Du 20 au 23 septembre, le régiment passe en seconde ligne
Tenir à outrance ! Les ordres ne pouvaient être plus clairs !
La nuit du 19 au 20 a été pénible. « La nuit pluie continuelle dans les tranchées. Trempés jusqu’aux os, J’ai dû coucher dehors. Au matin, nous avons recouvert nos morts. Un obus de 77 est arrivé en plein dans ma tranchée » lit-on dans le carnet de J.D.
La situation le 18 en fin de journée, le 4GDR tient le secteur au Sud de Berry-au-Bac, le 148ème ri est en premières lignes, le long du canal de l'Aisne et du canal Aisne-Marne
Afin de couvrir tous les ponts et autres débouchés du bourg, le lieutenant-colonel Vigier dispose ses troupes de part et d’autre de la route nationale Berry-au-Bac Reims, le 2ème bataillon à l’Ouest, le 3ème bataillon à l’Est et le 1er bataillon en réserve dans les tranchées. Même si la rupture du pont sur le canal de l’Aisne est incomplète, les positions sont moins périlleuses à tenir.
Mais dans la matinée, le régiment reçoit l’ordre de se retirer et de se rassembler sur la route de Bouffignereux à Gernicourt, au sud des bois de Gernicourt. Ce que confirme J.D « On erre toute la journée dans les bois de Gernicourt » écrit-il dans son carnet. Le 148ème passe en seconde ligne.
Le 148ème en position au Sud des bois de Gernicourt
Le GQG juge utile de relever les troupes « soumises depuis plusieurs jours aux fatigues des premières lignes… il importe que les effectifs des éléments placés en première ligne soient ramenés au minimum en vue d’économiser les forces (et) d’éviter des pertes inutiles par l’encombrement des tranchées soumises aux feux rapprochés de l’ennemi ».
Une rotation entre les 319ème et 148ème avec les 205ème et 236ème régiments
Un peu de repos après cette semaine passée au contact de l’ennemi ! Une rotation se fera tous les 2 ou 3 jours selon la situation.
Ces « troupes ramenées vers l’arrière (pourront de la sorte) prendre quelques repos, prendre des repas chauds et prendre des précautions d’hygiène, comme le nettoyage des effets, graissage des chaussures, creuser des feuillées ». Toutefois, ces unités devront effectuer des travaux afin d’améliorer l’arrière du front. La nuit est passée au bivouac et dès le matin, la hommes se mettent au travail.
Construction d'abris dans les bois,
source gallica.bnf.fr / BnF, album Mangin.
Certaines compagnies aménageront des chemins de colonnes reliant les cantonnements aux premières lignes, répareront les chemins rendus boueux par les incessants passages de troupes et de véhicules pendant que d’autres creuseront des abris et des tranchées contre les tirs d’artillerie. La nuit venue, les bataillons bivouaquent dans les retranchements qu’ils se sont construits. Le lendemain, les travaux continuent par l’aménagement d’un cantonnement pour un bataillon et le perfectionnement des tranchées. « Extrême fatigue, pas de nouvelles importantes » relate J.D. Afin de garder les tranchées entre Cormicy et la Chapelle, chaque régiment présent doit fournir quotidiennement deux compagnies. Les 2ème et 3ème compagnies sont les premières désignées pour cette « Grand Garde ». La relève se fera tous les matins à 4 heures.
des tranchées sans cesse améliorées. Tranchées entre Berry-au-Bac et Sapigneul
Source gallica.bnf.fr / BnF
Le reste du régiment prend ses quartiers à Bouffignereux (3è Bn et la compagnie hors rang) le 2è bn et le reste du 1e bn à Gernicourt. « Repos à Bouffignereux, que de chevaux morts et mourants faute de soin » constate encore notre témoin.
Un repos toutefois altéré pour le 3ème bataillon qui doit se rendre à Sapigneul, y franchir le canal puis lancer une reconnaissance sur la cote 91 en passant sur des passerelles établies par le génie. A peine arrivé sur les lieux, un contre ordre annule l’action et par une marche de nuit, les hommes rentrent à Bouffignereux. L’artillerie de la 53è division devaient détruire des batteries d’obusiers ennemies installées au camp César « ayant vue sur les cotes 91 et 108 » mais par manque de préparation d'artillerie (économie de munitions) la mission est annulée.
Le 22, une journée qui se traîne dans la continuité, un bombardement par intermittence vient perturber le déroulement des activités : la « grand garde » à fournir, l’entretien du cantonnement etc…
L’ennemi « bouge » dans Berry-au-Bac.
« Envoyer seulement de simples reconnaissances pour s’assurer du contour apparent de l’ennemi, l’artillerie est prévenue » demande la 53ème division.
Le 23, une attaque est en cours sur Choléra depuis Pontavert, le régiment reçoit l’ordre de se tenir en réserve du 4GDR à l’Est de Bouffignereux. En cas de besoin, il montera en ligne.
Ce qui inquiète les hommes. « Les Allemands sont mieux outillés que nous. Nous n’avons pas de mitrailleuses et eux leur artillerie lourde est excellente, surtout leurs marmites (obus de 105). Ils ont de nombreuses munitions » dit-il encore.
Et en soirée la mission se précise, la première attaque ayant été bloquée....
Demain….
La position du 148ème dans les secondes lignes
Les mouvements du 148ème entre le 20 et le 23 septembre 1914
Sources
les photos de la tranchée et des abris Source gallica.bnf.fr / BnF , album Mangin
Mémoire des Hommes, les JMO,
4GDR
53ème division
105ème brigade
148ème régiment d'infanterie
Notes du soldat J. Degaugue, op cit