Warnant, une menace pour la retraite du IIIème bataillon du 148ème ri
Cette percée sur Warnant permettra à l'avant-garde de la 3ème armée allemande de se rapprocher de BIOUL. Bioul, un petit village engorgé par la IVème division belge qui retraite de Namur vers la France. Un tiers de la division qui n'a pu s'échapper de ce piège sera capturé. Dans le flux de toutes ces troupes, le IIIème bataillon du 148ème, revenant de Beauloye, se fraye difficilement un passage dans la cohue.
Une partie de la IVème division belge prise dans le village
Le château-abbaye de Moulins à Anhée épargné lors du bombardement. Seuls 5 obus, dont un n'explosa pas, vinrent retourner les prairies avoisinantes.
La nuit du 23 au 24 août deux régiments allemands investissent le château.
Ayant traversé le fleuve par le pont ferroviaire de Houx (remis en état par les pontonniers allemands) et par les pontons d'Yvoir, le IR 100 et le 12ème bataillon de chasseurs saxon bivouaquent non loin de leur point de passage, "en état d'alarme, sans tente". Après un bref repos, " arriva l'ordre d'avancer plus loin", les deux régiments reprennent leur marche et arrivent à Moulins.
En premier lieu, des grenadiers du IIIème bataillon du IR 100. Les 9ème et 11ème compagnies dans le parc de la demeure, les 10ème et 12ème compagnies dans le secteur Praule-Heneumont.
A peine deux heures après, les grenadiers sont rejoints par des chasseurs du 12ème bataillon saxon. Ceux qui, la veille, ont participé au massacre de Spontin. (voir note en bas de page)
L'occupation de Moulins ne va guère durer
Tôt le matin, des bruits de combats se font entendre dans la direction de Warnant.
Vert, le contact avec la patrouille de hussards, le 2/III/13F passe. Rouge, la 1/II/33 L. est accrochée par une compagnie de grenadiers, elle ses replie sur Warnant. à Warnant, combat de 6 h à 8 heures
L'avant-garde d'une colonne belge formée par deux compagnies, la 2/III/13F et la 1/II/33 (voir note) s'engage, pensant profiter de la protection des troupes françaises en défense le long de la Meuse, dans la vallée de la Molignée, direction la France. La 2/III/13F, « une des pointes de l’avant-garde » franchit le chemin de fer de la Molignée ne rencontrant, qu’un faible parti de hussards de réserve saxons rapidement mis en déroute. Elle passe et continue sa route. Quelques instants après, la 1/II/33, arrivée près de la Halte de Warnant est interceptée par une compagnie du IR 100 (prévenue par la patrouille des hussards), venue de Moulins. Dans un premier temps, clouée sur place par le feu de mousqueterie des grenadiers, la compagnie belge parvient à se dégager et à se replier vers Warnant.
La Halte, lieu du premier engagement entre Belges et Allemands (de nos jours et en 1920)
Le combat est engagé.
Le 24 août, les I et II bataillons restent sur les hauteurs pendant que le IIIème bataillon prend position au château de Moulins, les 12ème et 10ème compagnies vont se positionner sur une ligne ferme Héneumont-Rocher de Praule, les 9ème et 11ème compagnies restent dans le parc du château. Vers 6 heures le matin, une patrouille de hussards tombe sur avant-garde d'infanterie ennemie (troupes belges), la 11ème compagnie est immédatemment envoyée et la 9ème se place sur la droite.
Le mouvement est amorcé. Le major von Wallendorff, commandant le IIIème/IR 100, distribue les objectifs entre ses deux compagnies. Développant « un mouvement tournant », la 11ème marchera vers l’église et le cimetière du village, tandis que la 9ème enveloppera le village par le sud. La progression n'est pas facile car entravée par des clûres de fils de fer barbelés. Coupant les clôtures métalliques qui séparent les pâturages, les grenadiers avancent vers leur objectif. Après une vive fusillade, l'ennemi abandonne Warnant et la 11ème compagnie du capitaine Fr. von Friesen, intenable précise l'historique des chasseurs, dans un dernier bond et profitant de l'abri du remblai du chemin de fer, pénètre dans le village. "Par le cimetière" précise l'historique du 13ème de ligne belge.
Un extrait du journal de ce chasseur de la 3ème compagnie. Avec une traduction de M. M. Vels
Et du côté du 12ème bataillon de chasseurs saxon ?
A 6h 30, le régiment lève le camp. En quittant Moulins, la 3ème compagnie, comme troupe de pointe, entendit en direction de Warnant, des coups de fusils. Il y avait déjà une compagnie de grenadiers (la 11ème) en train de combattre contre l'ennemi près de Warnant. La 3ème compagnie s'arrêta dans le parc de Moulins. Après identification de l'ennemi, le lieutenant Schroeder reçut l'ordre d'avancer. Sa section est engagée à droite des grenadiers, deux autres groupes, sous le commandement de l'adjudant Sauerzapf, se tiendront à gauche des grenadiers. marchant à couvert le long du parc jusqu'à une distance de plus ou moins 1.000 m de l'ennemi". Dans les autres sections, l'ordre est également de marcher sur l'ennemi. "Le chef de section, le lieutenant Hagemann reçut l'ordre d'attaquer à gauche des fusiliers déjà déployés. Elle avance par demi-section jusque la ligne de chemin de fer. Après l'arrivée de la 2ème demi-section du (...?...sous-officier) Zogbaum, la section entière sort de ses retranchements pour passer à l'attaque". Les clôtures de fils barbelés entravent la progression. " Le feu de l'ennemi, lors de la sortie des retanchements est assez conséquent. La section du lieutenant de réserve Löbel, qui s'était avancée par groupes vers la voie de chemin de fer et avait attendu à cet endroit, intervint à droite de la section Hagemann. Eux aussi furent gênés par les fils barbelés et un champ en pente (qui ralentit la course). Un villageois raconte avoir vu les fantassins allemands avancer en se cachant derrière des gerbes de céréales.
à l'orée du village, à gauche, la maison rouge. En rouge, le remblai de la ligne du tram vicinal
Les deux sections avancent maintenant jusqu'à l'orée du village. Plus ou moins, à 50 m du village, les sections ont été gênées par les compagnies de grenadiers qui tiraient sur l'ennemi. Nous reçumes l'ordre du commandant du bataillon de ne pas rentrer dans le village car il craignait la présence de mitrailleuses dans la zone arrière. Les deux sections restèrent 10 minutes inactives pendant que quelques groupes de la compagnies des grenadiers sous le commandement d'un officier entrèrent dans le village. Une patrouille sous le commandement du jäger Glass avança au Sud du village vers une maison rouge de laquelle on faisait des signes avec des tissus blancs.
(La maison rouge, occupée par les religieuses qui "tiennent l'école du village" abrite l'ambulance de la Croix-Rouge belge). Cette patrouille fit des prisonniers, 7 officiers et 40 hommes du 13ème de ligne belge et les ramena à la compagnie qui s'était rassemblée à la limite Est du village. Une autre patrouille sous le commandement de l'adjudant Schulze s'avança jusque la limite Ouest du village et tomba là sur 3 mitrailleuses et un fourgon avec une caisse de dossiers d'une compagnie dont les soldats se sont rendus. La patrouille laissa un jäger près des mitrailleuses. le lieutenant Schroeder qui était engagé à la droite des grenadiers, avait reçu comme mission de s'avancer vers l'orée du bois (en pente) pour sécuriser les flancs de l'aile droite des grenadiers. la section dépassa les grenadiers tirant contre la limite du village et les mitrailleuses avec la visée sur 800. En outre, il tira sur des véhicules se trouvant sur les hauteurs Nord de Warnant avec la visée 1700/1800.
Sécuriser le versant boisé Nord-Ouest du village dans la direction de Bioul
La progression des grenadiers empêcha la section (des chasseurs) d'avancer plus loin. Elle se rassembla à l'abri et envoya une patrouille vers la ferme de Corbais et les bois environnants. Le lieutenant rapporta alors au bataillon que l'ennemi se retirait au Nord-Ouest de Warnant. Après la fin du combat, la section rejoignit la compagnie qui s'avança vers les hauteurs Ouest de Warnant et surveilla l'ennemi devant Bioul. Sur les hauteurs, la section Schroeder s'occupa encore de la protection. Elle tire sur une compagnie annemie qui s'avançait de Bioul en direction du bois de Ronquières. La compagnie n'a pas eu de pertes tandis que les deux comapgnies tenues en réserve ont déploré chacune un blessé suite à des projectiles qui allèrent trop loin. Le bataillon se retira vers Haut-le-Wastia et s'y reposa"...
Dans le parc du château de Moulins, deux tombes de soldats allemands "tués dans les environs". Au centre, une tombe d'un des soldats français blessé et décédé des suites de ses blessures. C'est le fermier de la ferme attenante au château qui se chargea des inhumations.
1 itinéraire de la colonne belge venant de Bioul, 2 Ferme de Corbais, 3 ferme de Heneumont et les rochers de Praule (les 10 et 12ème cies du IR100), 4 Warnant village, 5 accrochage de la 1/II/33 avec la patrouille des hussards, 6 La halte, (arrêt du tram vicinal), 7 itinéraire de la 2/III/13F, 8 le château de Moulins (Anhée) et les 9ème et 11ème cies du IR 100
La 2/III/13F, 1/II/33L, Le 13ème de ligne belge se décline, comme les autres régiment d'infanterie, en
un régiment d'active, le 13ème de ligne,
un régiment de réserve, le 33ème de ligne
et un régiment de forteresse (les anciennes classes) le 13ème de F.
La plaine entre Anhée (Moulins) à droite et Warnant (à gauche), 1 le village de Warnant, 2 la gare, 3 La Halte, 4 le château de Moulins, 5 l'usine. En bleu, l'axe de progression des Allemands
La plaine, une vue prise du village de Warnant vers Moulins, lieu de départ de l'attaque. Selon le témoignage du curé de Warnant, il y avait, ce jour-là, un épais brouillard! Ce dont ne parle pas les historiques allemands.
Sur le plan dressé par le 110ème régiment d'infanterie, des fermes et autres points de repères télémètrés pour un réglage de tirs.
Au premier plan, la ferme Hohet (375) et l'usine (1550) dont on devine la cheminée à droite du plan
A gauche de la photo, la gare (1250) et la ferme Corbais (2500)
Et de nos jours
La 3ème compagnie du 12ème bataillon de chasseurs saxon participa au massacre perpétré à Spontin, " la 3ème compagnie dut se mettre en colonnes et prendre part à l'échange de tirs, ... c'est ici qu'un nombre de francs-tireurs sont passés par les armes...". Des francs tireurs? 45 civils fusillés, 25 corps carbonises, de nombreux enfants parmi les victimes, 89 otages emmenés dont plusieurs seront fusillés.
La menace se précise. La IIIème armée, venant de la Meuse, s’enfonce dans l’Entre-Sambre-Et-Meuse et espère faire la jonction avec la IIème armée venant de la Sambre. Une manoeuvre qui a pour but d'encercler l'armée française avancée dans la région. Heureusement.....
La défense de la position fortifiée de Namur, 1932
Archives ecclésiastiques, les paroisses de Warnant et Anhée, dont le témoignage de Dom Neuland, présent au château d'Anhée.
Documents pour servir à l'histoire de l'invasion allemande... tome VI
JMO du 110ème ri français
Historique du 13ème de ligne belge
Historique du IR 100
Tägesbuch d'un chasseur de la 3ème compagnie du 12ème bataillon. Vu la précision de la relation du combat, ce doit être un des officiers.
La traduction de ce tägesbuch a été asurée par M. Vels, historien, Merci
Photos personnelles.
Les photos des chasseurs, reçues de http://humanbonb.free.fr/index1.htm