Les pertes du 148ème ri à Onhaye
Les pertes à Onhaye
« à 18heures 25, le 2ème bataillon du 148ème régiment ‘infanterie, commandant Graussaud qui avait pris la tête de la formation de marche, fut accueilli par un feu de mousqueterie de l’ennemi, déployé à la lisière Ouest du village. ».
Voir http://148emeri.canalblog.com/archives/2019/02/16/37092437.html
J. Dahout, un téméraire qui passa entre les balles ! Tous n’auront pas sa chance. Une chance qui l’abandonnera malheureusement en 1916…
Les pertes sont sévères.
Combien de morts au 148ème ri ?
Parmi ces morts, plusieurs sont considérés comme disparus et c’est un jugement déclaratif qui fixera la date du décès. Combien d’autres corps sans vie sont-ils encore restés sur la terre ? Les villageois et des Allemands se chargeront de les inhumer provisoirement là où ils sont tombés. Quid de leur identité ? Dans les listes dressées par les autorités villageoises, on note la présence de corps "présumés être… " ; ou bien encore des « corps non identifiés ».
Dans le cimetière, 200 soldats français reposent à côté de 200 soldats allemands. C’est du moins ce que le prêtre du village déclare après la guerre.
Des listes sont dressées... deux exemples
Des listes avec des soldats des différents régiments ayant participé au combat, 148ème ri, 45ème ri, 27ème RA, 243ème ri mais également des soldats de régiments tombés dans un secteur proche: 208ème RI, 273ème ri, , 43ème ri, 310ème ri....
Des corps furent rapidement rapatriés vers la France.
Le soldat Mirlier. Mirlier Edouard du 243ème qui refusa de se rendre. "Trois soldats français étaient restés chez les Barvaux et y furent découverts, deux d'entre eux se rendirent, mais le troisième Edouard Mirlier, refusa de se rendre répondit qu'il se défendrait jusqu'à la dernière cartouche. On le retrouva tué".
Rien qu’à la 6ème compagnie/148ème ri, celle qui fut le plus sollicitée, des officiers du cadre, deux seulement échappent à la mort. Les autres sont tués en conduisant l’attaque comme leur chef de bataillon.
Graussaud Louis, commandant le IIe bataillon voir http://148emeri.canalblog.com/archives/2019/04/18/37269428.html
Didier Gaston, capitaine de la 6ème cie. Ils auront bientôt leur page particulière
Legrand Louis lieutenant à la 6ème cie. Sera inhumé provisoirement à Waulsort
Woiry Pol, Lieutenant à la 6ème cie
Savoye Arthur, S/L de réserve à la 5ème cie
Parmi les sous-officiers notons le sergent Lovera Antoine,
Né le 23 décembre 1892 à Vallauris, département des Alpes maritimes, employé de commerce (vendeur) fils de Jean-Baptiste et de Draperi Magdeleine. Engagé volontaire pour 3 ans le 5 août 1913 à Nice et envoyé au 148ème régiment d’infanterie à Givet.
Nommé caporal le 14 décembre 1913, nommé sergent le 31 juillet 1914. Disparu à Onhaye, présumé tué. Corps retrouvé identifié et transféré au cimetière militaire d’Onhaye tombe 152. Son décès a été fixé par jugement déclaratif.
Quatre tombes du cimetière militaire de Dinant
Parmi les caporaux et soldats
caporal Debieuvre Jules
caporal Hau Marcel
caporal Grégoire René
et les soldats,
Boudart Emile, Dehon Emile, , Direz Léon, Drouet Joseph, Emile Georges, Forlier (Fortier ?) René, , Gugert Edouard, , Havet Georges, Huleux Florimond Istace Léon, Jaspart Julien, Ledieu Alfred, Leleu Maurice, Lorthoir François, Megueulle Henri, Midoux Auguste, Paté Charles, Picard Pierre, Poras Emile, Potiez Fernand, Ragueneau André, Remy Paul, Riche Léon, Rousseaux Arthur, Sabiaux Adolphe, Savary Edmond, Thuillier Emile, Tilmant Léonard, Vincent Alexis
Plusieurs de ces victimes ont été tout un temps considérées comme disparues et leur corps ne fut retrouvé qu’après le départ des troupes françaises tout comme le sergent Lovera, on retrouve dans les archives départementales des dossiers semblables à ceux de :
Paté Charles disparu le 22 août à Onhaye. « Le corps du soldat a été retrouvé identifié et transféré au cimetière militaire d’Onhaye tombe 149. déclaré décédé par jugement déclaratif ».
Picard Pierre (un ami de Joseph Degaugue. tous deux instituteurs, ils avaient participé à l’affaire de Leffe avec le lieutenant de Reviers de Mauny) 5ème cie, disparu le 23 août à Onhaye. « Le père croit qu’il est hospitalisé ou en Belgique ou dans le Nord de la France".
Une liste assurément incomplète… Il existe certainement des dossiers de soldats disparus lors de l'engagement d'Onhaye. (En recherche)
Morts de leurs blessures.
« De nombreux blessés dont une partie qui n’a pu être relevée ».
Au début de l’attaque, un poste de secours est crée à la lisière Est d’Onhaye, mais la menace d’une contre-attaque allemande oblige le personnel soignant à reculer.
La ferme de Gérin (selon la mémoire populaire), elle aurait servi d'ambulance en 1914.
Un relai d’ambulance est alors établi dans un très vaste local à l’entrée de Gérin. « à hauteur de la ferme de Gérin ». « Les blessés des différents régiments engagés y sont transportés et la formation est placée sous la direction de M le médecin major Couvreur du 148ème ri. Dans la nuit, le groupe de brancardiers divisionnaire procède à l’évacuation des blessés. Pertes subies pendant l’action : 2 décès au poste de secours (indépendamment des morts sur le champ de bataille et non relevés, une plaie pénétrante au crâne par balle, une plaie pénétrante de l’abdomen par balle. 100 blessés dont quelques-uns présentaient une certaine gravité mais dont le détail n’a pu être relevé en raison de la rapidité des événements ».
Une certaine gravité : Braibant Georges, de la classe 13, instituteur « plaies aux 2 épaules par deux balles explosives » Il s’en sortira.
D’autres par contre mourront des suites de leurs blessures. Morts dans l’ambulance ?
né le 31 mars 1890 à Eperlecke, mineur, fils d'Augustin et de Talleux Marcelline,
http://www.memorialgenweb.org/memorial3/html/fr/complementter.php?table=bp&id=5892492
et également
Lepage Alphonse et Vigneron Henri qui sont déclarés morts des suites de blessures de guerre.
Plusieurs soldats sont déclarés: « présumé(s) blessé(s) ». Qu’est-ce à dire ? Leurs frères d’armes les ont vus tomber… mais ils n’ont pas été relevés et seraient morts sur place ? Drouet Joseph, soldat de 1ère classe classe 1913 « disparu à Onhaye, présumé blessé. Inhumé à Onhaye, déclaré décédé le 23 août 1914". Serait-il une des victimes de ce retrait rapide du service de santé? Les brancardiers n’ont guère eu le temps de parcourir tout le champ de bataille. Le régiment quittait déjà Onhaye dans le courant de la nuit !
Pour les plus chanceux…. Quoi que....
Les blessés sont, après avoir reçu les premiers soins sur place, évacués sur Anthée pour y recevoir des soins plus importants voire être envoyés vers l’arrière (Merlemont) où des trains sanitaires les rapatrieront vers les hôpitaux en France. Malheureusement pour ceux qui n'ont pas été évacués à temps, ce sera la captivité... A l'instar de Crochart Louis, classe 13, fracture du bras gauche par balle et momentanément soigné à Anthée n’a pas été évacué à temps, il est fait prisonnier le 24 août ou bien encore Biston Auguste interné à Ohrdruf et Demars Jules fait prisonnier le 25 août à Anthée interné à Mersburg.
Goury Julien Fait prisonnier et de Freyr Waulsort a reçu des soins dans un lazaret en Allemagne
Avec lui, Raymond Poplin (Popelin). Documents de famille. Mme Lagnier
Raymond (debout) et Roger, un de ses frères
Raymond lors de son service militaire à Givet
Raymond est né le 13 novembre 1892 à Orléans mais réside à Paris où il exerce la profession de photographe. Il a trois frères qui seront eux-aussi mobilisés. Il est incorporé au 148ème ri, le 8 octobre 1913 comme soldat de 2ème classe. Son instruction n’est pas terminée lorsqu’éclate la guerre. Il part au combat et participe avec la 6ème cie à la campagne en Belgique.
Le 23 août 1914, son bataillon est engagé au combat d’Onhaye où sa compagnie charge en première ligne. Une première ligne constituée de la 6ème compagnie du capitaine Didier au Nord de la route, la 5ème compagnie du capitaine Renon au Sud de la route. Les deux compagnies de tête avancent par bonds successifs, protégées par les tirs de l’artillerie. Un feu qui doit s’allonger au fur et à mesure de la progression de la 1ère ligne. « Un feu infernal (qui) électrise les hommes qui progressent trop rapidement", se rapprochant même dangereusement de la ligne de feu de leur artillerie. Les avant-gardes marquent un léger arrêt, le temps pour les artilleurs d’allonger leur tir.
Le combat est meurtrier. voir http://148emeri.canalblog.com/archives/2019/02/16/37092437.html
22 h. les Saxons sont de retour et lancent une ultime tentative pour reprendre le village. De nouveau, la 6ème compagnie est aux avant-postes. Le lieutenant Legrand, voulant « venger la mort de son camarade Woiry », entraînant ses hommes, se lance à leur poursuite. Se faisant, il s’éloigne trop de ses lignes et se retrouve « en flèche, trop loin de la ligne de feu ». Il s’avance jusqu’aux abords de la ferme de Lennes et du village de Waulsort. Il tombe à son tour, « mortellement blessé ».
Certains de ses hommes parviendront à revenir dans leurs lignes en revanche, certains blessés seront relevés par les Allemands et soignés au lazaret de Freyr-Waulsort. C’est le cas de Raymond Poplin . De Waulsort, il sera envoyé au lazaret de Darmstadt au début 1915. Le 7 juin 1916, il en est évacué et dirigé vers le camp de Merschede. Durant sa captivité à Merschede, il travaille chez un photographe. Il sera rapatrié le 12 décembre 1918. Il gardera de légères séquelles de sa blessure à la jambe.
Le 19 décembre 1914 il est encore à Waulsort avant d'être envoyé au lazaret de Darmstadt et le 7 juin 1916, il est digé sur le campde Merschede.
Dès le début de la guerre, il écrit à sa maman "Maman, aie du courage, j'en ai aussi et ici comme à la bataille, je pense à toi". La maman qui tient un journal y note "Mon raymond blessé affreusement à l'épaule d'un coup de baïonnette au combat au corps à corps de Waulsort et d'une balle au côté et une autre à la jambe". Sur les documents de la Croix-Rouge, il n'est fait mention que de la blessure à l'épaule, en revanche, dans son dossier militaire, il est fait mention de légères séquelles suite à la blessure à la jambe.
Dahy, Sablon et Descarpentries prisonniers à Onhaye, Pécheux Alexis et enfin Cuvillier Jules, prisonnier à Onhaye le 23 août et interné … décédé dans le lazaret allemand n°4 de Sedan
Disparus momentanément suite aux événements.
Des soldats désorientés voire égarés dans les lignes ennemies tentent de rejoindre leur compagnie.
Quelques exemples
Cambay Henri, disparu à Onhaye. il rejoindra le régiment dans les jours suivants et sera tué au combat de Quennevière en 1915. Peut-être des papiers ou autres objets personnels abandonnés sur place ont-ils fait croire à son décès.
De même pour Ranon Henri, lui aussi rejoindra dans les jours suivants mais sera blessé mortellement à Coucy-le-Château.
Brihaye Edouard disparu à Onhaye et capturé à Chimay et interné à Sennelager
Burié Louis prisonnier le 23 août à Saint Gérard
D’autres se sachant proches de Givet, leur ville de garnison, s’y rendent le plus rapidement possible.
Pierre Emile, disparu le 23 août à Onhaye et capturé à Givet, interné à Brickau
Certe un travail incomplet. d'autres noms viendront compléter ces listes. les recherches continuent.
Sources
Archives de l'Evêché de Namur, fonds Schmitz paroisses d'Onhaye et Gérin,
Archives départementales du Nord, des Ardennes et du Pas-de-Calais
Memorial genweb
Memoire des Hommes,
JMO des sevices divisionnaires de santé
Archives du CICR.
Photos personnelles à Vallauris (Lovera) Eperlecke ( Lefebvre) Anthée, Gérin, Onhaye
Cimetière d'Onhaye: Ce nombre de 200 tombes françaises. Il y a eu un regroupement de corps après la guerre. Il se peut que ce nombre ne reflète pas le nombre de soldats tués lors de l’engagement d'Onhaye.