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Pour le 148ème régiment d'infanterie
3 mai 2022

Récit du combat dans l'historique du régiment

Le combat dans l'historique du régiment

Le 15 juin, la 8' brigade (45° et 148" régiments d'infanterie) était rassemblée en entier à la ferme Sainte-Croix. L'attaque des positions allemandes au sud de la ferme de Quennevières brillamment réussie, mais exécutée sur un faible front n'avait pu être exploitée, car le saillant conquis  eut été impossible à défendre. Il avait fallu se borner  à occuper les anciennes premières lignes allemandes.

1 plan

Le front occupé par le régiment. Extrait du JMO

L'ennemi renforcé réagissait avec violence. Le 15 juin, vers 17 heures, les 1er Bataillon (commandant Bertrand) et 2ème  Bataillon (commandant Massenet) munis de deux jours de vivres sont envoyés à la disposition de la 121ème Brigade et gagnent le boyau intermédiaire et le boyau -d'Ecafautoù ils trouveront des guides. Le 3ème bataillon, maintenu d'abord à la ferme Sainte-Croix, est dirigé vers 22 heures sur la maison de Garde (P. C. de la Division) pour coopérer à une action dont le plan n'est pas encore établi.

2 situerLe mouvement du régiment

Les ordres touchant la mission des 1er et 2ème bataillons sont remis au lieutenant-colonel, vers 23 heures, mais ne sont complétés qu'à 2 heures 10. Personne ne connaît le secteur à occuper. Les officiers, en hâte, précèdent leurs unités pour en effectuer la reconnaissance. Des guides arrivent qui doivent conduire les deux bataillons sur leurs points de départ mais eux-mêmes connaissent mal leur itinéraire et s'égarent. La marche d'approche ne s'effectue qu'avec une extrême lenteur. Le bombardement ne cesse pas. Les obus lourds, les projectiles de 105 et de 77 éclatent sur les parapets et dans les boyaux encombrés, où les hommes tassés les uns sur les autres, attendent que le mouvement reprenne.

« Un ouragan de feu s’abat sur nous. Les boyaux sont pris d’enfilade et bien connus des Boches (Ce sont leurs anciennes tranchées) sont intenables.. Les obus tombent drus, 77, 105 et 150 (tout se mêle au dessus de nos têtes), passent comme des éclats, comme des torpilles avec un sifflement  strident »….

 L'officier conduisant le bataillon Bertrand est tué. A tout moment la colonne est coupée par d'autres unités qui montent en ligne. Le 3ème  bataillon qui avait reçu pour mission de tenir les anciennes tranchées françaises en soutien derrière les 1er  et 2ème bataillons arrive avant eux et obstrue les. boyaux. Déjà beaucoup d'hommes sont blessés. Les 1er et 3ème Bataillons devaient être en place pour 3 heures et en mesure d'attaquer à 6 heures 10. Il est 6 heures 15 lorsque le 2ème bataillon arrive sur sa base de départ. Quant au bataillon Bertrand, deux compagnies arrivent seulement vers 7 heures, les deux autres, dont les capitaines ont été tués ou blessés, ne rejoignent pas. A 12 heures 30, deux compagnies du 45° Régiment d'Infanterie sont mises à la disposition du commandant Bertrand pour.  novembre Nommé caporal le  les remplacer. En raison des circonstances l'attaque est retardée. Le lieutenant-colonel commandant le régiment est avisé que la préparation d'artillerie commencera à 14 heures et que l'heure H » est fixée à 15 heures. Depuis le matin les hommes sont soumis à un feu ininterrompu. Dans les premières lignes trop proches l'une de l'autre pour pouvoir être battues par l'artillerie, le combat à la grenade est entamé.

5 combats des grenadesPlusieurs hommes seront cités pour leur courage dans ce combat à la grenade:

"Le sergent Leprètre a une plaie horrible au ventre, un autre a une figure méconnaissable couverte de sang car il a reçu une grenade en pleine face, un autre a l’avant bras ballant...".

Des mortiers de tranchées allemands tirent sur les boyaux de tête avec des torpilles de gros calibre. Les abris effondrés au cours des combats précédents sont inutilisables. 

Voir le récit complet de Joseph Degaugue

http://148emeri.canalblog.com/archives/2022/02/02/39330669.html

Extrait «  De temps en temps, dans les boyaux, on rencontre un abri écroulé sur un malheureux ou un cadavre mutilé. Je prodigue de l’alcool de menthe à Marly et aux blessés. L’un d’eux à la cuisse cassée en deux morceaux, les muscles, les nerfs, les os sont à nus. Il est étendu dans le boyau près de nous sans connaissance,  l’écume lui sort de la bouche. Il a le roulet de la mort. Et tout du long du boyau, ce ne sont  que des agonisants dès qu’ils sont morts, on les jette  au-dessus de la tranchée pour déblayer le passage qui est bien obstrué". 

 En beaucoup d'endroits, les boyaux ont été à demi comblés par les obus. Sans protection contre les projectiles, incommodés par l'odeur des cadavres qui jonchent les parapets depuis plusieurs jours, les hommes demeurent sous un soleil ardent jusqu'à 15 heures. A ce moment, le bataillon Bertrand, placé plus au Nord, a deux compagnies en ligne soutenues plus en arrière par les deux compagnies du 45° Régiment d'Infanterie. Le bataillon Massenet a 3 compagnies en avant, les 5ème , 6ème  et 8ème ,la dernière  (la 7ème) stationne dans les boyaux accédant à la tranchée de départ.

6 massenetLe commandant Massenet en 1912

Le 3° bataillon placé en échelon et à droite du bataillon Massenet occupe les anciennes premières lignes' françaises, desquelles il doit protéger par son feu le flanc droit du 2ème  bataillon. Avant le départ nos troupes avaient constaté que les réseaux avaient été laissés' intacts par la préparation d'artillerie. Des mitrailleuses garnissant les tranchées avancées allemandes tiraient sans discontinuer ; l'ennemi en force, ayant disposé ses hommes au coude à coude, attendait l'attaque. A 15 heures, les 5 compagnies d'assaut franchirent les parapets balayés par des rafales de mitrailleuses.

Au centre la 5° compagnie (Compagnie Rousseau) et la 6ème compagnie Coste) se distinguèrent par leur courage. 

7 officiers disparus mortsdes officiers disparus déclarés morts par la suite comme le lieutenant Letouzé ajouté sur la liste des morts

4a letouze

.

 

De même pour...

9 dandrumont

9a dandrumont

 

 

 

L'aspirant Alfred Dandrimont considéré comme disparu  est décédé le 23 juillet suivant au lazaret de Chauny d'un empoisonnement du sang suite à sa blessure à la cuisse droite

 

 

 

 

Trois officiers de la 6° Compagnie furent tués : le capitaine Coste, le sous-lieutenant Gervaise et le sous-lieutenant Letouzé ; le 4ème, le sous-lieutenant de la Besnardière, fut blessé. De rares témoins vivants virent le capitaine Coste dans la tranchée adverse se défendant à coups de revolver contre un groupe ennemi qui l'entourait.

7 a gervaise sgt maj en 12Le sous-lieutenant Gervaise était sergenmajor en 1912.

Le sous-lieutenant Gervaise disparut dans les mêmes circonstances. Quelques hommes parvenus également à franchir les réseaux succombèrent dans une lutte inégale.

marit edouardLa fiche mort pour la France et sa première citation à Onhaye

8 Marit Onhaye, ,Mais aussi l''adjudant-chef Marit,  né le 5 mai 1891 à Cartignies (Nord) et est instituteur à Solré- le-Château. Incorporé au 148ème ri  le  10 octobre 1912,. Nommé caporal le 7 novembre 1913 et sergent le 2 août 1914, il part en guerre alors que son instruction n’est pas terminée. Il fait partie du IIème bataillon du commandant Graussaud et participe au combat d’Onhaye le 23 juins 1914. Il y est remarqué par son attitude. Sa bravoure lui fait rapidement grimper les derniers échelons, nommé adjudant le 31 Octobre 1914, lors des combats dans Berry-au-Bac  et enfin adjudant-chef, le 29 Mai 1915, après le combat du Bois de Luxembourg.

8 a marit marit 1er aout 22La deuxièeme  citation , mais, à l'instar de Jules Duterne et Pierre Fauville, ils seront nombreux à être cités 

Juin 1915, sa témérité l’entraîne de nouveau  au devant de sa section et est un des  premiers a sauter dans la tranchée ennemie. Cette conduite lui sera fatale, il est mortellement blessé. Considéré comme disparu lors du combat à Quennevières, un jugement déclaratif du tribunal d’Avesnes fixera la date au 16 juin 1915. Jour du combat. Croix de guerre avec étoile de bronze

Une page spéciale sera consacrée aux officiers tués  ce 16 juin 1915.

A la 5ème  Cie, les trois officiers : le capitaine Rousseau, le lieutenant Lucas et le sous-lieutenant Revet étaient blessés en tête de leur troupe. En rampant, des volontaires  allèrent sous une nappe de balles rechercher leurs chefs et leurs camarades tombés entre les lignes. Arrêtées devant les fils de fer, ces deux Compagnies, après avoir perdu tous leurs officiers, les trois-quarts de leurs sous-officiers et la moitié de leur effectif, ne purent enlever leurs objectifs.  La 8ème compagnie, conduite par le capitaine Tréca, fut plus heureuse et parvint à s'emparer d'environ 60 mètres de tranchées. Le soldat Robichet, sous un feu meurtrier, construisit immédiatement un barrage en sacs de terre qui permit de conserver la position. Deux officiers étaient hors de combat : le sous-lieutenant Gonez, tué, et le lieutenant Vanbatten gravement blessé. De nombreux hommes étaient tombés. Le capitaine Tréca et le sous-lieutenant Walgraffe par leur exemple avaient entraîné lés survivants. Presque aussitôt après le départ des compagnies d'attaque, le commandant Massenet (du 2ème Bataillon) reçut une blessure grave dont il mourut quelques jours après. Plus au Nord, dans la zone du 1er bataillon, la 2ème  compagnie put conquérir deux portions de tranchées où elle se maintint.

Dans le JMO le lendemain du combat, on peut lire....

10 les exploits

 Ce ne sont que quelques noms cités parmi tant d'autres car beaucoup d'actes de bravoure resteront inconnus...

 Les soldats Thieuleux, Basquin, Marie et Bey arrivés les premiers parvinrent pendant plusieurs heures, sous les éclatements presque continus des grenades allemandes, a interdire l'accès du boyau conquis. La 4ème compagnie subit de lourdes pertes sans obtenir dé résultats. Le capitaine Camus commandant la compagnie et le sous-lieutenant Blondeau se firent tuer courageusement devant les réseaux ennemis. Le sous-lieutenant Lauth était également atteint. Dans les combats rapprochés, nos hommes se révélèrent des grenadiers d'élite. Les soldats Prieur et Hintzelmann, de la 2ème Compagnie, s'offrirent pour renforcer l'équipe du 3ème régiment de Tirailleurs qui combattait à nos côtés et dont la plupart des hommes avaient été mis hors de combat. D'autres comme le sergent Declercq, de la 9ème Compagnie, après avoir, au bout de deux heures de combat éteint le feu des grenadiers ennemis, allèrent spontanément relever les grenadiers du 3ème  Régiment de Tirailleurs qui les avaient remplacés et avaient perdu une grande partie de leur personnel. Parmi les nombreuses actions d'éclat de cette journée, le général commandant la 6ème  Armée récompensa d'une citation à l'ordre la conduite du clairon Galloy qui, debout sur le parapet au moment de l'assaut, sonnait la charge pendant que ses camarades se .précipitaient en avant. "Ayant eu la main droite percée d'une balle, a empoigné son clairon de la main gauche et a continué sonner. » Il faut mentionner encore le caporal Nédelec, guetteur pendant le bombardement qui tua plusieurs fantassins allemands, lesquels pourchassaient nos blessés et fut lui- même mortellement atteint en aidant l'un d'eux à rentrer dans nos lignes. Le soldat Le Roy, qui, blessé dans la journée d'une balle dans le ventre, resta une partie de la nuit suivante de faction à un créneau et ne s'aperçut du départ de sa com- pagnie qu'au moment où, vaincu par la douleur, il demandait qu'un de ses camarades vint le relever. Le soldat Bloch Edgard, tué .en allant rechercher sous le feu son capitaine blessé et tombé près des lignes allemandes. Dans le tumulte de la bataille, bien d'autres sacrifices passèrent inaperçus. Malgré l'ardeur et la vaillance des troupes d'assaut, le combat du 16 juin ne nous procura que de faibles avantages. Nous ne pûmes que consolider les positions de petite étendue que nous avions si chèrement conquises. Ce résultat atteint, les 1er et 2ème bataillons furent relevés à 21 heures et rejoignirent leur bivouac à la ferme Sainte-Croix vers minuit. Le 3' bataillon, resté provisoirement en réserve aux carrières d'Ecafaut, rentrait deux jours après. Cette courte lutte d'à peine 24 heures fut la plus meurtrière que le 148ème régiment d'infanterie ait eu à soutenir pendant toute la campagne. Arrivé de nuit dans une position qui lui était totale- ment inconnue, le régiment, bloqué de longues heures dans les boyaux bombardés, eut à enlever des organisations insuffisamment entamées par l'artillerie, défendues par des troupes tenaces et bien outillées. Ces conditions défavorables expliquent partiellement les lourdes pertes du combat de Quennevières : près de 700 hommes hors de combat, dont environ 200 tués. 15 officiers furent tués, blessés ou disparurent.

11a chercherdes extraits du JMO et la citation du soldat Jules Rousseau dans le JO

11 chercher

 

 

11b chercher

 

 

 

 

 

Pour plus de détails sur  les sous-officiers, caporaux  et soldats remarqués pour leur comportement, voir

http://148emeri.canalblog.com/archives/2022/04/07/39423635.html

Citation., le général Dubois, commandant la 6' armée, rendit hommage à ses efforts

"Quatre mois, jour pour jour, après l'affaire du Luxembourg, au cours de cette offensive d'Artois dont le combat du 16 juin était le prolongement, le 148' régiment d'infanterie s'était heurté de nouveau et plus durement encore aux puissants moyens 'matériels que l'ennemi avait mis en œuvre. J'ai l'honneur de vous faire connaître, écrivait-il, que la 8' brigade a pris une part honorable aux combats du 16 juin. Les 45ème  et 148ème .régiments d'infanterie, placés face à leurs objectifs dans des circonstances très difficiles, ont fait preuve de beaucoup d'endurance et d'énergie. Les unités ont mérité de recevoir du général commandant le 35° corps d'armée, sous les ordres duquel elles étaient placées, un témoignage de satisfaction auquel je souscris entièrement... »

Sources

Mémoire des Hommes, JMO du 148ème ri et fiche mort pour la France.

D'autres informations sont également contenues dans le JMO du 45ème ri et dans  le JMO de  la 8ème brigade (148ème et 45ème ri)

Gallica, l'historique du 148ème régiment d'infanterie

 Journal officiel, citations

CICR fiche Dandrumont

Photos d'officiers, dans l'album de 1912

Géoportail comme base de la carte du mouvement de départ

 

 

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