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Pour le 148ème régiment d'infanterie
1 octobre 2020

Du 15 au 24 octobre, est-ce vraiment du repos?

 Le 15 octobre, la troisième attaque contre la côte 91 est relancée mais cette fois, le 148ème ri n’y participe pas. Néanmoins, le IIIème bataillon du commandant Roques est laissé à la disposition de la brigade. Il ne sera pas appelé à monter. 

carete du mouvement Berry-au-Bac SapigneulLes mouvements du 148ème ri.

6 retrait de Berry-au-Bac vers Gernicourt, 5 changement de cantonnement, passage et bref arrêt  à Bouffignereux, 4 passage par Guyancourt, routes encombrées, 3 cantonnement définitif à Bouvancourt, repos. Remonte vers les premières lignes entre Berry-au-Bac (1) et Sapigneul (2).

L’attaque se solde encore par un échec et « l’action offensive (est) provisoirement suspendue pour éviter des pertes hors de proportion avec les résultats à  attendre ». Les trois bataillons qui cantonnent entre Gernicourt et Bouffignereux sont redirigés sur Bouvancourt. Devant attendre la relève d’unités de la 1ère brigade avant de faire route vers ses nouveaux quartiers, le régiment ne se met en route que vers 18h30. Vu l’encombrement des routes, le mouvement n’aboutit, bien qu’il n’y ait que 5 km, que très tard dans la seconde moitié de la nuit.

éboueurLe nettoyage des routes rendues boueuses par les fréquents passages de troupes

ebouer la route genie 1 1Le travail ne manque pas. Les hommes doivent réorganiser les trains de combat et de ravitaillement et travailler à la réfection de la route Bouvancourt-Ventelay, Trois kilomètres de route à remettre en état. « Leurs travaux de propreté » attendront !

J.D. , notre témoin habituel, donne ses impressions. « Repos bien gagné à Bouvancourt, quel repos dans cette église » Mais il déchante bien vite.

 « Exercices matin et soir, agrémentés de revues. Défense de sortir. C’est à peine si l’on a les moyens de se laver la face. Que d’exercices, comme à la caserne. Nous persistons dans nos erreurs. Pourquoi ne pourrait-on admettre que le repos est donné pour se reposer ? Si l’on veut absolument nous empêcher d’arranger notre linge, que l’on nous donne des occupations plus utiles comme l’arrachage de betteraves ».

Scan_274

 

propreté

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Serait-ce un exercice de tir?                               "Les travaux de propreté"

Extrait (et montage) de l'album du général Mangin voir sources

À la lecture de ses notes, il semblerait qu’il soit aigri. «  Beaucoup de soldats vont à la messe ou au salut. Quelques-uns semblent avoir la foi, d’autres n’ont d’autres préoccupations que de se montrer  ostensiblement aux officiers. Pour la plupart, ce n’est qu’un moyen de passer le temps. On s’ennuie tant à la guerre ».

Un moment de bonheur. « J’ai reçu des nouvelles de mes parents via Lille. Comme cela m’a fait plaisir et les savoir vivants et en bonne santé. Si seulement, ils étaient rassurés sur mon sort ». « Toujours les mêmes tracasseries, brodequins bien graissés, sac bien noirci, cuirs astiqués etc…

Enfin, on retourne dans les tranchées.

On est libérés du repos. Nous allons à la côte 108, un endroit bien dangereux ».

Toutes ces récriminations reflètent-elles le ressenti de tous les soldats ou est-ce uniquement le fait de notre témoin ? Le JMO du régiment confirme certaines situations décrites par ce soldat. « Les hommes n’ont guère l’occasion de mettre en œuvre les travaux de propreté ». Quant aux exercices, « les hommes sont exercés matin, après-midi et (ou) soir à l’école de section ou de compagnie ». Les revues, au cours desquelles le régiment défile, ne manquent pas comme les remises de décorations aux soldats, sous-officiers et officiers qui ont mérité lors des précédentes journées.

decoration et defiléExtrait du JMO

Comme celle concernant le capitaine Gane de Beaucoudray qui doit recevoir des mains du  général de Fonclare la prestigieuse Légion d’ Honneur. Le régiment est donc rassemblé « avec tout le cérémonial ». Mais le général s’étant désisté, c’est le lieutenant-colonel Vignier qui se charge de la remise de la décoration. Le régiment défile alors en colonne par quatre. D’autres solennités seront organisées lors des remises de médailles aux lieutenant-colonel Vignier, capitaine de Capellis, l’adjudant Dequéant, le sergent-major Dechin, le sergent Nanquette ainsi que les soldats Jacquet et Ondet.

ondet 12 octobre blesséLe soldat Ondet blessé une première fois le 15 octobre 1914, il sera de nouveau le 12 novembre puis de nouveau (à la tête cette fois) lors du combat de Quennevières le 16 juin 1915. Parti en Orient avec le régiment,  il est fait prisonnier par les Bulgare le 17 mars 1917. Libéré en octobre 1918, il reprend du service jusqu'en juillet 1919. Décoré de la médaille Croix de guerre avec palme de bronze.

decorationLa remise de la Légion d' Honneur, extrait du JMO

 Autant d’occasions de défiler non sans avoir dû « soigner » son uniforme et compléter son équipement ! L’une ou l’autre fois, les sections mitrailleuses restent en alerte car des avions ennemis sillonnent le ciel alors que le régiment est en « démonstration ».

 

la musique du 148ème ri copetLa musique du régiment dirigée par le chef Copet, album 1912. Le chef Copet est toujours en fonction lors de ces journées.

La « musique » régimentaire donne des concerts mais ces récitals semblent heurter la susceptibilité de notre témoin au point d’écrire dans son carnet:

 «  Honte à qui peut chanter alors que Rome brûle » !

sergent maj DeschinLe sergent-major Dechin en 1912.

  En ce qui concerne la médaille remise au sergent-major Dechin (bientôt promu sous-lieutenant), J.D. laisse un commentaire assez amer: « On va donner la médaille militaire au sergent-major Dechin qui nous a fait massacrer à Berry-au-Bac le 17 septembre ».

De nouveau, le régiment reçoit un nouveau renfort d’importance. 476 hommes venus de Quimper. Cela fait plus de 1200 hommes en moins de 10 jours !

 

le front

 

 

 

 

 

 

 

Extrait du JMO

Le 24, le lieutenant-colonel se rend au Q.G. de secteur et y reçoit de nouveaux ordres.

Dans un premier temps, le régiment fera mouvement vers Bouffignereux et y assurera deux centres de défense puis ira remplacer des unités en première ligne entre Berry-au-Bac et Sapigneul. La relève aura lieu de nuit. Le IIème bataillon occupera Berry-au-Bac avec un poste avancé dans la direction de Choléra, le Ier bataillon ira à la côte 108 et le IIIème bataillon se dirigera vers Sapigneul. Le régiment va livrer un des combats les plus durs de son histoire.

Pendant ce repos, vu le retrait en seconde ligne, on ne recense aucune perte sur le terrain. Néanmoins quelques soldats mourront des suites de leurs blessures subies les jours précédents ou bien encore de maladie contractée durant le service.

Bauduin Nestor, 148ème régiment d'infanterieBauduin Nestor, né en avril 1892, marié en janvier 1914 et père d’une petite fille blessé le 16 septembre à Berry-au-Bac et mort le 26 septembre à l’hôpital de Aubusson ( Dpt de la Creuze)

teneur Léon du 148ème régiment d'infanterie

 et Teneur Léon également de la classe 1912

mourra à l’ambulance de Fismes de la fièvre typhoïde contractée en service.

Sources

Mémoire des Hommes, JMO du 148 ri et fiches mort pour la France.

JMO du 1er CA la carte du 18 octobre 1914

AD Nord, matricules,  bureau Avesnes, classe 1912

GallicaCampagnes du général Mangin dans la Marne, sur l'Aisne et en Artois

 

Photo du soldat "éboueur", extrait d'une photo et le tir d'une section,  coll. M. Bazas (Merci)

tombe de Teneur L, photo personnelle .

Photo de L. Teneur, Mémorialgenweb.

Album du régiment en 1912

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