Le capitaine Arnaud et le sous-lieutenant Forestier de la 4ème compagnie
Un capitaine affuté par deux campagnes en Tunisie et un jeune sous-lieutenant frais émoulu de Saint-Cyr.
Ils partageront les mêmes dangers,
supporteront les mêmes fatigues,
et seront unis dans la mort lors du même combat.
Ils faisaient partie de la même compagnie
Arnaud Louis
Louis Arnaud, en 1912, il était lieutenant
Fils de Ange et de Zélie Preze, Louis Arnaud est né le 15 juin 1876 à Lézignan, département de l’Aude. Il exerçait la profession de cultivateur lorsque le 5 octobre 1894, devançant l’appel, il s’engage pour 4 ans comme volontaire au 112 ème régiment d’infanterie. Il y fera ses premières armes du 3 octobre 1894 passant de soldat de 2ème classe en 1894 à sergent- major jusqu’en en 1899.
Il change de régiment pour passer au 5ème bataillon d’infanterie légère d’Afrique de janvier 1900 à septembre 1903, sa première campagne en Tunisie.
Après un bref passage au 67ème ri du 2 août au 3 octobre 1903, il réintègre le 5ème bataillon d'infanterie légère d' Afrique jusqu'en décembre 1906. Ce sera sa seconde campagne de Tunisie. Il sera décoré au titre de chevalier de la Nichan Iftikhar, une décoration tunisienne.
Passant adjudant, il revient en France au 147ème ri jusqu’en janvier 1911.
Puis, le 9 janvier 1911, c’est la mutation vers le 148 ri, comme sous lieutenant, le 9 novembre 1911, il en sera même l’officier porte-drapeau.
Lieutenant en janvier 1913 il sera nommé capitaine et prendra officiellement la tête de la 4ème compagnie le 15 septembre 1914.
Il sera tué un coup de baïonnette en pleine poitrine lors du premier assaut sur la ferme de Choléra, le 17 septembre !
Sa campagne au 148ème
Il fait partie de la 4ème compagnie sous les ordres du capitaine Gantlet qu’il seconde avec les sous-lieutenants Lucas et Forestier. De ces quatre officiers, un seul, le lieutenant Lucas, sera encore en vie en septembre 1914 (il sera tué en service en 1919). Sa compagnie fait partie du 1er bataillon, celui qui entrera le premier en Belgique.
Non marié, il donne l'adresse de sesparents, personnes à prévenir si....
Le 6 août,
L’embarquement du 1er bataillon, (dont la 4ème compagnie) a lieu à la gare de Givet à 15 heures 45, arrivée à Dinant à 17 heures, A peine entré en Belgique, le convoi s’arrête dans les villages débarquant les premiers défenseurs. La sauvegarde s'organise le long de la Meuse belge du moins jusque Dinant. Déposée dès le premier arrêt en Belgique, la 4ème compagnie prend en charge, le pont d’Hastière et les barrages de Waulsort et Hermeton sur Meuse. L’accueil est chaleureux. Bien vite relevée, la compagnie reprend sa place dans le 1er bataillon à Dinant. C’est le glissement vers le nord et la prise en charge du secteur entre Dinant et Rivière-Burnot qui s’organise. Anhée Yvoir, Hun, Annevoie, Rivière, la compagnie change de position selon l’évolution des événements.
L'accueil de la 4ème compagnie à Hermeton-sur-Meuse le 6 août 1914
Une des patrouilles faites par le lieutenant Arnaud
Le lieutenant Arnaud effectue des reconnaissances pendant lesquelles son courage et son sens du commandement sont remarqués.
Le 11 août dans l’affaire de la ferme de Jassogne, une reconnaissance poussée vers le village de Crupet.
Illustration du fait dans une brochure locale publiée après la guerre
Puis le 13 août. Suite à des informations reçues, le colonel Cadoux demande à son chef de bataillon Vannière d’envoyer des reconnaissances. La mission consiste à confirmer ou infirmer les renseignements reçus, c’est-à-dire, la présence de cavaliers du 1er régiment de dragons, circulant vers Dorinne, Purnode et Evrehailles. Le sous-lieutenant Touche (3ème compagnie) et le lieutenant Arnaud, (4ème compagnie), chacun à la tête d’une demi-section, partent de Moulins (Anhée) et se dirigent dans la même direction (Evrehailles), le premier par le pont d’Yvoir, le second par le pont ferroviaire de Houx. En chemin, le sous-lieutenant Touche, se trouvant dans les environs de Tricointe, voit défiler devant lui un groupe de 18 hussards qui « s’empressait de détaler »suite au feu nourri d’une autre section du 148ème présente à la gare d’Yvoir. L’officier, exploitant la situation, fait ouvrir le feu, tuant quatre hussards, un cinquième cavalier « se précipita avec son cheval dans une carrière voisine d’une profondeur de 25 m ». Un bilan considérable : cinq tués et cinq autres blessés, capturés et transportés à Yvoir « et deux capturés indemnes » précise le colonel Cadoux. De son côté, le lieutenant Arnaud, arrivé à Evrehailles, « découvre, fuyant éperdument vers Purnode », le reste du détachement. Il le prend en chasse et capture 8 chevaux harnachés qu’il ramène à Anhée. « Les deux demi-sections engagées par les 3ème et 4ème compagnies ne subirent aucune perte dans cette glorieuse rencontre ».
Le capitaine Gantlet ayant refusé d'être emporté, il prend le commandement de la 4ème compagnie et assure le repli.
Puis, le 23 août, ce sera la confrontation avec les bataillons allemands des RIR 102 et 103 pour le franchissement de la Meuse entre Yvoir et Anhée
Le bilan est lourd, le capitaine Gantlet est tué ainsi qu’une dizaine d’hommes, de nombreux blessés, prisonniers et disparus ! Il prend le commandement de la compagnie et gère le repli réussissant à rejoindre le gros du régiment après deux jours de marche.
Le 1er septembre, à Coucy-le-Château, la 4ème compagnie est encore distinguée surtout le jeune sous-lieutenant Lucas.
tué à l'ennemi d'un coup de baïonnette en pleine poitrine
Et le 17 septembre, à la tête de sa compagnie, il arrête les troupes allemandes à la poursuite des fantassins du 43ème se repliant de la ferme Cholera. Lutte à la baïonnette. Il est tué d’un coup de baïonnette à la poitrine et refusera, comme son ancien chef, le capitaine Gantlet, d’être ramené dans les lignes par ses hommes.
C’est le lieutenant Lucas, le seul officier encore en vie en ce mois de septembre qui prendra les commandes de la compagnie.
Son acte de décès transcrit à la mairie de Narbonne
Le 15 septembre, il venait d'être nommé capitaine
Le monument aux morts de Lézignan. Photos de M. F. Boisson, président du Souvenir Français de Lézignan
montage personnel
Forestier Jean,
fils de Gaston et de Herbinet Rose, Jean Forestier est né le 6 juin 1895 à Vannes, département du Morbihan Il s’engage le 3 novembre 1913, pour huit ans, et entre à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr. Son cursus militaire est, comme pour tous ceux de sa promotion, « La Croix du drapeau », abrégé par la déclaration de la guerre. Malgré cela, tous sont promus sous –lieutenants par décret du 1er août 1914 et le 2 août 1914, il rejoint immédiatement le 148ème régiment d’infanterie à Givet. Il n’est pas le seul de cette promotion à rejoindre le 148ème ri. Il y a également, les jeunes sous-lieutenants, Jacquemin, de Mascureau, de Reviers de Mauny et Gaucher. Il fait partie de la 4ème compagnie sous les ordres du capitaine Gantlet qu’il seconde avec le lieutenant Arnaud et le sous-lieutenant Lucas. De ces quatre officiers, un seul, le lieutenant Lucas, sera encore en vie en septembre 1914.
Un bref parcours militaire
Le 6 août, c’est l’entré en Belgique
L'accueil de la 4ème compagnie par la popultation belge
L’embarquement du 1er bataillon, (dont la 4ème compagnie) a lieu à la gare de Givet à 15 heures 45, arrivée à Dinant à 17 heures, A peine entré en Belgique, le convoi s’arrête dans les villages débarquant les compagnies. La défense s'organise le long de la Meuse belge du moins jusque Dinant. Déposée dès le premier arrêt, la 4ème compagnie prend en charge, le pont d’Hastière et les barrages de Waulsort et Hermeton sur Meuse. L’accueil est chaleureux. Bien vite relevée, la compagnie reprend sa place dans le 1er bataillon à Dinant. C’est le glissement vers le nord et la prise en charge du secteur entre Dinant et Rivière-Burnot qui s’organise.
Anhée, Yvoir, Hun, Annevoie, Rivière, la compagnie change de position selon l’évolution des événements.
Et son baptême du feu à Anhée
Son attitude au feu est remarquée
Le 23, il est présent sur les bords de la Meuse où sa compagnie doit défendre le pont Yvoir-Anhée et interdire le franchissement du fleuve aux troupes saxonnes. Lutte inégale, une compagnie contre des bataillons saxons appuyés par de l’artillerie. Son attitude au feu est toutefois remarquée. Quittant les positions avec beaucoup de pertes, il commence une retraite difficile , deux jours de marche pour rejoindre le gros du régiment. Le 1er septembre, à Coucy-le-Château, la 4ème compagnie se distingue de nouveau, surtout le jeune sous-lieutenant Lucas.
Et le 17 septembre, à la tête de sa section, il contient les troupes allemandes à la poursuite des fantassins du 43ème se repliant de la ferme Cholera. Lutte à la baïonnette. Son capitaine est tué, il est considéré disparu ! Il est mort pour la France, son corps ne fut jamais identifié.
Présumé blessé
C’est le lieutenant Lucas, le seul officier encore en vie en cette fin mois de septembre qui prendra les commandes de la compagnie.
Disparu! Son corps repose certainement dans l'ossuaire de Berry-au-Bac
avec tous ceux dont on n'a pu identifer le corps.
"Et, doucement, le soir silencieux tisse sa brume, seul grand linceul de toile grise, pour tant de morts qui n’en ont pas. »
(de « Les Croix de bois » par Roland Dorgelès)
Sources pour ces deux officiers
Mémoire des Hommes, fiches Mort pour la france
Jmo du 148ème ri
Archives départementales du Morbihan et de l'Aude, fiche matricules
Archives ecclésiastiques, la paroisse d'Herùeton-sur-Meuse
Journal officiel, lois et décrets
Dossiers officiers du 148ème ri, SHAT Vincennes
Photos du régiment en 1912.