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Pour le 148ème régiment d'infanterie
1 septembre 2020

Du 12 au 15 octobre 1914, les côtes 108 et 91

Le déroulement de l’affaire.

1 brgLa 1ère division d'infanterie, dont fait partie le 148ème ri, dégage les grandes lignes de l'attaque, pour le 148ème ri....

 

 

 

 

 

 

 

 

12 octobre

la côte 108 depuis Berry-au-Bac Le régiment gagne de grand matin Berry-au-Bac (le Ier BN) et Sapigneul (IIIe BN), le IIè BN reste en réserve à Gernicourt. Il est impératif de reprendre la côte 108 à proximité de Berry-au-Bac, abandonnée le 15 septembre et occupée depuis par l’ennemi ainsi que le mamelon 91 dans le secteur de Sapigneul.

  « La côte 108 constituait un observatoire de premier ordre ayant des vues sur la plaine s’étendant au Sud et à l’Ouest de Berry-au-Bac vers Cormicy et Gernicourt. De plus, elle dominait Berry-au-Bac et les tranchées avoisinantes. L’intérêt stratégique qu’offrait sa possession  pour les deux parties explique l’acharnement avec lequel Français et Allemands se disputèrent cette hauteur si difficile à défendre ». 

000 Berry-au-Bac et Sapigneul

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Les bataillons: le IIè à Gernicourt , les Ier à Berry-au-Bac I et le IIIè à Sapigneul 

1 la passerelle sur l’écluse de Berry-au-Bac (canal Aisne-Marne), 2 la 1ère compagnie en réserve et la section mitrailleuses,  a) la 3ème cie vers le four à chaux et l’usine,  b) la 2ème cie vers la crête de la côte 108,  c) la 4ème cie pour la jonction entre les deux bataillons,  3 l’écluse du Moulin,  4 la 11è cie,  5 le pont de Sapigneul,  6 la 10 ème cie,  7 la 12ème cie,  8 l’écluse de Sapigneul,  9 la 9ème cie,  10 le ruisseau des Fontaines, 11 les tranchées de Sapigneul, la nuit du 13 au 14 octobre

Au Ier bataillon

le pont sur le canal Aisne-MarneLe pont au confluent du canal Aisne-marne et le canal de l'Aisne.

Endroit de passage du bataillon

  13h25 , Après une préparation d’artillerie, le Ier bataillon, commandant Villard, se met en mouvement, passe en colonne par un la passerelle de l’écluse près du chemin de fer et marche sur son objectif. La 2ème cie (capitaine de Capellis) doit atteindre la crête de la côte 108 aidé en cela par la 3ème cie du lieutenant Demoulin qui doit prendre possession du  four à chaux et de l’usine le long du canal. La 4ème cie du lieutenant Camus longera le canal Aisne-Marne vers le Sud afin de faire la liaison avec le IIIème bataillon devant Sapigneul. La 1ère cie, quant à elle, reste en réserve derrière les premières maisons du hameau avec la section mitrailleuses en position dans le grenier de la maison faisant l’angle entre la route nationale et le chemin vers Gernicourt et qui  battra les tranchées ennemies sur le versant de la côte 108.

Berry-au-Bac, écluse

L'écluse de Berry-au-Bac sur le canal Aisne-Marne, le pont vers la côte 108

Le terrain au relief accidenté et des défenses ennemies insuffisamment affaiblies par la préparation d’artillerie entravent la progression « le tir ajusté des tranchées allemandes gêne la marche de la 2ème cie qui doit contourner la carrière". Le capitaine de Capellis bien que blessé continue à donner les ordres  pour l’attaque. La 3ème cie quant à elle est arrêtée devant le four à chaux encore occupé par l’ennemi. La 1ère cie monte en ligne afin d’appuyer le mouvement. L’artillerie est de nouveau sollicitée pour détruire l’usine et agir sur les tranchées mais certains de ses tirs, trop courts, empêchent momentanément la reprise de la progression. Néanmoins, mètre par mètre, les fantassins  grignotent le terrain et, à 16h40,  les 2ème et 3ème  compagnies, renforcée par la 1ère , arrivent à 80 m des tranchées allemandes. Le lieutenant Cols est lui aussi blessé.

le 12 octobre 14La correction apportée par le lieutenant-colonel Vignier au sujet de l'assaut de la c$ote 108. Extrait du JMO

Le lieutenant-colonel fait alors sonner la charge par le caporal Rombeaux Elie de la 2ème cie. C’est le dernier saut, baïonnette au canon. Le sergent Lauthe sera le premier a sauté dans la tranchée ennemie dont les occupants, abandonnant la position, sont poursuivis par les feux de la 2ème cie qui prolonge son effort au-delà de la crête.

1ere diviA peine établis sur le terrain conquis que les hommes sont soumis à un pilonnage de l’artillerie lourde allemande. Des tirs que l’on devine précurseurs d’une contre-attaque. En effet, deux compagnies tentent un retour mais elles sont repoussées par les feux des défenseurs achevés par une sortie à la baïonnette. La place est prise, le capitaine de Capellis accepte d'être évacué.

citation de capellis lauth et ondetUne citation pour ces trois hommes qui se sont particulièrement bien comportés face au feu

Le soldat Ondet, blessé à l'oeil et le sergent Lauth, le premier à investir la tranchée ennemie

ondet 12 octobre blessé

 

 

côte 108

 

 

 

D'autres se sont également comportés courageusement face à l'ennemi. Ils seront cités plus tardivement dans le JMO. 

cueble fe blessé le 12 octobreComme le soldat de seconde classe Cuelle Fernand. Blessé grièvement et mis en congé illimité vu les séquelles de ses blessures

17 h. Le capitaine Coste, à la tête de sa 6ème compagnie,  arrive en renfort avec trois de ses sections. L’une reste à la garde de la passerelle de l’écluse, les deux autres prenant place dans les tranchées. Les assauts ont quelque peu désorganisé le bataillon, il faut regrouper les compagnies et aménager les nouvelles lignes. Mais les outils manquent. Il est alors fait appel au IIIème bataillon du 127ème ri qui se trouve à proximité.

le 127ème régiment d'infanterie

JMO du 127ème ri, l'ordre de monter à la côte 108.

Toutefois pendant l’attente de la relève, les hommes du 148ème ri doivent encore faire face à d’autres approches ennemies. 20 h. une compagnie du 43ème ri relève les fantassins de la première tranchée. Le 127ème ri  suit. Son objectif atteint, le Ier/148ème ri  regagne ses bases à Gernicourt.

1er div 1

 

 

 

 

 

L'attaque sur la côte 108 est réussie"celle sur la côte 91 échoue"

 Au IIIème bataillon

De son côté, le IIIème bataillon du commandant Roques ne connaît pas la même réussite dans son entreprise. La 9ème cie avec le capitaine de Beaucoudray , la 10ème avec le lieutenant Pecqueur, la 11ème avec le lieutenant  Plusquellec et la 12ème avec le capitaine Boitel buttent sur un objectif très bien défendu.

traces du pont de SapigneulLe canal Aisne-Marne, les dernières traces du pont de Sapigneul, les vues sont dégagées et ne facilitent pas l'approche des fantassins du 148ème ri. (voir sources)

Le pont de Sapigneul, endommagé depuis le 19 septembre, ne laisse qu’un étroit passage aux fantassins des 10ème et 12ème cies pour franchir le canal et les écluses sont battues efficacement par les mitrailleuses et l’artillerie ennemies. Néanmoins, malgré la dangerosité de la situation, les 9ème et 11ème cies plus deux sections de la 10ème compagnie parviennent à prendre pied sur la berge opposée. Mais rapidement clouées au sol par la violence de feux ennemis, elles ne peuvent poursuivre leur effort et attendent la nuit pour se retirer. Le lieutenant Plusquellec est tué et  sera inhumé provisoirement près de la grande ferme.

plusquellec louis 9cie 1912A droite, le lieutenant Plusquellec, inhumé "dans le jardin de la grande ferme"

Plusquellec

Un échec coûteux en vies humaines. Le bataillon passe la nuit sur place, se dissimulant dans les tranchées de Sapigneul.  Un endroit toutefois repéré et bombardé par l’artillerie ennemie. L’attaque est reportée au lendemain.

1er div 2

 

 

 

Le lendemain, reprises des opérations

Un mouvement rendu encore plus laborieux car le pont a été détruit par un obus de 205 privant les assaillants d’un débouché vers la berge opposée. Il ne reste que les deux écluses comme point de passage ! Les 9ème et 11ème compagnies commencent le mouvement. Homme par homme, le capitaine de Beaucoudray fait passer son unité  et la rassemble près du ruisseau des Fontaines. Pris sous un feu de front et de flanc, les hommes ne peuvent se déployer. « Malgré les précautions prises, la presque totalité des hommes qui se déplacent hors de l’abri sont mis hors de combat ». Le capitaine  cherche "à s’assurer la supériorité du feu mais sans sortir de son abri et face à des tireurs établis derrière leurs tranchées", la chose est impossible. Il se retire donc en profitant comme la veille, de l’obscurité. A gauche, à la 11ème compagnie, la situation est tout autant compromise car l’écluse est la plus exposée.

sergent doyenLe sergent-major Doyen tué en entraînant dses hommes sur l'écluse du Moulin

Les hommes qui se sont lancés sur la passerelle de l’écluse ont été immédiatement mis hors de combat à l’instar du sergent-major  Doyen qui, voyant les hésitations des hommes,  a voulu les entraîner en passant le premier. Il est tué de deux balles. Le mouvement est suspendu et la compagnie se retire avec des pertes dites « sensibles ».

le 14 3ème bn encore eprouvéLes compagnies  gagnent les tranchées de Sapigneul, y passent la nuit mais le lendemeain, l'artillerie lourde allemande pilonne de nouveau le secteur de Sapigneul causant encore de nouvelles pertes. Ce n'est que le soir, que le bataillon pourra se replier  et regagner ses bases entre Bouffignereux et Gernicourt.

Ils sont cités dans le JMO

Outre le sergent-major Doyen de la 11ème cie, le lieutenant colonel cite  :

L’adjudant Martinot Victor de la 9ème cie à l’attaque de la côte 91 a entraîné sa section en avant malgré un feu violent Ayant reçu l’ordre de se replier quoique blessé a ramené tous ses blessés sous le feu des mitrailleuses ennemies

Le sergent Lequy Georges de la 6ème cie , sous un feu violent d’artillerie, par sa fermeté, a amené sa fraction sur la ligne de feu entraînant avec lui les fractions voisines hésitantes.

Le sergent Banse Hippolyte de la 2ème cie s’est très brillamment comporté a l’attaque de la côte 108. Arrivé un des premiers sur la position a repoussé avec quelques hommes une contre-attaque ennemie.

Le caporal Gobert Joseph de la 3ème cie  lors de l’attaque de la côte 108 à la tombée de la nuit a demandé à son commandant de cie de se porter sur le flanc d’une contre-attaque allemande et par son habilité et son énergie a suffisamment inquiété cette contre-attaque pour qu’elle ne soit pas poussée à fond

Le soldat Henry Gustave de la 4ème compagnie qui  par deux fois, rapporté, sous un feu violent d’artillerie, des camarades blessés qu’il mettait à l’abri

le 14 3ème bn eprouvé

Au total des ces trois journées, les pertes se chiffrent à

323 hommes hors de combat

le 12 octobre: 13 tués, 115 blessés et 53 disparus

le 13 octobre: 19 tués, 69 blessés et 35 disparus

le 14 octobre: 7 tués et 12 blessés.

Un bilan provisoire

 

 

Au nom de tous les autres

zz bruisse sapigneulBruisse Louis tué à l'ennemi le 13 octobre à Sapigneul

bruisse tadukoz

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Hamaide Haybes Adrien Hamaide

Hamaide 2né le 27 novembre 1892 à Haybes, mouleur, incorporé à compter du 9 octobre 1913, soldat de 2ème classe, soldat de 1ère classe le 23 juin 1914, La classe 1913 ne sera pas démobilisée vu la déclaration de guerre. Il est tué à l’ennemi le 14 octobre 1914 à Sapigneul, un secours de 150 fr alloué à son père

 

1 la ferme de SapigneulLa ferme de Sapigneul, là où est inhumé provisoirement le lieutenant Plusquellec

4 plusquellecLe sous-lieutenant Plusquellec en 1912

Capture

 

 

 

 

 

 

0 HardyHardy Henri, classe 1905. De par son ancienneté, le soldat H. Hardy est rappelé, 1er août,  au 348ème ri, le régiment de réserve du 148ème. Il est nommé soldat de 1ère classe le 4 août. Il a été probablement blessé pendant les combats de fin aôut (Meuse) début septembre (Champagne)  car il se retrouve au dépôt de Vannes le 17 septembre 14.  "Parti à nouveau sur  le front" le 28 septembre au 148ème ri. Il est tué le 12 octobre à Berry-au-Bac. Le 13 mars 1920, un secours de 150 fr a été versé à sa veuve, Mme Hardy, Place de la République à Revins.

 

 

BernadacLe sergent Victor Bernadac....

 

Le sergent Bernadac Victor est signalé par erreur mort le 13 octobre lors des combat de Sapigneul.

bernadacEn fait, il n'a "été que blessé" par balle à la cuisse et à l’aine. Une blessure relativement grave qui nécessitera des soinset une convalescence jusqu'au 12 octobre 1915. Ce sergent, universitaire, diplômé en lettres, est reconnu  inapte par la commission de réforme de Vannes et nommé, le 13 octobre 1915 jusqu'au 1er octobre 1917,  professeur à l'école militaire de Rambouillet. Il passe en commission d'appel pour un nouveau sursis, sursis qu'il obtient jusqu'au 31 juillet 1918. Il sera ensuite nommé instituteur à Choisy-le-Roi en région parisienne. 

2 lacourt de billot sergentPhoto en 1912 alors qu'il était sergent.

Un  officier "sorti du rang"  blessé.

Lecourt de Billot Etienne, de la classe 1910. Est ajusteur de profession. Il entre sous les drapeaux le 8 octobre 1911. Soldat de 2ème classe, il est nommé caporal  le 11 avril 1912 puis passe sergent le 27 septembre 1912. Il est renvoyé dans ses foyers le 7 novembre 1913. Il est rappelé  le 3 août 1914  et est nommé adjudant le 20 septembre 14 puis sous-lieutenant à titre temporaire le 6 octobre 1914. Il est blessé lors des engagements sur la côte 108 le 14 octobre 14.

"Plaie au cuir chevenu et mollet droit".

 

39 tués déclarés par l'officier d'état civil du régiment. Hélas, ce bilan va encore s'alourdir...

Des blessés mourront des suites de leurs blessures dans les ambulances ou hôpitaux de l'arrière

ou bien encore des disparus qui seront déclarés morts par un jugement après la guerre.

Epinglons trois exemples parmi...

La croix de Paul Charles à Cormicy, mort le 15 octobre à l'ambulance de Vaux-Varennes des suites de ses blessuresMB Charles Paul 15 10 14

0 charles paulPhoto de P. Charles

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

pruvost classe 1900Achille Pruvost de la classe 1900, mort des suites de ses blessures dans l'ambulance de Jonchery-sur-Vesles.

Lesne Camille déclaré mort par jugement du 24 juin 1920 par le tribunal de Cambrai

lesne camille MPLF

 Extrait de ce jugement

monument aux morts de Basuel"Attendu qu’il résulte des pièces produites et des renseignements fournis au Tribunal que le nommé Lesne Camille, né à Basuel le 22 novembre 1891, de Lesne Vital et de Lefebvre Adeline, en son vivant ouvrier agricole demeurant à Basuel, célibataire, soldat au 148e Régiment d’Infanterie, disparu à Berry au Bac, le 12 octobre 1914.

« Mort pour la France »

Attendu qu’aucun acte n’a été dressé pour constater son décès et qu’il échet de le déclarer judiciairement,

Par ces motifs,

Déclare le décès du sus-désigné, en fixe la date au 12 octobre 1914.

Dit que le présent jugement tiendra lieu d’acte de décès, qu’il sera en conséquence transcrit sur les registres de l’année courante de l’état civil de la commune de Basuel et que mention en sera faite sur les registres de l’état civil de la dite commune pour l’année 1914 en marge de l’acte le plus voisin de la date du dit décès et à la table alphabétique de la dite année.

Ainsi jugé et prononcé le 24 juin 1920 en audience publique du Tribunal civil de Cambrai..."

Merci à Mr. J.L. Bouvart pour le partage de ses documents (carte postale et jugement).

 

 

Des renfort à peine suffisants pour combler les vides

 Le régiment reçoit un renfort de 428 hommes sous la conduite  du sous-lieutenant Blard. Les nouveaux arrivés sont répartis entre les Ier et IIIème bataillons fortement éprouvés ces derniers jours.

Le 15 , l’assaut vers la côte 91 est de nouveau relancé mais le 148ème reste en réserve d’armée.

sources

Memoire des hommes,

JMO des 148ème ri, 127ème ri et de la 1ère division d'infanterie

Fiches "Mort pour la France".

Archives départementales du Nord, bureau Avesnes, Noms, classes et matricules, Lesnes, 1911- 156 et Pruvost 1904-1910

Journal officiel, lois et décrets, les citations.

Cartes postales anciennes, coll. privée

Photos personnelles sauf les ruines du pont de Sapigneul, M. Ph. Lesur

La photo de Buisse Louis: voir  "Nos ancêtres les poilus"  https://tadoukoz.net/index.php?/search/14081

Memorial genweb, Charles Paul, photo M. Gori

Documents de Mr. JL. Bouvart

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