Le 16 septembre 1914, à Berry-au-Bac
Joseph Degaugue est dans les tranchées à Berry-au-Bac, les 16 et 17 septembre. Les pièces d’artillerie ennemies pilonnent les positions françaises.
"Le bombardement dure toute la journée"
Dans la tranchée occupée par J. Degaugue et ses camarades, c'est l'enfer. Il écrit dans son carnet...
« Un obus bouleverse tout. Je suis entouré de morts. Un shrapnell tue Gobert près de moi. Les blessés crient. Stoclet agonise derrière moi, se tord dans les affres de la mort. Les caporaux Servais et Masson sont tués. Le soir Stoclet est mort sur le terrain , Fouquet est mort aussi. Passeflort est grièvement blessé".
Le 18 septembre 1914
« Quelle triste besogne que d’enterrer les morts. Gobert est enterré près d’un ruisseau avec les caporaux Servais et Masson et le soldat Stocklet ».
Extrait du JMO du 16 septembre,
"5 soldats tués, 34 blessés et 4 disparus".
Ce sont donc A. Gobert, G.Stoclet, E.Fouquet, le clairon A. Masson et le caporal J.J. Gabriel Servais.
Des noms que l'on retrouve dans la liste des pertes pour la période du 13 au 25 septembre 1914.
Les victimes
Gobert Alexandre, né le 16 janvier 1893 à Denain, fils d'Alexandre et de Lambert Honorine, il exerçait la profession de traceur. Soldat de 2ème classe, classe 1913
Fouquet Ernest, né le 9 juin 1892, fils de feu Félicien et de Gallois Rosalie, il exerçait la profession de journalier. Soldat de 2ème classe, classe 1912
Stoclet Georges, né le 16 mai 1890, à Landrecies, fils d'Augustin et de Lobry Marie Juliette. Il exerçait la profesion de cultivateur. Soldat de 2ème classe, classe 1910.
Masson Albert, né le 28 août 1892 à Revin (mais résidant à Paris lors de son incorporation), fils de Nicolas et de Nangnière Catherine, sans profession . Soldat de 2ème classe, clairon, classe 1912. " Passé dans le 148ème ri pour convenances personnelles par décision du général commandant le 5ème corps d' armées.
Les frères Servais
Leur tombe au cimetière de Haybes.
Servais Julien Joseph GABRIEL, né le 9 juin 1891 à Haybes, fils de Jacques et de Colin Marie-Céline, il exerçait la profession d'ardoisier. Caporal le 7 novembre 1913.
A son décès, il ignorait que son frère Servais Julien Joseph CAMILLE, lui aussi au 148ème ri, venait d'être tué 3 jours plus tôt, au combat de la Chapelle.
Le soldat Passefort Edmond, soldat de 2ème classe,
né le 22 juillet 1889 à Fumay, fils de Lambert et de Debieuvre Philomène, ajusteur de profession marié à Bouchy (?). décédera des suites de ses blessures à l'hôpital de Chartres.
Chaque famille recevra un secours de 150 fr pour la perte de leur fils. Il y aura pour chacun un jugement déclaratif d'un tribunal pour fixer la date des décès vu que les corps n' ont pas été retrouvés.
En septembre 1915, le régiment va bientôt quitter Berry-au Bac pour son départ vers l'Orient, Joseph Degaugue revient sur les lieux des combats.
Le 14 septembre 1915.
« J’essaie d’aller revoir mon infortuné ami Alexandre Gobert. Je fais un bouquet que je ne peux malheureusement pas lui porter ce jour car il y a d’épais réseaux de ronces artificiels et la cote 108 domine tout. Elle est maintenant aux mains des Boches. En quel état doivent-ils être à 5 dans le même trou pour sépulture de fortune ».
Sources
JMO du régiment
Mémoire des Hommes, les fiches MPLF
Archives départementales des Ardennes et du Nord pour les fiches matricules.
Carnet de guerre de Joseph Degaugue AD72 1j1472
Photo personnelle