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Pour le 148ème régiment d'infanterie
12 septembre 2021

L'adjudant Vital Dequéant, plusieurs blessures, deux citations et la Légion d'honneur

De 1, ZouaveVital Dequéant est né le 25 mars 1884 à Dury (Pas-de-Calais), fils naturel de Dequéant Alida . «  Fils naturel non reconnu » disent les archives. Il exerce la profession d’ouvrier agricole lorsque le 29 octobre 1904, il signe, à la mairie d’Arras,  un engagement pour le 1er régiment de Zouaves. Il mesure 1,71m et possède un niveau d’instruction générale de 3.

Arrivé au corps comme soldat de 2ème classe, le 5 novembre 1904, il découvre l’Afrique du Nord car le régiment est en garnison à Alger. Bien que stationné en Algérie, le régiment participe aux opérations militaires dans la région de Casablanca (Maroc). Caporal le 16 août 1905 et sergent le 4 octobre 1906, il est remis, à sa demande, caporal le 28 octobre 1907.

L'uniforme du zouave à la même époque

De 2, ZouaveDes éléments de la tenue du sergent Vital Dequéant (conservés par la famille)

« La chéchia est accompagnée du gland bleu foncé des Zouaves. La tresse plate en fil métallique doré sur la tête du gland indique un sous-officier. Cela permet de dater l'ensemble de son temps de sergent (1906-07). Le gilet bleu foncé modèle 1879 fait également partie de la tenue des Zouaves. Il est réglementairement orné d'une tresse plate garance sur le col et le devant. Le gilet se porte accompagné d'une veste courte ouverte, ce qui laisse la tresse plate dudit gilet visible. Ici, elle est  personnalisée (cas assez fréquent chez les sous-officiers) en ajoutant de courtes broderies dont les vestiges sont visibles de part et d'autre de la tresse du devant ».

De 3, Casablanca (1)Ses deux décorations de cette époque en Afrique du Nord

De 3, Casablanca (2)Il est donc en Algérie, du 2 novembre 1904 jusqu’au 3 mars 1909, avec une incursion au Maroc pour participer, du 1er juillet 1908 au 6 octobre 1908, aux opérations militaires dans la région de Casablanca. Il y est remarqué et le 22 septembre 1908, il est cité pour, lors du débarquement au Maroc, pour avoir dirigé, en dominant la fièvre qui le minait, « le chantier des transports des rails ». Son attitude durant cette période lui vaudra d’être décoré de la médaille « chevalier de 1ère classe du Nicham Iftikar » le 5 août 1908 (à droite)  puis de la médaille du Maroc avec l’agrafe Casablanca, (à gauche).

La vie militaire semble lui plaire. Il signe un nouvel engagement pour deux ans le 28 octobre 1907. A-t-il la nostalgie de la terre de France car en février 1909, il rentre en métropole et est muté au 148ème régiment d’infanterie qu’il intègre le 25 février 1909.

De 4, GivetAu 148ème ri en 1912. Il porte ses deux médailles.

Dans un premier temps comme caporal rengagé mais il repasse rapidement sergent le 27 février 1909.

De 5, 148ème régiment d'infanterie

 

La 6ème compagnie en 1912, de gauche à droite, le  sous-lieutenant Jolif, le capitaine Simon, l’adjudant Héron et le sergent Dequéant.

D’engagement en engagement, (1909, 1910, 1911 et 1912 comme sergent, 1913 comme sergent-major) il gravit les échelons de la hiérarchie des sous-officiers dans la 6ème compagnie du capitaine Simon pour devenir le 1er août 1914 adjudant dans la 3ème compagnie du capitaine Villard.

De 6, Givetsa cantine

 

 

 

 

De 15, au 418ème régiment d'infanterie

Son parcours au 148ème ri.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En 1910 une lettre de félicitation du Président de la République pour son comportement durant les graves inondations à Givet en février 1910.

De 7a , Givet

 

Le régiment a aidé la population.

 

 

 

 

Le mariage en 1910,

De 9 les mariésLes jeunes mariés en 1910

 Le 29 du mois de mars, à 11h 15 du matin précisent les actes, Vital Dequéant, âgé de 26 ans, sergent au 148ème ri, se marie avec la demoiselle Germaine Lucie Marie Davy âgée de 20 ans, sans profession. C’est la fille de Florent Davy âgé de 46 ans, soldat musicien au 148ème ri et de Marie Demuth, âgée de 42 ans, cantinière au même régiment. Les témoins sont :Joseph Davy, frère de la mariée, âgé de 22 ans, soldat au 147ème ri (Sedan) et de Gustave Laurent, âgé de 42 ans, oncle par alliance de la mariée, du côté du marié, ce sont Marie Joseph Amédée Eugène Simon, (son) capitaine et Albert Roger, lieutenant tous deux appartenant au 148ème ri.

De 8, mariage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De 8a ,témoins

Le capitaine Simon et le lieutenant Roger du 148ème ri seront ses témoins

Août 1914 ! Suite à un appel du roi des Belges, des troupes françaises entrent en Belgique. Le régiment, cantonné à Givet, de par sa proximité de la frontière belge, est chargé de la défense des ponts sur la Meuse entre la frontière et Rivière, au sud de la position fortifiée de Namur. Le 6 août 1914, le 1er bataillon s’embarque à la gare de Givet à 15h 45 en direction de la Belgique « Le train de combat fait le trajet par voie de terre ». Le soir même, tous les éléments du bataillon sont en place entre la frontière et Bouvignes (Dinant), avec la 3ème compagnie qui occupe le village d’Anseremme face au pont ferroviaire et le barrage écluse. Une position déjà « visitée », la veille, par une reconnaissance allemande, ce qui avait affolé la population. Une population qui accueille chaudement ces défenseurs alliés qui « croulent littéralement » sous les distributions de cigares, cigarettes, bières et autres vivres,  « le 9, un wagon de victuailles don de la ville de Gosselies, est distribué aux compagnies du 1er bataillon ».

Le 7 août, différents partis d’éclaireurs allemands se présentent face aux différents ponts défendus par le 1er bataillon mais refusent le combat, se dérobant dès qu’ils sont découverts. L’ennemi circule déjà sur la rive droite de la Meuse venant se rendre compte des moyens de défense.

Le 8 août 1914, le commandant Vannières ayant installé son poste de commandement à Moulins  (Anhée), place ses compagnies devant les nouveaux ponts et barrages écluses à défendre Anhée, Houx, Yvoir et Annevoie-Rouillon. La 3ème compagnie doublée par la 2ème cie et la section mitrailleuses s’occupent d’interdire le passage du pont d’Yvoir.

Le 9 août en soirée, suite à l’arrivée des deux autres bataillons, tout le régiment est en place en Belgique. Le 148ème ri, au grand dam du colonel Cadoux, est sans appui d’artillerie ni de cavalerie pour assurer la couverture d’un front de plus ou moins 30 km.

De 10, Yvoir, AnhéeVus d'Yvoir, la gare et  le pont, le village d'Anhée se trouve de l'autre côté du fleuve

Du  8 au 22 août, la 3ème compagnie, de concert avec soit les 2ème ou 4ème compagnies,  et renforcée de la section mitrailleuses, restera le plus souvent en défense du pont d’Yvoir, le point de passage le plus exposé après celui de Dinant,. Le 17, toutefois, elle relevée par des éléments du 45ème ri et glisse dans le village voisin de Hun . Elle reviendra très brièvement à Yvoir le 22 y laissant la 4ème compagnie du capitaine Gantlet avant de se retirer vers le pont de Rouillon-Annevoie.

Le 23, l’ennemi tente de forcer le passage du fleuve. Le 3ème bataillon engagé à Namur, le 2ème bataillon combattant à Onhaye, le 1er bataillon demeure seul pour défendre le secteur mosan Rouillon-Anhée. Un bataillon devant deux régiments appuyés par le d’artillerie et de nombreuses mitrailleuses. Le repli s’impose. Les 1ère , 2ème et 3ème compagnies touchées à peu près simultanément par l’ordre de repli ont pu se retirer sans trop de difficultés, il n’en est pas de même pour la 4ème compagnie. Rassemblées à Bioul, les trois compagnies se mettent en route pour atteindre le point qui leur a été fixé.  En revanche, la 4ème compagnie sévèrement accrochée se repliera tardivement, avec de lourdes pertes. Les trois compagnies, (1ère,2ème et 3ème cies)  rejoindront le gros du régiment à Agimont dans la journée du 24. La retraite commence,  en marche vers la Marne.  Des journées de marches forcées, sans grand repos voire sans ravitaillement. Le 1er septembre, le régiment, sortant de Coucy-le-Château en direction de Soissons est arrêté par un fort parti ennemi. N'ayant pas le choix, le colonel Cadoux engage un combat, un combat disproportionné. Toutes les compagnies butent sur une défense bien organisée et soutenue par le l’artillerie. La 3ème compagnie appuyée par des mitrailleuses ne peut poursuivre son effort. Le 148ème ri risque l’encerclement. Alors devant l'impossibilité de forcer les lignes ennemies, le colonel profite de la nuit pour défiler son régiment. Plusieurs compagnies, au total 1600 hommes,  ne rejoignent pas le lieu de ralliement. La 3ème compagnie, elle, est présente. Ce qui reste du régiment reprend alors sa marche vers la Marne qu’il atteint le 5 septembre en soirée. Un bref repos avant de repartir à la conquête du terrain perdu. Ce sera la poursuite de l’ennemi.

La marche en avant reprend.

De 11, CormicyExtrait du JMO du 148ème ri

 La 3ème compagnie ouvre la route au gros du régiment.

 

 

 

 

De 12, CormicyCormicy, la poste et le magasin "Comptoirs de France"

A Cormicy, le 148ème ri doit investir le village car il semblerait que les  Allemands l’occupent encore. Il faut les en déloger. Ce sera le  premier contact avec l’ennemi depuis Coucy-le-Château. Le commandant Vannière prend ses dispositions. Le village est abordé par les 2ème et 3ème compagnies. Le reste du régiment prend une formation de rassemblement le régiment largement articulé à l’Est du village. La fouille du village commence. L’ennemi s’est retiré avant l’arrivée des Français, néanmoins une cinquantaine de prisonniers sont faits.

De 13 Berry-au-BacExtrait du JMO du 148ème ri

  La progression reprend vers Berry-au-Bac dont la reprise n’est qu’une formalité, l’ennemi a vidé les lieux. L’adjudant Dequéant prend position à l’écluse avec sa section. La réaction des Allemands ne se fait pas attendre. Leur artillerie entre en action. Dès à présent, la mission du régiment est d’interdire les débouchés du bourg en défendant les ponts et les écluses. Immédiatement, l’artillerie ennemie arrose  le terrain entre le canal et la côte 91. «  Quelle pluie d’obus, un obus tombe près de moi , un adjudant est blessé près de moi » note Joseph Degaugue dans son carnet. Serait-ce l’adjudant Dequéant dont parle le JMO ? Profitant de la couverture de leur artillerie, les Allemands, un bataillon du 4ème grenadiers de la garde et deux bataillons du IR 56, investissent le village ouvrant aussitôt le feu sur les compagnies du Ier bataillon. L’attaque est violente. L’artillerie française donne de la voix pour aider les défenseurs qui, malgré la fatigue, résistent. La lutte est violente. Entraînés par leurs chefs, « les hommes font preuve de vaillance digne d’éloges »: Comme son supérieur le lieutenant Coste qui a maintenu ses hommes au débouché du pont pendant la nuit du 14 au 15 septembre et la journée du 15, l’adjudant Dequéant est resté crânement à la tête de sa section… « bien qu’il n’existât aucun abri pour les tireurs et malgré le feu et les attaques de l’ennemi ».  Vital  Dequéant qui, bien que blessé à la tête, « a repris le commandement de sa section après un pansement sommaire fait sur place ». Il a été blessé une seconde fois et «  n’a consenti à quitter sa troupe qu’épuisé par se perte de sang et sur l’ordre formel du commandant de sa compagnie ». " Blessé par balle à la main gauche et à la tête".

De 14, blesséExtrait du JMO du 148ème r.      Il est  alors évacué vers l’arrière. Il ne sera pas de l’assaut du lendemain pour reprendre Berry-au-Bac, un engagement  causant de lourdes pertes à l’ennemi dont  plus de 200 prisonniers. Il sera soigné dans un hôpital de l’arrière et ne rejoindra plus le 148ème. Après sa convalescence, il sera muté, le 15 avril 1915, au 418ème ri où il sera encore remarqué  pour sa combattivité et promu sous-lieutenant à titre temporaire le 7 juillet 1915.

 

De 16, 418ème riCe qu'il a vécu au 418ème ri.

De 17, au 418ème riExtrait de son dossier de la Légion d'Honneur.

Son képi gardé précieusement par la famille

Le 418ème ri est très actif et plus d'une fois exposé sérieusement aux troupes allemandes, en Champagne en 1915,  à Verdun en 1916 puis dans L'Aisne en 1917.

Au feu de l'action, il sera blessé.

Blessé à Beauséjour le 26 septembre 1915 d'une balle à la cuisse  et au pied droit, il est de nouveau évacué vers l’arrière, il rentre le 25 janvier 1916 pour reprendre  sa place dans sa compagnie.

Blessé à Douaumont le 27 février 1916 par balle à la jambe droite, il est  évacué  vers un hôpital de la région lyonnaise. Il  rejoint sa compagnie  le 8 octobre 1916.

De 24 convalescenceEn convalescence  parmi d'autres blessés dans un hôpital lyonnais d'où il écrit à sa famille

De 25 convalescence

Blessé à la jambe droite ce serait donc pendant les soins après sa blessure de février 1916

 

En 1916, il est promu chevalier de la Légion d’Honneur.

 

 

Le 2 décembre 1916, il demande à son colonel de transmettre  une demande de titularisation au grade de sous-lieutenant, ce qu’il obtiendra le 14 février 1917.

De 18 signatureSa demande de promotion et la publication de sa nomination

De 18, promotion

 

 

 

Promu sous-lieutenant à titre définitif le 14 février 1917

 Hélas le 16 avril 1917, il trouvait la mort au combat de Vendresse , blessé grièvement dans les parallèles de départ. « Plaie multiples et fracture du crâne par éclat d’obus, décédé le 16 avril à 13h30 et décédé à l’ambulance 2/153 à Vendresse et Troyon ». Une attaque coûteuse en vies….

De 20 pertesExtrait du JMO du 418ème ri

4 officiers tués,  14 officiers blessés, 77 hommes tués et 290 hommes blessés et 13 disparus.

Il est parmi les officiers mortellement touchés.

 

 

 

De 19, Mort pour la FranceSa fiche Mort pour la France et une autre citation à l'ordre de l'Armée.

De 19 citation

 

 

 

De 22, citation

 

 

 

 

 

 

"Brillant officier, plein de bravoure et d'initiative..."

 

 

De 26, sa veuveSa veuve, sa fille et son beau-frère en 1919

La famille fera rapatrier sa dépouille en 1919 dans le carré des corps restitués à Givet.

De 21, GivetSa pierre tombale au cimetière de Givet, carré des corps rapatriés. Une erreur sur sa date de naissance 1881/1884. Le monument aux morts de Dury, son village natal.

De 27, Dury

 

 

 

 

 

 

 

 

De 22, détenteUn très rare moment de détente, loin de l'horreur de la guerre,  pour le sous-lieutenant Vital Dequéant au 418ème ri.  En repos, en convalescence?

Ses décorations

De 25, décorations

 

 

 

 

 

 

Le Bulletin Ardennais du 9 juillet 1916

zzz dequeant 1

 

 

 

 

zzz dequeant 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

zzz dequeant 3

 

 

 

 

 

zzz dequeant 4

 

 

Sources

Documents de famille, merci à Mr. D. Dupont pour le partage.

Gallica, Bulletin Ardennais du 9 juillet 1916

Mémoire des Hommes, JMO des 148ème ri et  418ème ri.

AD 08, Etat civil Givet, Mariage 1904-1912, 2E190/71 en date du 10 septembre 2021 

https://archives.cd08.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php?arko=YTo2OntzOjQ6ImRhdGUiO3M6MTA6IjIwMjEtMDktMTIiO3M6MTA6InR5cGVfZm9uZHMiO3M6MTE6ImFya29fc2VyaWVsIjtzOjQ6InJlZjEiO2k6NDtzOjQ6InJlZjIiO2k6MTU0MTM7czoxNjoidmlzaW9ubmV1c2VfaHRtbCI7YjoxO3M6MjE6InZpc2lvbm5ldXNlX2h0bWxfbW9kZSI7czo0OiJwcm9kIjt9#uielem_move=525.2000122070312%2C74&uielem_islocked=0&uielem_zoom=70&uielem_brightness=0&uielem_contrast=0&uielem_isinverted=0&uielem_rotate=F

Gallica, Journal officiel Lois et décrets, citations

Cartes postales anciennes coll. privée

Commentaires sur la tenue du Zouave sont de Mr. Marcus

Photo de la tombe de Givet, photo personnelle

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