Onhaye, le 23 août 1914, vu par les Allemands

4 avril 2019

Au XIXème corps d’armée, la charge de franchir la Meuse en amont de Dinant puis de monter sur Onhaye

" Le dimanche 23, le matin et l'après-midi, bombardement, combats de Lenne et de Froidmont. Vers 6 heures, combat à la baïonnette à Frodmont et au bout du Forbot. Incendie de plusieurs maisons par les soldats allemands. Pendant la journée, la plupart des habitants avaient fui...".

Un bref résumé de la journée du 23 août!

Des soldats français refluent au village

" Vers 3 heures de l'après-midi, j'ai vu que la ferme de Lenne brûlait, deux détachements allemands s'avançaient sur Onhaye... à 4 heures, des soldats français qui battaient en retraite arrivaient en courant chez moi et me demandèrent à boire "Père à boire".

Les Allemands arrivent

24^ème division d’infanterie, avec le IR 106 et des appoints des IR 139 et IR 107

40^ème division d’infanterie, les IR 104 et IR 181

La position des IR 181, 104 et 106.

Des éléments de deux divisions pour lancer une offensive sur Onhaye. C’est dire l’importance de ce village au point de vue stratégique. Onhaye serait une base idéale pour s’étendre dans l’Entre-Sambre-et-Meuse et par là foncer sur la France.

Il semblerait que l’attaque fut menée essentiellement par le IR 106 soutenu par les IR 104 et 181 et que les IR 139 et 107 soient en réserves, des réserves qui seront, vu le déroulement de l’engagement, rapidement activées.

Quatre bataillons, les I/104, I/106 et II et III/181 ont reçu comme objectif le village d’Onhaye. Un plan d’attaque est défini et après une vive préparation d’artillerie, qui oblige les Français à abandonner les tranchées en lisière du village, l’assaut est déclenché.

1-ferme de Froidmont, 2-le centre du village, 3-le Forbot, 4-axe d'entrée par Froidmont IR 181, 5 et 6- axe d'entrée IR 104 et 106

Le génie français est venu mettre le village "en état de défense du moins toute la partie Sud dans la direction de Waulsort et d'Hastière. Ils y firent des tranchées, firent des meurtrières dans les maisons..."

17h 30, les premières lignes avancent. Le I/106, major Schröder, avance et ses avant-gardes constatent que les défenses à 150 m à l’Est du village ont été abandonnées.

La 1^ère compagnie du lieutenant Nicolaï, la 2^ème compagnie du lieutenant Schulze et une partie de la 4^ème compagnie du lieutenant Lehman investissent Onhaye en remontant la rue du village jusque l’église. Elles ne rencontrent pas de vive résistance. La progression continue vers le centre quand « les derniers défenseurs français, cachés dans les maisons, ouvrent le feu par les fenêtres, tirent des toits, des caves et de derrière les murs des jardins ».

Toutefois, précise l’historique du IR 106, ces tirs n’empêchent pas l’investissement du village. Alors que les premières lignes repoussent les défenseurs français hors du village, les réserves montent pour soutenir l’effort. L’appui d’éléments du IR 104 et IR 107 permet de se porter jusqu’aux limites Ouest du village. A peine le temps de prendre des dispositions que les Français lancent une contre-attaque et que leur artillerie ouvre le feu sur le village.

Les défenseurs français tirent sur les avant-ghardes saxonnes qui pénètrent dans le village.

La première contre-attaque française

« Tandis que l’artillerie ennemie bat la lisère du village », les Saxons se réorganisent pour faire face.

Les fantassins français poussent vers l’Ouest du village et avancent sur les positions tenues par les IR 106 et 181. La menace est sérieuse au point que le major du IR 104 reçoit une demande pressante de soutien de la part des compagnies aux prises avec les Français.. L’IR 181, pourtant renforcé des 9^ème, 10^ème et 12^ème compagnies du IR 139, montre des signes de faiblesse et recule, ce dont profiteraient les Français pour appuyer leur effort sur ce flanc qui se dégarnit. Les premières lignes saxonnes semblent mollir et des réserves sont appelées en renfort « drapeau au vent » est-il précisé dans l’historique. (IR 107 et IR 139)

Dans le tumulte du combat, tirs d’infanterie et d’artillerie, la compagnie du capitaine Holst (5^ème compagnie du IR 107), ayant pénétré dans Onhaye par la périphérie Sud, parvient, avec des pertes modérées, à gagner l’aile droite du IR 104. Une autre compagnie, la 6^ème IR 107 rejoint le secteur pour soutenir le IR 106.

Profitant de cet apport en troupes, la 3^ème compagnie du IR 104, avec l’aide de la 1^ère compagnie du IR 104, prend de nouvelles mesures défensives. Les troupes rassemblées et les compagnies arrivées en soutien forment une nouvelle ligne de défense sur l’aile gauche du bataillon.

L’effet est immédiat. L’historique du IR 107 signale que « la résistance de l'ennemi diminue d'abord sur toute la ligne puis dans tout le village d'Onhaye », incendié en de nombreux endroits par les tirs des belligérants. , La contre–attaque s’essouffle. Les deux zones attaquées (Ouest et Sud-Ouest du village) sont reprises par des éléments des IR 104 et 106 et vidées de leurs assaillants. La contre–attaque est arrêtée et le major Schulz reçoit l’ordre de la 24^ème division de se maintenir sur ses positions avec l’aide du IR 104. Le choc avec les Français a dû être violent car les pertes des compagnies engagées dans cette défense sont importantes.

Le départ et la progression des deux compagnies du IR 107.

Après avoir franchi le fleuve au Colébi puis emprunté la route de Freyr, les deux compagnies ont pris leur place en soutien des IR 106 et 104 Voir les photos des historiques dans la page consacrée au franchissement de la Meuse à Moniat, au Colébi.... (en construction)

La seconde contre-attaque française

Un bref répit qui ne leur permet pas de consolider leurs positions. Les 75mm français tonnent de nouveau et « au même moment, de longues colonnes d'ennemis avancent de l'ouest vers Onhaye ». Une seconde contre-attaque se dessine. Cette fois sous le commandement du général Mangin qui, à la tête de deux bataillons, le II/148^ème ri et le I/45^ème ri, appuyés par de l’artillerie et deux bataillons des 243 et 233^ème ri, entreprend la reconquête du village. « Les Français attaquent avec la force de deux bataillons » et de l’artillerie qui pilonne le village avec un tir progressif de fauchage qui, fixant les défenseurs, facilite la marche de ses propres fantassins et des tirs de barrage empêchant les renforts de rejoindre Onhaye par la ferme de Froidmont. http://148emeri.canalblog.com/archives/2019/02/16/37092437.html

Les 1^ère et 3^ème compagnies /106 se replient sur la ferme de Froidmont située à 400 m en arrière tout en boutant le feu à des maisons le long de la rue principale tandis que les 4^ème et 2^ème compagnies, renforcées par des sections de mitrailleuses, se transportent à 200 m à l’Est du village. La ferme, violemment bombardée, flambe. Le lieutenant Nicolaï est blessé, le lieutenant Kuntze est tué. Fort de la protection de leur artillerie, les Français marchent sur les défenses saxonnes, plusieurs assauts sont donnés malgré le feux des 4^ème et 2^ème compagnies du IR 106 et de leurs mitrailleuses. Au prix de lourdes pertes, la reconquête du village se poursuit.

Au Nord du village, les 10^ème et 12^ème compagnies (il semblerait qu’elles appartiennent au 139 ) tentent de résister mais pressés par les premières lignes françaises, elles refluent tout comme celles repliées sur Froidmont qui se retirent vers les bois de Freyr.

Avec les parties restantes du III/106, les 5 et 6èmes compagnies du IR 107 ainsi que des éléments du IR 139, une second point de résistance, qui couvrira la retraite, est formé en lisière de la forêt à l’Est d’Onhaye. Ce qui n’empêche pas les fantassins de la 6^ème compagnie du 148^ème à attaquer et forcer une nouvelle fois les Saxons à retraiter vers la Meuse.

Le combat ne cesse qu’à minuit. Tandis que le 1^er bataillon du 45ème ri tient dans le village, le IIème bataillon du 148^ème ri occupe le terrain devant le village prévenant tout retour éventuel des Saxons.

Pendant la nuit, des patrouilles d’officiers du IIIème IR 106 signalent que les Français sont en train d’évacuer Onhaye. Néanmoins le colonel ne pouvant plus compter sur son artillerie restée sur la rive droite de la Meuse décide de retirer ses troupes restées en bordure de la forêt.

Et le IR 181?

Pourtant cité par les régiments engagés et par les villageois, l'historique de ce régiment reste étrangement muet sur sa présence à Onhaye. ... Pendant le repli des Saxons, les soldats du IR 181 regardent" dans le ciel étoilé, les lueurs des villages incendiés" Un déni, une mémoire sélective?

Historique du IR 181 les 23 et 24 août 1914

"Vers 18 heures, les premiers saxons du régiment 181 pénétrèrent dans Onhaye, se précipitent vers la ferme de Mr. Billot ( La Sicaille?) non loin de l'église...". Ferme en carré sur le plan.

L'historique met également en avant la valeur des fantassins saxons qui ont dû livrer un "combat à la baïonnette dans les rues de Lenne"

Un combat de rues? à Lenne... Lenne est le nom d'une ferme, ce n'est pas un village.

La ferme et ses dépendances. Lenne dont les toitures furent emportées lors de la tempête de 2017.

L'historique de ce régiment est très remanié, gommant les revers, exagérant, inventant même, les faits d'armes à la gloire de ses soldats, n'hésitant pas de fustiger les francs-tireurs qui les attaquent par dizaine. A Waulsort, ces Saxons se vengeront en exécutant des civils dont les maisons étaient occupées par les défenseurs du 208ème ri. A Hastière, l'historique du IR 104 se permet également quelques aménagements avec la vérité.

Les pertes allemandes sont énormes

le IR 106 et le IR 104, les plus durement touchés: EXTRAIT de la recherche de M.L Schneider

Dans les compagnies engagées à Onhaye

Le soldat Paul Krüger, de la 1ère compagnie, et ses frères d'armes qui reposent dans la tombe 7/2301-2310 à Vladslo.

20 tués à la 1ère compagnie, dont deux sont morts des suites de leurs blessures au Lazaret de Falmignoul.

1 tué à la 2ème compagnie

20 tués à la 3ème compagnie

2 tués à la 4ème compagnie

2 tués à la 10ème compagnie

3 tués à la 12ème compagnie

Le IR 104 déplore la perte de 6 officiers tués : 5 lieutenants et un adjudant (?) ainsi que 78 sous-officiers et soldats . Les noms des officiers sont cités dans l'historique

Le IR 139 compte parmi les tués, "un jeune lieutenant" et 6 soldats tués, ainsi qu' un blessé et 14 disparus dont deux lieutenants

Le IR 181 aucun chiffre.

Au cimetière militaire de Vladslo, là où reposent, entre autres, les soldats allemands inhumés dans le cimetière d'Onhaye.

Onhaye, un cimetière crée pour accueillir les soldats tombés lors de l'engagement, Français et Allemands reposaient dans la terre pour laquelle ils s'étaient battus.

Au cimetière d'Onhaye

Dans le mur d'enceinte de cet ancien cimetière