et autres parallèles (en rouge) creusés par le 148ème ri. à cela, il faut encore ajouter des creusements de puits, d'abris de munitions, de place d'armes (une dizaine)...
Des travaux que le colonel fait ajouter dans la légende d'une autre carte. Voir JMO du 148 entre le 1er septembre et le 2 octobre 1915
La relève définitive
Le 2 octobre, le régiment reçoit l’ordre de quitter le secteur et de rétrograder vers Treslon et Tramery, deux villages à l’Ouest de Reims. Dans ces cantonnements de l’arrière, les hommes en profitent pour prendre soins d’eux de leurs armes et de leur équipement. Mais en attendant la suite de opérations, le colonel Vigier, désirant entretenir la condition physique de ses hommes, fait exécuter dans chaque bataillon” quelques marches et de petites manœuvres.
Relevé des pertes (blessés et morts) devant le Bois du Luxembourg et Choléra
blessés devant le bois du Luxembourg
27 juillet Bourla Georges et Lefevre Emile
15 août Levée Emile
19 août Herlin Félix
aucun décès
blessés devant Choléra
Août
28 Gueguen Yves
31 Bayens Eugène
Septembre
1er Massin Eugène, Richoux Eugène, Dugué Alphonse et Poucet Francis
3 Vallée Alphonse
5 Foray Félix
10 Pons Armand et Baveux Gaston
13, Druesnes Abel, Sacheti Charles, Martinaud Jean M, Dusart Raymond, Lacléce Alain, Léger Edmond, Chassibaud Julien et Demarcq Augustin
15, Demante Fernand, Godart Auguste et Larue Alfred
16 Aulagne Louis, Issaurel Joseph, Plaquin Gaston, Courbet Fernand, Brissy Ernest, Sallaz Jules et Cotte Jean.
17 Rouzou Joseph, Ferrain Georges, Perrot François et Collet Nestor
18 septembre, sergent Spallier Joseph
19, capitaine Coutaz Repland, sous-lieutenant Moulier, Hanoteau Zéphirin, Desvignes Gustave, Canevet Isidore, Manessier Claude, Guillou Jean, Dupré Alphonse, Bruneton Raymond, Brulfert Lucien, Mahieu Maurice, Juillet Achille, Soigneux Léon et Maraud Armand.
20, Le Flock Pierre, Goiffon Joseph, Claquin Guillaume, Meyer Edouard, Degroote Jérôme, Guoguillon Bénoni et Guidez Adolphe
23 Vilette Emile et Guintraud Charles
26 Oget Paul
29 Hervé Victor et Halin Charles
Cottret Maxime et Lemaire Augustin reposent dans la nécropole militaire de Soupir 2
Morts Devant Choléra
août
27 Vatinel Achille
septembre
1er Mardelet Marcel
10 Delaunoy Joseph
13 Sous-lieutenant Fievet Nestor
15, Demante Henri
16, Lemaire Augustin et Cottret Maxime
Sources
Mémoire des hommes: le JMO du 148ème ri
Journal officiel lois et décrets citations de soldats
Bidic, album Valois, Aisne, La tranchée de l'autobus
Photos personnelles