Hastière, les réservistes du 208èmerégiment d'infanterie résistent
Dans les journaux, le 23 août 1914
Journal La Métropole, août 1914
Ce qu'en dit un témoin...
Toutefois, un témoignage qui appelle à une certaine réserve... un soldat allemand ayant traversé la Meuse à la nage (???)
Depuis le 13 août, Hastière-par-Delà est occupée par deux sections du 348ème ri, le régiment binôme du 148ème Ri. Isolées sur la rive droite de Meuse, ces sections avaient sécurisé les accès au village en ayant « coupé les routes et les chemins venant de l’Est au moyen d’abatis, de barricades et de fils de fer ».
Le comportement du capitaine Toussard fut reonnu par une citation
Le capitaine Toussard qui était chargé de garder le passage de la Meuse au pont d’Hastière, « a fait preuve pendant dix jours du plus grand sang-froid et de la plus grande énergie en résistant avec des moyens insuffisants aux attaques quotidiennes de l’ennemi ». Sur l’autre rive, Hastière-Lavaux est défendu par la 23ème compagnie du 208ème ri. du capitaine Delecourt secondé par les lieutenants Leroy et Storme et le sous-lieutenant Perdrizet qui sera blessé.
Le témoignage d'un villageois
Le 23 août, vers 1 heures du matin, la bataille commence
Le samedi soir, on entendit déjà une fusillade qui semblait partir de l’endroit où se trouvaient les fours à chaud au sortir d’Hastière-par-Delà. C’étaient des sentinelles françaises (348e ri) qui tiraient sur les éclaireurs allemands venant des hauteurs de Blaimont. Cette fusillade fut de courte durée.
Deux sous-officiers du 348ème ri perdirent la vie des suites de leur blessure
Les sections du 348ème se retirent et passent le pont vers 4 heures du matin. Malgré des blessés, le repli s’effectue en bon ordre vers la rive gauche. Une section s’établissait sur le versant de la route vers Onhaye Anthée, tandis que l’autre se plaçait « à gauche de la section de mitrailleuses placée en caponnière entre le chemin de fer et le chemin qui longe le canal (canal ?) ».
Un sergent et un caporal du 348ème ri.
L’artillerie allemande ouvre le feu visant les maisons d’Hastière Lavaux « supposant que les mitrailleuses y étaient placées ».
Une section du IIème bataillon du IR 104., photo début août 1914
Le 104è régiment d’infanterie saxon qui avait pour objectif le passage de la Meuse à Hastière commence alors à descendre dans la vallée. À 3 h 30, les premiers soldats de ce régiment investissent la localité.
Le docteur Halloy, une des premières victimes.
A peine entrés dans le village, ils massacrent plusieurs civils, les accusant d’être des francs-tireurs. Le docteur Halloy, deux voisins et le bourgmestre faisant fonction tombèrent immédiatement sous les balles allemandes. Dans la journée, d’autres villageois allongeront encore la liste des victimes.
L'occupation d'Hastière par-Delà. En bleu, la présence du 348ème ri avant son repli sur la rive gauche et les défenses du 208ème ri à Hastière Lavaux
Le pont est toujours intact ce qui incite l’ennemi à y placer un canon pour détruire les défenses françaises mais accueillis, par le feu de la 23ème cie, les artilleurs fuient, abandonnant le canon. La résistance française résiste et empêche les allemands de franchir le fleuve. Les fantassins du IR 104 doutent, un soutien est demandé au 133IR qui détache un bataillon avec mission de contenir le feu ennemi afin de soulager le IR 104.
« Pendant que le sang coulait, le village le village était tout en feu et la bataille faisait rage » témoignent les villageois.
Les heures pour la destruction du pont diffèrent.
Vu l’arrivée de nouvelles troupes ennemies, la décision est prise du côté français, de faire sauter le pont. (Vers 8h30 pour les uns, 10heures pour d’autres).
Suite à ces circonstances, les soldats du IR 104 se livrent à un pillage effréné, les caves des maisons en feu sont vidées de leur contenu. Photos du village
Que dit l’historique allemand ? Ou comment minimiser voire masquer un revers ! L’historique tente de justifier l’échec de la mission par de fausses justifications : de nombreux francs-tireurs, un village barricadé, un avion français, un manque de munitions….
Le IR 104 saxon et les officiers présents lors de l'attaque
« L’épais brouillard tomba d’un seul coup relevant le magnifique paysage de la vallée profondément incisée boisée et rocheuse » commence le récit. Ce qui semblait n’être qu’une formalité s’avère être plus compliqué….
Que raconte l’historique du régiment saxon
Le feu français est déchainé, la résistance est appuyée par des lignes étagées sur les pentes d’Insémont et couvrant la rivière depuis le barrage, le chemin de fer jusqu’aux maisons d’Hastière Lavaux. Les mouvements des défenseurs sont cependant contrariés par l’artillerie allemande. Lorsque les all arrivent près du pont : le pont est obstrué par une charrette à deux roues lourdement chargée et l’entrée du pont bouchée par une barricade.
La bataille du village a été laborieuse et a présenté aux troupes un cas de figure qui n’a jamais fait l’objet d’un exercice en temps de paix mais seulement une instruction théorique. Chaque maison est barricadée et a dû être prise une par une. La résistance le long de la route principale fut particulièrement tenace. Plusieurs éclats d’obus ont déclenché des incendies qui ont rendu l’avance de nos troupes difficile. Il a fallu forcer portes et fenêtres. Une section de pionniers est arrivée vers 9 h 30 afin de faire des travaux pour faciliter la progression. Ce sont les habitants du village qui, avec leurs armes et sous la conduite de personnalités de la commune, ont pris part au combat. Plusieurs soldats sont blessés par des coups de feu tirés par des fusils de chasse. Pendant ce dur combat de maison en maison, on a découvert plein d’ d’armes. C'est seulement après cette approche, qu'on a découvert l’ennemi retranché et bien couvert de l’autre coté. Notre feu d’artillerie a été dirigé sur l’ennemi. Le tir précis de la batterie du V Heimann a étouffé les défenses et obligé les Français à reculer. Mais le faible stock de munitions ne permet pas de faire plus de dégâts. Vers 12 heures, un aviateur français est apparu et dirigea un tir sur nos batteries du 32e régiment d’artillerie de campagne causant la perte de 3 officiers, du chef de batterie et 35 sous-officiers et soldats. Fausse information, les témoignages des villageois et le JMO du 208ème ri n’en parlent nullement.
Photo allemande extraite de l'historique du régiment.
La rue principale et l'entrée du pont
Les artilleurs français en profitent pour reprendre l’ascendant et l’infanterie allemande se terrent dans les maisons. Heureusement les mitrailleuses allemandes font du bon travail détruisant plusieurs maisons et l’infanterie remercie les mitrailleurs de leur aide. Une autre batterie vient prendre place prend positions plus au sud d’Hastière, une position cachée, et prend immédiatement pour cible les mouvements des troupes ennemies sur le plateau Hastiere Anthée Lenne Onhaye repoussant les secondes lignes de défense françaises. Ce qui aurait précipité , le dimanche en fin d’après-midi, la retraite de la 23ème compagnie.
Les positions des belligérants face au pont
Malgré la défense française d’Hastière Lavaux, les Allemands tentent le franchissement du pont qui semblerait encore utilisable. En effet, toujours selon l’historique, des éléments du IR 104, sous les ordres du lieutenant Dietel aurait tenté ( mais en vain) de réparer le pont « sous le feu puissant de l’ennemi ». Ce n’est que pendant la nuit du dimanche au lundi que le franchissement du fleuve fut possible, les défenseurs du 208ème ri s’étant retirés. Les premiers éléments du IR104 ne pénétrèrent dans Hastière Lavaux que le lendemain lundi 24 et frustrés de leur échec se livrèrent, là aussi, à un pillage en règle.
Le pont en reconstruction
La plaque commémorative à la mémoire des victimes civiles tuées ce 23 août par les soldats du IR 104 et IR 133.
Du côté allemands les pertes semblent importantes
Extrait de l'historique avec le décompte des pertes.
La tombe avec les premières victimes du régiment
dont le lieutenant Robe. On retrouve le nom de plusieurs soldats tués lors de l'assaut dans les "Verlusteliste". exemple, la mention du lieutenant Robe
Une des pages de l'historique du IR 104 relatant l'a journée du 23 août 1914 à Hastière.
Sources
Archives ecclésiastiques, paroisse d'Hastière Lavaux et Hastière par-Delà.
Schmitz et N Nieuland, Documents pour servir à l’histoire de l’invasion allemande dans les provinces de Namur et de Luxembourg,
La conquête de la Meuse
Dossiers des officiers du 148ème (et du 348ème) aux archives de Vincennes (SHT)
JMO des 348ème et du 208ème ri et les deux fiches décès des sous-officiers du 348ème ri.(Mémoire des hommes)
La photo du IR 104 reçue du responsable du site https://humanbonb.skyrock.com/
Journal La Métropole dans https://hetarchief.be
Historiques allemands des régiments concernés
et le 32ème régiment d'artillerie de campagne
cartes postales anciennes et photos personnelles