Une ville de garnison, Givet
Givet, une ville de garnison,
Lorsque vient s’installer le 148ème RI, Givet est une petite ville de province qui profite de sa situation sur la Meuse pour développer ses potentialités économiques.
La Meuse, axe commercial de première importance, sera doublée par la construction d’une ligne de chemin de fer en 1862, reliant la Belgique à la France et secondée par un réseau routier sans cesse amélioré. Des améliorations qui boostent les industries locales en leur facilitant leurs exportations et importations vers ou de la Belgique.
On devine l'importance de la gare de Givet et donc le volume de marchandises qui transite par cette petite gare. Les entreprises locales profiteront de ce moyen pour exporter leurs productions ou importer les matières premières utiles à leur production. Que ce soit vers Charleville, ou vers la Belgique, le transport ferroviaire sera capital pour le développement économique de la ville. C'est d'ailleurs par le train que le régiment entrera en Belgique: Givet-Dinant en s'arrêtant à Hastières et Anseremme.
Devant la gare... les véhicules de transport mais aussi quelques soldats
Des usines métallurgiques mais également lainières et des carrières constituent l’essentiel de ce tissu économique, des entreprises qui donnent du travail à toute une population. En épluchant les fiches matricules pour la région de Givet, on rencontre des métiers gravitant autour de ces pôles de production: des ouvriers d’usine, des tourneurs sur fer, ajusteurs, fondeurs, lamineurs..., des tisseurs, peigneurs et rattacheurs pour le secteur lainier mais également des tailleurs de pierres, des mécaniciens.... Des mariniers, des voituriers et des rouliers et les commis manutentionnaires au chemin de fer assurent les transports, Autour de cette multitude active gravitent des métiers qui répondent aux besoins de la population, des coiffeurs, des tailleurs d’habits et des commerçants comme les marchands de légumes qui écoulent la production des cultivateurs. Le nombre d'employés de banque donnent une idée de la présence de ce secteur financier. Bref un tissu socio-économique riche en opportunités.
Un marché hebdomadaire se tient sur la place de la Mairie et approvisionne cette clientèle provinciale pour l'essentiel de ses besoins.
Givet, une présence militaire
La ville avec sa citadelle construite à la demande de Charles-Quint et ses casernes construites par Vauban a toujours été militairement très active. Mais ce n’est qu’en 1870, suite à la défaite contre l’Allemagne, que la ville va prendre une importance plus stratégique. Sa proximité de la frontière n’est pas étrangère à cette mutation.
Ville de garnison. Que dit le dictionnaire ? « Une ville de garnison est une commune où une unité militaire est implantée à titre permanent, dans la plupart des cas à l'intérieur d'une ou plusieurs caserne(s). Une garnison est le corps de troupe stationné dans une place forte afin de la défendre contre un ennemi éventuel ».
Cette garnison surveillera donc la Meuse et la pointe de Givet presqu’enclavée dans la Belgique. Une région à surveiller car de tout temps l’Entre-Sambre-et-Meuse a été un axe de pénétration vers le territoire français. Avant l'arrivée du 148ème RI, les casernes étaient occupées par le 147ème RI.
A gauche, la caserne Charbonnier, en ville, la caserne Rougé hors de la ville.
Le régiment fait partie intégrante
de la vie de la cité.
La population est habituée de voir passer les soldats revenant de longues marches dans les campagnes voisines, de les voir s’exercer sur l'esplanade, défiler lors d'une manifestation ou bien encore investir la ville, les soirs de permission. Elle profite également des concerts donnés par la musique du régiment. C’est une aubaine économique pour le bourg mais également pour les villes voisines comme Charleville… Plus de 2000 hommes de troupe dans une petite cité, cela se remarque. Givet, ville de garnison, vit donc à l'heure militaire et profite, commercialement parlant, de cette présence. En tout premier lieux, les commerçants et à titre d’exemple, le photographe trouve chaque année une clientèle pour « se faire tirer le portrait ». Des cartes postales illustrant la présence de ce régiment sont tirées en grand nombre. Est-il saugrenu de penser que les pioupious de l’époque en achetaient pour les envoyer à leur famille? A l’époque, qui faisait des photos ? Un autre aspect d'un impact économique: les officiers du régiment résident en ville, dans des maisons qu'ils louent le temps de leur mutation, le colonel Lorentz habitait rue de Méhul, n°5, et faisant vivre le commerce local.
Musique en tête, le régiment traverse la ville.
La présence du régiment dans le quotidien de la population
En ville comme sur les routes de campagne, on rencontre de la troupe.
Le défilé du 14 juillet, une fête que personne ne manque. Le régiment défile dans la ville avant de se concentrer sur la place Méhul. René Vidart participait en ce 14 juillet 1912 au meeting de Givet avec son copilote Vergniault sur un Morane-Saulnier à moteur Le Rhône. Pilote lors de la première guerre, blessé lors d'un entraînement, il ne pourra plus jamais piloter. Cette photo aurait été prise prise depuis son avion. Pour son histoire cfr: http://www.pionnair-ge.com/spip1/spip.php?article194
A certaines occasions, la musique du régiment donne des concerts
Un concert donné par la "musique" du régiment
Le chef Beaumont et sa "musique" en 1903
Le programme du concert donné le 10 septembre 1907.
Givet, une petite ville de province qui accueille le 148ème régiment d'infanterie
Les contacts avec la Belgique sont nombreux, économiques certes mais également au niveau de la population. Franchir la frontière après un contrôle du douanier.
Sources
cartes postales anciennes