Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Pour le 148ème régiment d'infanterie
24 juillet 2019

La ligne de défense Gonoy-Lesve cède

 

Lesve, 0aaEn bleu, les lignes françaises, 43ème ri et artillerie, en noir, l'attaque allemande

 L’attaque sur la ligne de défense

Lesve-Gonoy

Le général von Bulöw   confie à la 1ère division de la Garde, (4 régiments de grenadiers de la Garde à pied { 1, 2, 3, 4 GRzF} soutenue par de l’artillerie et de la cavalerie l’attaque sur la ligne de défense française entre Gonoy (Saint-Gérard) et Lesve.

Le 3ème RGzF (à droite sur le plan) doit protéger les flancs de l’attaque contre les troupes venant éventuellement de la position fortifiée de Namur, (au centre), les 1er et 2èmeRGzF concentrent leurs feux sur la ligne de défense française, le 4ème RGzF (à gauche sur le plan) se dirige vers Saint-Gérard. L’artillerie située près de Gonoy  (les 1er et 3ème régiments d'artillerie de la Garde (points noirs)) prépare l’offensive en réduisant autant que faire se peut les défenses françaises.

De leur côté, les Français se sont solidement implantés sur la route dite des Fermes. Tranchées, nids de mitrailleuses et batteries d’artillerie protègent les fantassins.

Lesve, 2

 

 

 

 

 

 

 

 

Le capitaine Deray du  II/43  fixe  les 6ème  et 7ème  compagnies sur le plateau de Marlagne, la 8ème, sera  troupe de manœuvre (qui doit déboucher en terrain libre et écraser les réserves ennemie) et la 5ème en couverture sur les pentes Sud du ravin de Lesve.  Une section de mitrailleuses bat le ravin sud de Lesve. Le capitaine Guasco du III/43, dispose les 9ème , 11ème  et 12ème  compagnies en première ligne de la ferme des Volées à la ferme de Libenne, la 10ème compagnie reste en réserve en échelon au Sud de Libenne. Le I/43 du capitaine Charpy est envoyé aux lisières Nord et Nord-Ouest de  Saint-Gérard tandis que le 127ème RI du colonel de Fonclare occupe l’espace entre le I/43 et la ferme de Libenne avec mission de couvrir  le terrain menant vers Maison Saint-Gérard.

 Une vue de la ligne de défense,  prise depuis la ferme Au Pape

Lesve, Herande

 

 

 

 

 

 

 

Lesve, LibenneL'attaque frontale des 1er et 2ème régiments de grenadiers de  la Garde. La ferme de Libenne. Les ébauches de tranchées du 43ème RI. 

Appuyés par l’artillerie installée à Gonoy, les 1er et 2ème RGzF attaqueront les défenses de Lesve-Gonoy et s’empareront de Libenne, Hérande et Les Volées. La position de Libenne étant le principal objectif. Prise par une compagnie du 2ème RGzF, la ferme sera incendiée.. Les deux régiments adoptent la même disposition alignant leurs deux bataillons de grenadiers en première ligne et le bataillon des fusiliers en seconde. Dès 5 heures (a.m) le contact a lieu, si les grenadiers du  2ème régiment voient les obus français « leur passer au-dessus de la tête », ceux du 1er régiment, plus exposés,  sont sévèrement ébranlés. De plus le relief rencontré par ce dernier est plus difficile. Les pertes sont importantes lors de l’approche. La prise de Libenne et les combats au corps à corps causeront de très nombreuses pertes parmi les assaillants. Le 1RGzF  déplore 30 tués et 66 blessés (combien de disparus ?)  et le 2RGzF compte lui 46 tués dont deux lieutenants, 169 blessés et 66 disparus.

 

La ferme de Libenne,

de Hérande

et des Volées

 

 

 

 

 

Lesve, (1)Le curé J. Petit officiant à Lesve. Il témoigne. Le dimanche 23… « Déjà vers 10 heures, les obus allemands éclataient vers la Levée (dans les campagnes de Lesve)   mais le plein de la bataille éclata vers midi.. Là où les Français ont particulièrement mis les fermes de Libenne,  Hérandes et les Volées en défense ».

Lesve, le combat

 

 

 

 

Le début des  combats noté par le curé de Lesve.

Selon le JMO du 43ème régiment d’infanterie, « Vers 15 heures, l’ennemi débouche devant la brigade Marjoulet. Le 43èmeRI que soutiennent les batteries du 15RAC à la crête d’Hérande subit stoïquement le choc malgré l’avalanche des obus de tous calibres ».  L’attaque se durcit.  Les premiers assauts sont contenus difficilement par les défenseurs.  Les premières lignes sont vite menacées, le commandant du II bataillon « rend compte que la droite est menacée par des détachements d’infanterie qui sortent des bois à 1200 ou 1400 m de ses positions » et le feu de l’artillerie ennemie redouble. Le combat s’engage, mais devant la puissance de feu ennemie, la position est évacuée Le 43ème très éprouvé doit. « évacuer le centre de résistance par échelons successifs en commençant par l’artillerie » ordonne le général.  Décrocher tout en combattant.  L’artillerie dans un premier temps puis ce sera  au tour de l’infanterie. Le groupe d’artillerie du commandant  Bourette évacue la position de la ferme de Hérande   Mais lorsque la 9ème batterie achève la manœuvre et« que le maréchal des logis-chef Fontaine amènent les avant-trains de cette dernière batterie,  six salves  d’obus explosifs de canons lourds s’abattent sur la position  détruisant la plus grande partie du matériel et causant des pertes parmi les artilleurs. Les chevaux épargnés se sauvent dans tous les sens emmenant les avant-trains. Le commandant Bourette et ses trois capitaines qui avaient échappé à cette tourmente essaient  de préparer l’enlèvement du matériel  mais la crête se couvre d’infanterie ennemie (et sous le feu de mousqueterie des grenadiers) ,  les officiers sont  forcés de renoncer à leur entreprise et de gagner Lesve. Malgré le danger,  le chef Fontaine et ses servants trouvent le moyen de ramener  les canons ». Cela occasionne un certain mouvement de panique parmi les fantassins, bien vite repris en mains par les officiers. Les compagnies du 43è ri engagées  se replient en bon ordre en direction de Neffe et Bioul. Mais « quelques éléments, ceux présents dans les environs de la ferme de la Volée, doivent  traverser des zones battues par l’artillerie ennemie, et subissent quelques pertes ». Plusieurs sections se replient vers le village de Lesve, un repli fait en terrain découvert et contrôlé par une mitrailleuse allemande. De nouveau des pertes parmi le 43ème ri.

Lesve, la chapelle St RochUne mitrailleuse allemande avait pris le secteur Les Volées-chapelle aux Loups sous son feu

 

 

 

 

Un quiproquo qui aurait pu mal tourner…

 

Lesve, chapelle Saint RochLe père Carrère se méprend sur la nationalité de l’officier qui commande la mitrailleuse. « Are you English ? ».

 

 

 

Lesve, la chapelle aux loups

 

Le bois avec la chapelle aux Loups

  Malgré ce danger, des défenseurs sont parvenus à gagner un petit bois en bordure du village,  le bois de la chapelle aux loups. Ils en seront délogés et capturés. Quelques soldats allemands se sont avancés vers leur position en se servant du docteur de Hemptinne et du père Carrère comme bouclier humain.

Les soldats du 43ème ri  dans l’impossibilité de se défendre, vu la présence des civils, se sont rendus.

Prenant de gros risques, Jules Petit, le curé du village, parcourt le champ de bataille à la recherche de blessés. « On  vint me prévenir que des blessés français gisaient dans les campagnes. Je me munis des Saintes Huiles et je m’y rendis. Le révérend père Carrère s’y trouvait déjà. Nous confessâmes les plus blessés….

Lesve, blessés

 

 

 

 

 

Il reviendra avec une charrette et emportera le blessé puis, continuant ses recherches  sur le champ de bataille, il inhumera provisoirement les victimes laissées sur le terrain « creusant un peu plus en profondeur une tranchée  commencée par les défenseurs ».

inhumer les victimes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lesve, (3)Il était accompagné de Vital Hennaut, un enfant de chœur âgé de 14 ans,  qui avait été le seul à oser accompagner le prêtre.

Lesve, le château et la fermeLe château et la ferme attenante. Le château abrite une institution religieuse française (originaire de Betharam, près de Lourdes) sous la direction du père Carrère. Une ambulance y avait été établie en août 1914. A l’arrière-plan, l’église du village.

 

 

Traversant le village, des unités du 43ème ri, venant des Volées, prendront la direction de Bioul par Montigny et Neffe. Un repli très laborieux car les troupes sont obligées de « se replier très vivement talonnées… » La manœuvre est protégée par le I/43 appuyé par « du 84 RI et du 127 RI »  qui forment un barrage de feu avec l’aide des groupes d’artillerie Durant du 15ème RAC et Broutin du 41ème RAC. Les artilleurs  soutiennent « avec avantage la lutte contre la puissante artillerie ennemie », détournant momentanément la pression exercée sur les unités en retraite. Le feu se concentre sur Montigny. Les troupes doivent en être dégagées.  L’ennemi progresse vers la ferme repoussant les derniers défenseurs. Ils débordent le dernier échelon défensif qui, néanmoins, a eu le temps de s’échapper vers Bioul par les Bois de Neffe.

Montigny ,la ferme

 

 

 

 

 

 

 

 

La ferme de Montigny a subi de graves dommages.

(Photos prises en 2003). Selon les anciens propriétaires, la  grange ne fut jamais relevée et  lors de la reconstruction des étables et du corps de logis, la pierre fut remplacée par la brique d’où des appareillages différents.

A la tombée de la nuit, le combat est rompu sur toute la ligne C’est la retraite qui commence La route vers Denée est menacée, Saint-Gérard et la ferme de Montigny sont en feu.  « La retraite s’effectue assez tard dans la nuit à la clarté des incendies 

Lesve, les tombes françaises a

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le plan du village de Lesve avec les lieux des inhumations

1 la chapelle Saint Roch, emplacement de la mitrailleuse allemande, 2 et 4 les tombes françaises entre Les Volées et le village, 3 le château et la ferme ambulance. Quelques soldats (belges et français) y seront inhumés, 5 dans la direction de Bioul, une dernière tombe et 6 la chapelle aux Loups.

Les pertes du 43ème ri , s’élèveraient pour cette seule journée à une centaine de tués, à quoi viennent s’ajouter les blessés, les disparus. Dans le village de Lesve, on relève 19 inhumations de corps relevés sur le champ de bataille :

 Bonte Léon, 43ème ri, classe 1912, marié, Bultel Paul, mais Buchez Paul, 43èe ri, classe 1908, Caboche Daniel NR, Duriez Emile, 84e RI, classe 1911, Eineche  (?) NR, Gros Alexandre NR, Lebas Charles, 43e ti, classe 1908, marié, Mariage Abraham, 43e ri,  classe 1910, marié Marchand Paul NR, Montlouis Antoine, 43e ri, classe mort des suites de ses blessures. Ambulance de Lesve., classe 1913, Noclain Albert,caporal,  43e ri,  classe 1911, marié, Smit Georges,43e  ri,  classe 1910, marié, Tullier Georges, mais Therié Georges, 15e RAC, Varveine Gaston (?) ou  Verriele Gaston, 43e ri,  Viscart Albert, 43e ri, classe 1913, Warroquier Marcel, 43ème ri, classe 1913, marié et 4 inconnus.

 Qui sont ces hommes? Il est possible de retrouver des informations les concernant sur Gallica, journal officiel lois et décret, Memoire des hommes, Mémorialgenweb, Archives du comité international de la Croix-Rouge, les archives départementales du département du Nord, le JMO du régiment...

Epinglons quelques exemples

Viscart et Waroquiez

Journal officiel, lois et décrets

Les citations de ces soldats, dont Viscart et Waroquiez

noclain, 43ème ri

 

 

 

 

 

Le soldat Noclain, archives départementales du Nord, matricule

Therié grogesLa fiche sur mémoire des hommes et une note dans le JMO concernant Thérié Georges

Thérié, Libenne

 

 

 

 

 

Plus rarement,

Bellangier Gastonune photo d'une victime; Gaston Bellengier du 43ème ri,  mort ce 23 août 1914.

faite par Thierry DELBARRE  sur le site www.memorialgenweb.org/memorial3/html/fr/complementter.php?table=bp&id=5481094   Cette photographie est sous licence d'usage CC BY-NC-SA 2.0.

Parfois une tombe dans un cimetière militaire

Hérande, artillerie 3aL'artilleur E. Muchembled du 15e RAC,  tué à Hérande

 

 

 

 

 

 

Du côté allemand ?

Les pertes allemandes sont elles aussi très importantes

« poussés par l'envie de recevoir une Croix de Fer qui aurait récompensé leur ardeur au combat ». les soldats allemands, lançant des « hurra» (es wird mit Hurra begrüßt) s’élancent vers les lignes françaises. « A la Ferme (Libenne) nous rencontrâmes beaucoup de blessés en majorité du 2e Régiment de la Garde, régiment qui fut sévèrement malmené », signale l’historique du 2RGzF

 1RGzF  déplore 30 tués et 66 blessés. Disparus ?

 2RGzF compte lui 46 tués dont deux lieutenants, 169 blessés et 66 disparus

 Les pertes allemandes du 2RGzF, le régiment qui s'est emparé de la ferme de Libenne.

2GRzF, 2ème compagnieUne section de la 2ème compagnie du 2GRzF alors en position sur l'Yser.. Combien de ces soldats étaient-ils à Saint-Gérard? Photo et documents reçus de M. J. Johanssen dont un des parents était présent dans le régiment de la garde

Offiziere:
Leutnant Rudolf Freiherr von Reibnitz, + 23.8.14
Leutnant Maximilian von Zelewski Hackenbeck + 23.8.14

Unteroffiziere / Mannschaften:

1ère compagnie: 1 sous-officier et 2 grenadiers dont 1  réserviste

2ème compagnie: 2 sous-officiers et 8 grenadiers

2 GRzF, 2ème compagnie3ème compagnie: 10 grenadiers dont 4 réservistes et 1 caporal de réserve

4ème compagnie: 2 sous-officiers, 1 caporal et 2 grenadier dont 1 réserviste

5ème compagnie:2 grenadiers dont 1 réserviste et 1 musicien

6ème compagnie: 6 grenadiers

7ème compagnie: 7 grenadiers dont 4 réservistes

8ème compagnie: 1 grenadier

9ème compagnie: 1 grenadier

10ème compagnie: 1 sous-officier, 1 caporal et 3 fusiliers

11ème compagnie: 1 fusilier

12ème compagnie: 1 fusilier

M. Johanssen, dont un parent était dans ce régiment, a relevé tous les noms et grades des victimes. Merci de nous avoir permis d'en tirer ces chiffres et de reproduire la photo.

cimetière militaire route des Fermes (1)

cimetière militaire route des Fermes (2) Pendant la guerre, les Allemands construiront un cimetière près de la ferme de Libenne. Fançais, Belges et Allemands morts dans ce secteur y seront inhumés. Désaffecté quelques années après,   les fermiers y ont retrouvé quelques pierres tombales dans le champs remis en culture. Le curé de Maison Saint-Gérard a récemment sauvé ces vestiges en les maçpnnant dans le mur de l'église.

 

 

 

 

 

 

l'attaque allemandeLesve est tombé aux mains ennemies.

Or de Lesve à la Meuse, là où se trouve encore le 1er bataillon du 148ème ri, il n’y a que 8 km.

Cette situation a-t-elle eu une influence sur le 148ème ri ? Indirectement. Le 2ème bataillon du commandant Graussaud a dû se porter  immédiatement à Onhaye (voir les combats d’Onhaye)  laissant au seul 1er bataillon du commandant Vannière, la responsabilité de défendre la Meuse d’Yvoir à Rivière. Un seul bataillon ne pouvait s’opposer longtemps à la poussée allemande ! (voir les pages sur les combats d’Yvoir). Qu’en aurait-il été si les deux bataillons étaient restés ensemble offrant une plus grande puissance de feu ? ? Le franchissement du fleuve aurait-il été retardé ? voire empêché ?

 

 

Sources

Jmo du 43ème ri et de la division

Archives ecclésiastiques, paroisses de Lesve et de Saint-Gérard

Historiques des régiments de la Garde

 

CapturefLes informations de M. Johanssen

Photos personnelles

Mémoire des Hommes,

Gallica, journal officiel,

Archives départementales du Nord

1546151003

Carte militaire allemande, coll privée

6Général Lanrezac, Plan de campagne français et le premier mois de la guerre

 

 

 

 

 

 

 

JMO de la 1ère brigade

 

JMO 1ere brig 4Extrait

JMO 1ere brig 5

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Pour le 148ème régiment d'infanterie
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 32 428
Pages
Publicité