Trois officiers tués au Bois du Luxembourg

Capitaine Pecqueur

Le sous-lieutenant Pecqueur en 1912 (en haut de la photo)

Fils de Joseph et de Osten Sidonie, Henri Pecqueur est né à Saint-Omer (Pas  de Calais) le 13 février 1886 et réside à Lille. Profession soldat !

A Gauche de la photo, le sous-lieutenant Pecqueur en 1912.  Il mesure 1,80m, une taille assez rare à l’époque. La comparaison avec quelques-uns de ses hommes.

 Engagé volontaire pour 5 ans à la Mairie de Montreuil le 13 février 1904 au titre du 43^ème régiment et arrivé au corps le 21 février 1904. Caporal le 6 octobre 1904 puis sergent le 1^er octobre 1905 et exerce les fonctions de sergent-fourrier à partir du 30 mars 1906. Comme sergent, il suit les cours  à l’école de tir du camp du Ruchard du 15 novembre au 21 décembre 1907.

Rengagé pour deux ans le 5 novembre 1908, il est admis à l’école d’infanterie comme élève officier le 9 septembre 1909. Placé hors cadre par décision ministérielle du 22 janvier 1910, sous-officier élève officier le 25 janvier 1910 et promu sous-lieutenant au 148^ème ri le 1^er octobre 1910.

sorti  92^ème sur 150 élèves de la promotion Montcalm, il est versé comme sous-lieutenant au 148^ème ri, 12^ème cie

Après avoir obtenu la permission du général commandant le 6^ème corps d’armée, Il se marie le 13 juillet  1913 à Givet  à la demoiselle Doyen Berthe. Le ménage réside à Givet, ville de garnison de son régiment. Le 22 avril 1914, un garçon né de leur union.

En août 1914 il sert dans la 10^ème cie du capitaine Delorme et reçoit son baptême du feu à Dinant lors de la défense du pont. La 10^ème cie quittera en dernier lieu la ville. Fortement secouées par ce combat, les quatre compagnies  sont mises au repos à Bioul  un petit bourg sur les hauteurs mosanes. Le 22 août, le bataillon remonte au combat dans la position fortifiée de Namur. Baîonnette au canon, les fantassins aidant les troupes belges reprennent les tranchées abandonnées lors d’un assaut allemand. Position intenable sous l’artillerie lourde allemande. C’est le repli vers la Marne. De nouveau séparé du régiment, sa compagnie se fraie un chemin vers la France et rejoint le 148^ème ri à Rocroi. La marche rétrograde reprend vers la Marne. Le 1^er septembre, à Coucy-le Château,  sa compagnie est de nouveau disloquée,  il rejoint un groupe de  400  soldats commandé par le lieutenant Gane de Beaucoudray. C’est un long parcours dans les lignes ennemies afin de rejoindre le 13 septembre le régiment à Berry-au-Bac.

Il est remarqué par le lieutenant Gane de Beaucoudray qui a pris  le commandement d'un détachement égaré dans les lignes ennemies.

Capitaine Pecqueur

 A peine a-t-il repris sa place dans le régiment que ce sont les combats à Berry-au-Bac, Nommé capitaine à titre temporaire le 15 novembre 1914, il commande sa  10^ème compagnie . La prise de la cote 108 puis la reprise du village de Sapigneul.  Il y sera  légèrement blessé le 13 novembre 1914, " plaie superficielle du tégument du nez".

La cote 108

Le  IIIème bataillon s’installe sur la butte 108. La 12^ème du capitaine Boitel déploie ses sections dans les tranchées nouvellement conquises, la 10^ème compagnie du capitaine Pecqueur investit  la carrière derrière la cimenterie. La 9^ème compagnie des sous-lieutenants van Laarhooven et Degouy s’implante sur les bords du canal vers Sapigneul.  Elles contiendront les différentes attaques saxonnes. « Toutes ces attaques ont été menées avec vigueur par les Allemands qui arrivent jusqu’aux tranchées et y perdent énormément de monde ».

A Sapigneul

Le IIIème bn du commandant Roques avec les 9^ème cie- le capitaine de Beaucoudray , 10^ème cie- lieutenant Pecqueur, 11^ème cie- lieutenant Plusquellec et la 12^ème cie- capitaine Boitel buttent sur un objectif très bien défendu. Le pont de Sapigneul, détruit en grande partie et les écluses battues efficacement par les mitrailleuses et l’artillerie ennemies empêchent un déploiement complet. Néanmoins, malgré la dangerosité de la situation, les 9^ème et 11^ème cies plus deux sections de la 10ème compagnie parviennent à prendre pied sur la berge opposée. Mais rapidement clouées au sol par la violence de feux ennemis, elles ne peuvent poursuivre leur effort et attendent la nuit pour se retirer...

Hiver 14-15, comme tous les hommes du  régiment, il  endure le premier hiver passé dans les tranchées entre les fermes de Choléra et de la Pêcherie. Puis ce sera le transfert vers le secteur du Bois du Luxembourg. De nouveau les compagnies du IIIème bataillon montent à l’assaut.

Un combat fatal.

Extrait de son dossier officier sa citation.

Le capitaine Pecqueur tué à la tête de sa compagnie. Le JMO ne  donne guère d’informations sur les circonstances de sa mort. Pourquoi cette ignorance alors que les autres officiers ont tous quelques lignes donnant les circonstances de leur mort voire de leur blessure ?

La seule mention de sa mort :

Inhumé dans le cimetière communal d’Hermonville

Un secours de 400 fr sera versé le 7 janvier 1916 à sa veuve. Le capitaine Henri Pecqueur sera nommé chevalier de la Lègion d’Honneur  à titre posthume le 17 avril 1920.

Mort pour la France, dans la citation parue au Journal officiel, il y a une erreur, il n’est pas tombé devant Berry-au-Bac !

Son nom figure sur le monument aux morts des officiers sortis de Saint-Maixant

Son fils, lui-aussi prénommé Henri, deviendra pharmacien et ouvrira son officine à Vireux Molhain.

Le sous-lieutenant Valette, sous-lieutenant de réserve de la territoriale arrivé il y a quelques jours au régiment ayant demandé à venir au front, a été tué en conduisant sa section sous un feu violent d’artillerie. Ils étaient trois sous-lieutenants de ce régiment à intégrer, le 21 janvier 1915,  le 148^ème RI.

Mort pour la France

fils de feu Gabriel et de Marie Mandrillon, Valette Georges, né le 31 août 1878 à Nevers (Nièvre), mais  résidant à Paris, rue de Longchamp dans le 16^ème arrondissement, était étudiant en droit (niveau 5 d’instruction) lors de la conscription. Dispensé comme soutien de veuve puis comme étudiant en droit, il sera incorporé le 14 novembre 1899 au 119^ème ri comme soldat de 2^ème classe. Dispensé du service long, vu ses études (et le fait qu’il soit soutien de veuve), il ne preste qu’un an de service militaire Une loi le permet : "En temps de paix, après un an de présence sous les drapeaux, sont envoyés en congé dans leurs foyers, sur leur demande, jusqu’à la date de leur passage dans la réserve :
Les jeunes gens qui ont obtenu ou qui poursuivent leurs études en vue d’obtenir (dans son cas) le diplôme de licencié ès lettres… ».

Nommé caporal le 22 septembre 1900, il est envoyé dans la disponibilité le 22 septembre 1900  avec le certificat de bonne conduite accordé. Le 22 mars 1901, il est nommé sergent avant de passer, le 1^er novembre 1902,  dans la réserve de l’armée active. Il effectue néanmoins deux périodes d’exercices au 119^ème ri, l’un du 13 juin au 10 juillet 1905, le second du 22 mai au 7 juin 1909. Le 1^er novembre 1912, il passe dans l’armée territoriale, affecté au 20^ème rit caserné à Lisieux où il y preste une période d’exercices du 22 au 30 mai 1914.

Quelques soldats du 20ème RIT, des classes âgées

 Rappelé à l’activité  pour répondre à l’ordre de mobilisation, il rejoint son corps, le 20^ème RIT,  le 4 août 1914.

Un régiment de territoriaux constitué  de classes anciennes trop âgées que pour monter en premières lignes,  et qui sera affecté à des taches bien ingrates. Le 20 RIT, régiment d’étapes, se verra confier des missions à l’arrière de la V^ème armée, telles que le nettoyage des champs de bataille, la récupération du matériel abandonné, armes, munitions  et autres équipements militaires, l'inhumation des corps des soldats tombés au feu voire de l'enfouissement des cadavres des chevaux et   le convoyage du matériel vars les régiments engagés sur le front. Parfois les circonstances les appelleront néanmoins à participer à des combats. Des tâches qui ne conviennent peut-être pas à cet officier qui demande sa mutation vers un régiment d’active. Promu au grade sous-lieutenant  à titre temporaire par décret du 2 janvier 1915, il quitte le 20è Rit et  est muté vers le 148^ème ri.

Arrivé au régiment dans le courant de Janvier 1915, le sous-lieutenant Valette est dirigé sur la 10^ème compagnie du capitaine Pecqueur qu’il secondera avec les sous-lieutenants Delcourt et Bena.

La 10^ème cie est lourdement impactée

A 12h30, le commandant Roques reçoit l’ordre d’envoyer deux compagnies en premier soutien. La 10^ème cie se pose dans la tranchée de départ 1 et la 9^ème cie dans les tranchées de départ 3,4 et 5 attendant l’ordre éminent de partir en soutien des éléments du 39^ème RI arrêtés à la lisière du bois. Les deux compagnies s’élancent mais les brèches ouvertes dans les réseaux de fils de fer français ne permettent le passage qu’homme par homme. Ce dont profite l’ennemi  pour pilonner le secteur.

Les premières pertes sont lourdes. A la 10^èmecie, cherchant à progresser le long du ruisseau, la situation est encore plus dramatique. Le capitaine Pecqueur est tué ainsi que le lieutenant Valette, tué en portant sa section en avant sous un feu très violent, le lieutenant Bena est blessé. Seul le lieutenant Delcourt échappe aux tirs précis des mitrailleuses allemandes. Comme tous les officiers de sa compagnie sont hors combat, il en prend le commandement, se cramponne au terrain et, bien que «  réduite de moitié », la maintient au feu.

Il est inhumé dans le cimetière provisoire de Hermonville, le long de la route nationale 44.

 

Le sous-lieutenant Lemoine s’est fait glorieusement tuer en entraînant sa section au travers d’un barrage établi par l’artillerie ennemie.

Peu d'informations sur cet officier de réserve

Les 11^ème et 12^ème compagnies montent vers les tranchées de départ 1,3 et 4. Les deux compagnies attendent le coup de sifflet du démarrage. Mais au moment de s’élancer, l’artillerie ennemie déclenche un nouveau pilonnage des boyaux de départ. « la 11^ème cie déboucha dans le passage déjà suivi par la 10^ème et se porta le long du ruisseau sous un feu extrêmement violent d’artillerie de 105 tirant à obus explosifs fusant. Une partie de la dernière section tomba dans le boyau avant d’avoir pu déboucher ».

Mort pour la France et sa citation

Extrait du jugement retranscrit dans les registres de décès de la mairie de Valenciennes. l'acte dressé par le lieutenant Lux, faisant office d' officier d'état civil du régiment, est signé par l'adjudant Chaudon et le sergent fourrier Lefévre dont on parle dans les pages consacrées au combat du Luxembourg

Sources

Mémoire des Hommes, fiches mort pour la France et JMo du 148ème ri.

Journal officiel Lois et décret pour les citations

Dossier du capitaine Pecqueur,  SHA Vincennes

Acte de décès du sous-lieutenant Lemoine, Valenciennes, AD59, 3E 5786 le 18 avril 2021

Photos de l'album 1912 du 148ème ri

Photo personnelle (Saint Maixant)

Carte postale du 20ème RIT coll. M. Bazas

Photo du capitaine Pecqueur, dans: Jean François Goffin "Témoignages de Jules Goffin et Jules Servais et quelques autres soldats du 148ème ri,  Armée d'Orient"