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Pour le 148ème régiment d'infanterie
9 octobre 2021

Deux observateurs et pilotes venus du 148ème ri, deux destins différents

Bétis Henri, pilote

H

Couverture de La guerre aérienne

Fils d’Albert et de Danielle Magnier, Henri Bétis est né le 28 novembre 1893 à Paris (10ème arr.) mais réside 10 rue Lantonnet dans le 9ème arrondissement. Lors de son appel sous les drapeaux,  sa fiche le renseigne « Professeur de boxe » un autre document le renseigne « profession avant la mobilisation : représentant de commerce ». C’est un appelé de la « Classe 13 »!

HDurant sa jeunesse il pratique la boxe à un haut niveau au point d’être finaliste au championnat national en 1911. Bien que sportif de haut niveau, il est « curieusement » ajourné en 1913 pour faiblesse et reporté pour la levée de 1914.  Reconnu, le 19 juin 1914, bon pour le service armé par la 6ème commission de réforme de Paris, il est appelé à l’activité le 2 septembre 1914. Il ne peut répondre à son ordre de rejoindre et  sera donc déclaré insoumis.

Dans l’incapacité de rejoindre

car, à ce moment, il est en Belgique (Anvers). Sa profession de commercial pourrait expliquer cette présence à Anvers, un lieu de commerce. «  Lorsque la guerre survint, elle le surprit en Belgique et fut fait prisonnier par les Allemands lors du siège d’Anvers (le 23 octobre) ». Il s’évade et gagne la Hollande. De là, il est transféré vers l’Angleterre en attendant de rejoindre la France. Comme bien d’autres, il devra accomplir un long périple avant de pouvoir regagner le sol français.

Le soldat Lorent Lucien de la 3ème compagnie du 148ème ri, égaré après le combat de Coucy-le-Château, le 1er septembre 1914, remontera vers le Nord, traversant les lignes ennemies, coupera par la Belgique et  la Hollande pour gagner l’Angleterre d’où il reviendra reprendre sa place au régiment. Son périple aura duré 6 mois.

Le 1er décembre 1915, « ayant fait sa soumission » au consulat de France à Douvres et Folkestone (Grande-Bretagne), il rentre en France, le 4,  et comme l’enquête sur son éventuelle insoumission n’est pas encore bouclée, il est dirigé, le lendemain 5 décembre, (par ordre du gouverneur militaire de Paris) provisoirement au 23ème régiment d’infanterie coloniale. «  L’affectation provisoire dans ce régiment serait à considérer comme une mesure de sûreté, sinon une punition", c’est l’avis d’un spécialiste. Heureusement, le 24 mai 1916, il fait l’objet d’une ordonnance de « non lieu »  en ce qui concerne son absence et le 26 suivant , il demande à quitter la coloniale et est dirigé « librement » sur le 148ème ri dont le dépôt est à Vannes . Il y suit une instruction afin de se préparer au métier de fantassin. Le régiment est, à cette époque, en Orient

Le 5 juillet 1916, il se marie, à Paris, 18ème arr. avec Louise Jouin.

mariage betisL'acte de mariage, extrait et sa signature au bas du document

mariage betis 2Le 30 août suivant, après quatre mois d’instruction et suite à sa demande, il est détaché au 1er groupe d’aviation de Dijon. Présent comme élève pilote le 1er septembre 1916 , il sort avec le brevet le 29 janvier 1917 et nommé caporal le 15 février 1917 alors qu’il suit à  Châteauroux une formation d’acrobaties aériennes, les bases des combats. Breveté le 1er mars 1917, il rejoint le jour même sa nouvelle affectation, l’escadrille F71 à Sainte-Ménehould. Une escadrille dotée, en 1917,  de Farman F40 et de Salmson-Moineau 1. Il combattra à bord de ces appareils.

 

escadrille 218 farman de reconnaissanceUn Farman F40 de reconnaissance, la place de l'observateur et derrière lui, le pilote

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silhouette 0a

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 sergent Bétis pilote et le caporal mitrailleur du Bois d'Aische

2 lieutenant Reibell, photographe et le pilote maréchal des logis Clément

3 sergent Boulaire , pilote et le caporal mitrailleur  Lahémade

4 adjudant Pons, pilote et le sergent mitrailleur Couture.

 Le dernier combat

La mission dans le JMO de l'escadrille

HExtrait du JMo , les pertes pour la journée

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000 Betis Henri

 

 

Bien que blessé grièvement d’une balle au ventre, il trouve encore  l’énergie pour  ramener son appareil dans les lignes. Un atterrissage laborieux.

Dégagé de son avion, il est soigné à l’ambulance 6/5 à Sainte Menehould et décoré de la Médaille militaire sur son lit d’hôpital le 24 juillet 1917 par le général Hely d’Oissel. Promu sergent le 25 juillet, il décède des suites de ses blessures le 27.

Dans le JMO de l’escadrille F71 :

Les équipages sont cités à l’ordre de l’armée pour leur bravoure.

« ont engagé au cours d’une mission aérienne au-dessus du champ de bataille, un très dur combat contre sept appareils ennemis, terrassé deux de ces derniers qui sont venus s’écraser au sol, ont réussi ensuite à atterrir dans nos lignes criblés de balles, deux pilotes blessés, le sergent mitrailleur tué".

Pour sa Croix de guerre, la citation : « Pilote d’une audace exceptionnelle et d’une remarquable bravoure, a abattu l’un d’eux, obligé un autre à atterrir désemparé, dégageant ainsi l’avion qu’il protégeait ».

Il laisse une jeune veuve.

 

HHenri Bétis et son avion lors de son atterrissage après son combat

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HSa fiche Mort pour la France et un article relatant sa mort

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HLa citation dans le Journal Officiel, lois et décrets

Selon Adolphe du Bois d’ Aische, le mitrailleur accompagnant H. Bétis:

HUn Belge qui s'est engagé, en 1904, à la Légion étrangère et qui a demandé sa mutation dans l'aviation

 « Le 24 juillet 1917 est un jour mémorable. Sur A.R. avec Bétis comme pilote et en compagnie de 3 autres A.R. nous partons pour une mission photographique lointaine. Nous nous voyons attaqués par une escadrille d’as, celle de Richtoffen. Vous pensez si c’était une aubaine ! Il y avait une douzaine ( sept pour d’autres sources) d’appareils ennemis, nous étions quatre ».

L'escadrille Jasta 11, était commandée par Richtoffen, dit  le Baron Rouge  car il avait peint son avion en rouge. Or à l’époque, cette escadrille était basée, du 2 juillet au 22 novembre 1917 , près de Courtrai, dans les Flandres (Belgique). Parmi les aviateurs de cette escadrille, outre le frère du baron rouge,  il y avait un pilote (1 victoire) qui allait devenir tristement célèbre par après... Hermann Goering. Quant au nombre d’ennemis, une douzaine ou 7 avions ?

HL’adjudant Pons, un autre membre de la mission

 

 

 

 

 

 

Sources

Merci à Monsieur Bruno Couplez pour le partage des informations.

Mémoire des hommes, fiche Mort pour la France et personnel de l’aéronautique militaire, fiche

Gallica, La guerre aérienne illustrée, les articles des 3 janvier, 27 février, 30 août, 6 septembre et 27 septembre 1917. Photos et compte-rendu de la mission.

https://gallica.bnf.fr/services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&startRecord=0&maximumRecords=15&page=1&collapsing=disabled&query=arkPress%20all%20%22cb327844357_date%22%20and%20%28gallica%20all%20%22betis%22%29

Gallica, journal Le Petit Parisien, la nécrologie

Journal officiel, lois et décrets, citation

Etat civil Paris, registre des mariages AD 75, 1916, mariages, 18ème arr. 18M469

Aérodrome allemand  pour l‘escadrille Jasta 9

https://translate.google.com/translate?hl=fr&sl=en&u=http://www.theaerodrome.com/services/germany/jasta/jasta9.php&prev=search&pto=aue

Les As Oubliés 14-18

https://www.asoublies1418.fr/index.php/escadrilles/51-75-b/escadrille-mf-71-f-71-ar-71-sal-71/94-b-personnel/686-betis-henry

 Photos du Farman, coll. privée

 

Le sous-lieutenant Frimat du 148ème a demandé, lui-aussi, sa mutation vers un groupe d’aviation.

Fils d’ Alphonse et de Pauline Richeval domiciliés à Valenciennes, René Frimat est né le 15 mai 1887 à Valenciennes. Il s’engage comme volontaire pour 3 ans à la mairie de Valenciennes au titre du 1er régiment d’infanterie qu’il rejoint le 31 août 1906 comme soldat de 2ème classe. Le 11 avril 1907, il est nommé soldat de 1ère classe puis caporal le 14 juin suivant et enfin sergent le 27 décembre de la même année. Son engagement terminé, il est renvoyé dans ses foyers le 30 août 1909 et  passe dans la réserve,  affecté au 1er ri caserné à Cambrai.

Frimat 4Promu sous-lieutenant de réserve et sa présence sur la liste des reçus

Frimat 2

 En 1913, comme sergent dans un régiment d’infanterie, il présente le concours afin de devenir sous-lieutenant de réserve et le réussit. Le voilà officier et affecté au 110ème ri caserné à Dunkerque. 1913, suite à sa nomination, il est « autorisé à accomplir  un stage d’un an renouvelable au 148ème ri. Incorporé à ce régiment, il entame, le  11 février 1914, une  formation  au laboratoire de téléphotographie de Chalais-Mendon. Cela déterminera-t-il sa prochaine orientation ?

Août 1914, la guerre éclate, il revient au 148ème dans la 11ème compagnie  du capitaine Roques comme sous-lieutenant de réserve.

Dans un premier temps (du 4 au 9 août), en garde des ponts sur la Meuse de Givet à Fumay, le 3ème bataillon entre en Belgique le 9 août et prend positions, le 14 août,  à Anseremme (9ème cie) , Dinant (10ème et 12ème cies) et Bouvignes (la 11ème cie) pour interdire le franchissement du fleuve par le pont et/ou le barrage-écluse de ces bourgs.  Il est donc présent à Bouvignes, un petit bourg, face à la ville de Dinant.

http://148emeri.canalblog.com/archives/2018/04/17/36329295.html

Le lendemain, 15 août, il y reçoit,  aux commandes de la 2ème  section,   son baptême du feu et fait un rapport de l’engagement : « une section ennemie se  présenta dans mon secteur, je fis ouvrir le feu, cette colonne qui était par colonne par 4 se dispersa aussitôt en tirailleurs. L’ennemi se trouvant sur une crête à environ 500 m caché derrière des buissons, je ménageais les munitions pendant que l’ennemi dirigeait  sur nous une fusillade continue tant des tirailleurs que des mitrailleuses que de l’artillerie. Grâce à une forte tranchée pour tirer, ma section est sortie indemne du combat.  À 17 heures notre artillerie obligeait l’ennemi à battre en retraite. Les hommes de ma section ont conservé leur calme pendant la durée du combat". "Les caporaux Robinet et Delmont ont de plus obtenu des résultats remarquables dans leurs tirs ». Le caporal Robinet sera grièvement blessé à Berry-au-Bac lors d’un combat au corps à corps quant au caporal Delmont, il sera également grièvement blessé lors du combat de Quennevières.

Fortement  éprouvé après ce premier combat, le bataillon se retire à Bioul pour se reconstituer. Et le 22 août, il remonte en ligne  dans la position fortifiée de Namur où  il  y est envoyé afin de reprendre la  position de Beauloye enlevée par les Allemands. Une attaque, baïonnette au canon, la place est reprise    http://148emeri.canalblog.com/archives/2019/01/08/37000980.html

Mais, sous la réplique allemande, il faut rapidement l’abandonner. « On est haché sur place » rapporte le lieutenant-colonel Grumbach, commandant le détachement français (2 bn du 45ème et 1 bn du 148ème ) ! Le repli est ordonné et le 3ème bataillon isolé de son régiment ne rejoindra qu’à Rocroi. La retraite vers la Marne commence et le 1er septembre, c’est le combat de Coucy-le-Château. Un revers pour le régiment. Lors du repli, la 11ème cie est isolée et mettra une quinzaine de jours avant de rejoindre le régiment à Berry-au-Bac.

Frimat 8extrait de son dossier Légion d'honneur

  Le sous-lieutenant  se bat à Berry-au-Bac pour la défense du pont. Mais le 24 septembre 1914, lors de l’attaque de la ferme de Choléra, il est blessé, « choc par éclatement d’obus de gros calibre ». Emmené vers l’arrière, il reste un an (jusqu’au 23 septembre 1915) sans rejoindre.  Durant sa convalescence, il est promu, le 2 juin 1915, lieutenant. Il ne reviendra plus reprendre sa place au 148ème ri et demande d’intégrer un groupe d’aviation.

Frimat 9 blessureLes circonstances de sa blessure. JMON du 148ème

 

Frimat 9Ses différentes missions, extrait de son dossier Légion d' Honneur

  Le 23 septembre 1915, il rejoint le 2ème groupe d’aviation de la 8ème armée comme observateur. Des missions dangereuses l’attendent

Le 16 août, il est cité  « alors qu’il est commandant d’une section de photographie-observateur en avion, il est allé prendre  au-delà des lignes des points importants et a subis plusieurs fois sans se détourner de sa mission, le feu précis de l’ennemi et l’attaque d’avions plus rapides et mieux armés ».

Les 10 octobre et le 7 novembre 1916, son avion est gravement atteint par des éclats d’obus. Malgré cela, il rentre à la base

Le 20 décembre 1916, au cours d’une mission photographique sur la forêt de P…. a pu malgré les difficultés de la manœuvre crées par l’appareil photographique de 1,20 m se dégager par son sang-froid et son adresse.

Il est promu capitaine le 31 décembre 1916. Observateur ne lui suffit plus. Il suit les cours de pilotage et, breveté le 30 octobre 1918, est affecté à la 2ème région aéronautique de Versailles. La guerre se termine, il poursuit sa carrière militaire et après avoir fait partie de différentes escadrilles dans diverses bases, il est promu au grade de lieutenant-colonel en 1936 commandant une base aérienne.

Frimat 3Sa fiche  militaire et sa campagne

Frimat 5

 

 

 

 

 

 

 

Frimat 6Son parcours militaire entre 1906 et 1921.

z frimat rené 3

sources

Mémoire des Hommes, JMO du 148ème RI et personnel de l'aéronautique militaire

SHA, Vincennes, rapports d’officiers du 148ème ri, rapport du sous-lieuteant de réserve Frimat

Journal Officiel lois et décrets, le 8 juin 1913, nommé officier de réserve.

Base Léonore, son dossier officier de la Légion d’Honneur.

Sa fiche matricule, 1907, Valencienne, n°1155 aux AD du Nord étant non consultable (registre disparu), c'est son dossier de la Légion d'honneur qui a servi de base pour retracer son parcours.

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